Les Femmes s’en Mêlent, et nous aussi !

Alors que le 10ème festival des Femmes s’en Mêlent a démarré mercredi dernier avec CSS, Stéphane Amiel, fondateur de l’évènement, a accepté de répondre à nos questions.

Indie Rock Mag : Comment a débuté l’aventure des Femmes s’en Mêlent ?
Stéphane Amiel : Une envie, une passion pour les voix féminines.

Quel est votre parcours professionnel ?
S.A. : J’ai fait des études de cinéma jusqu’en licence, j’ai passé le concours de la Femis que j’ai malheureusement loupé. Je travaille aussi pour la télé en même temps que le festival, et j’ai monté Imperial qui produit l’événement et qui s’occupe d’artistes tout au long de l’année.

Le festival fête ses 10 ans cette année et s’est développé au fil des ans (d’abord sur une journée à Paris, puis sur plusieurs jours, ensuite dans toute la France et dans les capitales de nos voisins). Avez-vous imaginé un tel succès à vos débuts ?
S.A. : Non bien sûr. On ne pense jamais à cela, et le terme de succès ne me vient jamais à l’esprit. Quand j’y pense, je me remémore aussi la difficulté d’avoir tenu un festival comme celui-là. On est une petite équipe et nous avons rencontré beaucoup de difficultés, financières principalement. On fait les choses pour se faire plaisir et faire
plaisir au public aussi.

Comment s’établit la programmation ? En fonction de vos goûts personnels, de l’actualité ?
S.A. : Oui mes goûts personnels, et après c’est un savant mélange entre les artistes du moment, les nouveautés et les « hommages ».

Vous mélangez des artistes confirmés et des artistes plus débutants, est-ce important pour vous de mettre le pied à l’étrier à des artistes auxquels vous croyez ?
S.A. : Oui, depuis le début, on prend des risques dans notre programmation. On casse notre tirelire pour faire venir des artistes inconnues. Cette année nous avons les Anglaises de Ebony Bones par exemple. Ce sont un peu les Slits 2007.

De même, il y a une certaine cohérence dans les plateaux, alors que ce n’est pas toujours le cas lors de soirées regroupant différents artistes. Y attachez-vous beaucoup d’importance ? En général, comment cela se passe-t-il entre les groupes partageant une
même scène et/ou tournée ? Bien ou avez-vous une anecdote de discorde à nous raconter ?

S.A. : Oui on s’attache à être cohérents sur chaque soirée. Il y a plusieurs façons d’être cohérent. Sur un style musical précis, sur l’histoire que peuvent raconter plusieurs artistes mises ensemble (par exemple, on avait fait un plateau avec des artistes de Los Angeles qui ne se connaissaient pas et qui à notre avis avaient des choses à se dire).
Après on ne sait jamais à l’avance comment les artistes vont
s’entendre. Sur le plateau des Slits, cette année, nous savons que le groupe Ebony Bones attend ce moment avec impatience. La chanteuse des Plastiscines qui nous a avoué que Ari Up (chanteuse des Slits) est une de ses artistes féminines préférées). Tender Forever et Electrelane. Laura Veirs et Marissa Nadler. Tout cela a du sens.

Parlez-nous un peu du retour des Slits. Elles seront présentes cette année à Paris, Brest et Tourcoing, alors que personne ne s’y attendait. Comment cela s’est-il passé ?
S.A. : Avec de la patience. La venue du groupe a été remise en cause plusieurs fois. Il n’y a pas de structure autour, pas de manager, pas de maison de disques. On a plusieurs fois perdu leur trace, mais on est tenace. Il faut être tenace pour être toujours là 10 ans après la première édition.
Donc on attend avec impatience leur venue, après les avoir eu au téléphone plusieurs fois. La rencontre va être magique !!!

Existe-t-il des artistes qui ont refusé vos propositions ? Si oui, comment réagissez-vous, plutôt avec persévérance ou résignation ?
S.A. : Il y en a qui ne répondent pas. Mais je ne suis pas résigné : je relance la demande tous les ans. On ne sait jamais, même les idées les plus folles. Il y en a qui ne veulent pas jouer dans un festival uniquement féminin. Mais ce genre de réaction est vraiment rare.

Les affiches du festival sont particulièrement réussies. A ce
propos, plusieurs questions : - participez vous à leur élaboration ?

- avez-vous la volonté de faire passer un message à travers elles ?
(celle de 2004 est très girl power, limite féministe)
- la dernière peut faire penser à Napoléon et ses campagnes,
pensez-vous que la musique au féminin est en train de conquérir du
terrain ?

S.A. : Quand on voit les affiches des autres festivals c’est vrai qu’on est fier des nôtres. On essaye de raconter quelque chose. On fait appel à des gens de talent. Cette année, il y a l’artiste Hélène Builly, et la vision qu’elle a eu pour le dixième anniversaire lui est personnelle. Mais elle représente bien cette édition. Fière, drôle et irrespectueuse.
Sur l’affiche avec le point sur un tee-shirt, c’était en effet quelque
chose que je voulais, c’était l’année de Le Tigre et il fallait
marquer cela.

Et plus largement, pensez-vous que la femme soit l’avenir de la
musique ?

S.A. : Je n’en sais rien… En tout cas, elles sont de plus en plus présentes.

Historiquement, quelle est pour vous la ou les premières femmes
a avoir marqué le monde musical ?

S.A. : Vu mon âge, celles qui m’ont marqué sont Kate Bush et Blondie, bien sûr. C’est la culture pop. L’image joue aussi un rôle important. C’est le début des clips musicaux.
Puis les groupes 100 % féminin comme les Slits, les punkettes de X-Ray Spex… C’est très subjectif tout cela de toute façon.

En 10 ans de festival, quel est votre meilleur souvenir ?
S.A. : Je ne sais pas quoi répondre. Mes meilleurs souvenirs ce sont : Shannon Wright, Tamara Williamson, Kathryn Williams, Robots in Disguise, Mona Soyoc… Il y en a eu tellement !!!

Et pour conclure, comment imaginez-vous le Festival dans 10
ans ? Avez-vous des projets à court et/ou long termes ?

S.A. : Dans 10 ans, je l’imagine être de plus en plus tourné vers l’Europe. Toujours dans des salles à taille humaine et un peu partout.

Site officiel : www.lfsm.net
Programmation : Les Femmes s’en Mêlent


Interviews - 22.04.2007 par pix