Love Dance - Result

Le 28 août 1995, le NME publiait l’acte de décès officiel de Sarah Records par cette phrase laconique qui résumait à elle seule la philosophie du label : "Nothing should be forever. Bands should do one single and then split-up, fanzines finish after one flawless issue, lovers leave in the rain at 5am and never be seen again".
Douze ans après, un groupe sorti de nulle part, Love Dance reprend l’esthétisme du label anglais avec un premier album parfait composé de 10 chansons pop à la fois sensibles et fulgurantes. Une question reste cependant en suspens : le groupe a-t-il déjà splitté ?

1. When You’re With Him
2. Perfect Friendship
3. Ninetysix
4. It Sometimes Brings Me Down
5. Halfheartedness
6. Unsympathetic Ways
7. Losing Faith
8. Honesty, Honestly
9. New Plans
10. Start Of Something

date de sortie : 31-01-2007 Label : Marsh Marigold Records

Mais d’où sort Love Dance ? A l’heure d’internet et des hypes qui se font et se défont en moins de temps qu’il ne faut à un groupe pour sortir son premier album, ce groupe anachronique n’a même pas de page myspace, tout juste une page internet totalement cryptique qui parle d’une certaine vision de la musique, celle proposée par leur premier album Result . Un disque incroyable, en forme de petit miracle pop, sorti sur un micro label allemand Marsh and Marigold Records, spécialisé dans la signature de petits groupes obscurs de twee-pop, ce sous-genre qui fit la renommée du label Sarah Records dans les années 80.

Result débute par deux déflagrations pop imparables, When You’re With Him et Perfect Frienship. Ici le groupe applique à merveille les recettes de la pop ligne claire : piano en accroche-cœur, rythmique minimaliste, guitares tour à tour carillonnantes ou nerveuses comme chez les Feelies. Et puis il y a ces cuivres qui déboulent en plein milieu du morceau façon Love, le groupe d’Arthur Lee apparaissant comme une référence évidente de leur musique.
Plus loin on pense à The Field Mice dans cette façon de noyer la mélancolie dans des mélodies brumeuses (It Sometimes Brings Me Down) puis à la candeur des Prefab Sprout sur le touchant Halfheartedness. A priori inoffensives, les chansons de Love Dance se révèlent au fur et à mesure des écoutes d’une richesse mélodique ahurissante, témoin ce Unsympathetic Ways qui démarre de manière anodine pour finir dans un déluge de guitares, percussions et handclaps absolument jouissif. Alors qu’on pense que le groupe a abattu toutes ses cartes, il lâche en milieu d’album la chanson pop parfaite : Losing Faith, sorte de pépite inédite qui semble tout droit sortie du coffre au trésor des regrettés Pale Fountains.
La fin du disque voit Love Dance s’aventurer vers un shoegazing amniotique (Honestly, Honestly), puis un surf garage sixties délicieux (New Plans) avant de conclure avec le morceau le plus long de l’album, le sinueux Start Of Something. Le "début de quelque chose", c’est bien ce a quoi on à l’impression d’assister en finissant l’écoute de ces 38 minutes sans aucune fausse note. Quelque chose de forcément grandiose qui les verra sans doute grimper vers le succès ou alors sombrer dans l’indifférence générale pour mieux devenir culte quelques années plus tard.

Cette chronique touche à sa fin et je ne sais toujours rien de Love Dance : Qui sont-ils ? Combien sont-ils ? D’où viennent-ils ? Et à vrai dire je m’en fous pas mal. Ici seule la musique compte : belle, impalpable et éternelle. Ce que devrait toujours être la pop.

Chroniques - 24.04.2007 par Aurelien