MGMT - Oracular Spectacular
Qui à la vue de cette pochette absolument hideuse a eu envie d’en savoir plus sur les MGMT, nouvelle sensation de la scène psychédélique new-yorkaise ? Qui n’a pas tenté de fuir à la vue de leur look totalement trash et rétro ? Soyons honnête, pas grand monde. L’auteur de ces lignes le premier. Mais les rumeurs parlant d’un album cyclonique, complètement dingue et barré m’ont convaincu. Mais à vrai dire les dés étaient pipés à l’avance. On entre. Une question en suspens. MGMT résistera-t-il à la hype ?
1. Time to Pretend
2. Weekend Wars
3. The Youth
4. Electric Feel
5. Kids
6. 4th Dimensional Transition
7. Pieces of What
8. Of Moons, Birds & Monsters
9. The Handshake
10. Future Reflections
On est débarqué sur Time to Pretend. Titre fiévreux. Intense. Malade. Avec un évident penchant schizophrène. Premier single fabuleux. Aidé par un clip auquel tous ces adjectifs conviennent à merveille. Finalement on a peut-être bien fait d’entrer dans ce délire carrément givré. Club un brin enfumé où la décadence freak Of Montreal croise les délires haut perchés dans le ciel Tv on the Radio au détour d’un couloir en spirale. Mais, pour tenter de comprendre comment l’album le plus joyeusement barré de 2008 a pu voir le jour, il faut revenir à l’origine, au background. Là se situe l’essence même du duo. A la base MGMT, c’est Andrew Vanwyngarden et Ben Goldwasser qui se rencontrent dès 2002 à l’université de Middletown, Connecticut. L’histoire de MGMT est à l’image de leur musique. Moderne. Profondément ancrée dans ce début de millénaire. S’en suit une série de concerts où l’on imagine très bien l’ambiance Sex, Drugs & Rock’n’Roll, à travers l’Amérique profonde et puritaine où les new-yorkais, on l’imagine sans peine, ont du faire pas mal de boucan.
Remplie d’influences diverses, la musique de MGMT est pourtant unique et nouvelle. Le minimalisme new wave de Suicide et l’univers labyrinthique de Why ? font émerger un fantastique melting pot musical résolument tubesque quelque part entre les expérimentations sonores d’Animal Collective et l’éléctro pop de Klaxons. Moderne. Je l’ai déjà dit je le répète. Pourtant très clairement hanté par le psychédélisme typiquement 60’s, aucun qualificatif ne décrit mieux ce délire hystérique qu’aurait pu atteindre Bloc Party avec plus de dérision et sans ce côté rock des stades agaçant. On ne peut s’empêcher de chercher la formule magique de cette musique entêtante agissant comme une drogue d’un nouveau genre.
Les drogues sont d’ailleurs sûrement l’aspect le plus important chez MGMT. Elles sont partout. Pourtant, on ne les voit pas. Elle passent. Et ne laissent qu’un troublant souvenir. On les croise dès l’entrée. On aperçoit David Bowie assommé, shooté dans un sofa, se disant sûrement qu’il peut se retirer tranquillement. Enregistré sous hélium à 3 heures du matin, ces 10 brûlots absolument jouissifs sont caractéristiques de notre société de l’instantané. Dans 5 ans, MGMT ne sera sûrement plus qu’un souvenir heureux qu’on se remettra en tête avec amusement en dansant sur les nouveaux "génies" intronisés "maîtres du monde" par Pitchfork ou le NME.
Pourtant ses rythmes entêtants et ses mélodies propices a sauter sur les murs, cachent un évident pessimisme. La missive finale Future Reflections notamment, reste indéniablement froide et lucide. And remember what it felt like/ To be alone/ Sitting in the sunlight/ All alone. Le duo a parfaitement compris les enjeux de la musique d’aujourd’hui. Dénoncer cette société d’excès par encore plus d’excès. Faire la fête pour oublier. Ces 10 comptines acidulées et pétillantes auraient très bien pu plagier Bukowski et prendre le nom de "Contes de la folie ordinaire". Cela conviendrait parfaitement. Le tout sans tomber dans les messages politico-écolo-chiants de Radiohead & co. Chacun son job. Celui de MGMT serait de nous emmener dans des cimes nouvelles. On entrevoit même les portes de la quatrième dimension grâce à l’épique 4th Dimensional Transition. Titre fantastique. Tendu. Où tout est toujours tout prêt à tomber en poussière. On résiste tant bien que mal. L’esprit se vide et on s’envole. Car même si les pieds restent solidement attachés dans le sable, la tête elle est déjà loin partie chercher des réponses dans le ciel. Au détour de quelques nuages, on aperçoit des dauphins qui volent. L’histoire n’est peut-être jamais aussi belle que dans les airs après tout.
La vidéo de Time to Pretend, premier single halluciné et hallucinant
Et pourtant, Oracular Spectacular n’est pas l’album parfait. Loin de là. Certains titres poussent trop loin les tentatives psychés d’établir un pont entre les années 2000 et le Summer of Love. Un pont ou plutôt un poignée de main, sur un The Handshake indigeste. L’utilisation effrénée de la reverb par un Dave Fridmann (Flamming Lips, Mercury Rev) que l’on connait coutumier du fait, agace aussi. Mais une telle tornade, une telle bombe sans retardement nous envoie une dose d’électricité si intense, si violente qu’on ne peut que sombrer. Délirante fantaisie et fantastiques délires sont au menu de cet Oracular Spectacular.
Accrochez-vous. Cette année 2008 va faire du bruit et les MGMT encore perchés tout là haut au pays des merveilles n’y seront certainement pas pour rien. On sort épuisé. A moitié conscient. Et si tout cela n’était finalement qu’un rêve ?
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