Amuse-toi bien ici est l’oeuvre la plus connue et la plus représentative de JohnSteed. Le titre éponyme est d’ailleurs au menu de toutes ses apparitions scéniques. Bien des nouveaux convertis à son style si particulier d’indie rock teinté d’accents new wave se reconnaîtront : pour beaucoup d’entre eux, le premier contact avec le plus british des newsers français s’est fait à travers cet Amuse-toi bien ici ! quasi mythique. Effet immédiat et garanti.

Pourquoi ? comment ? s’interrogeront les sceptiques. Un seul moyen d’en avoir le coeur net : l’écoute attentive.

Ouverture en demi-teinte avec un Pop 1980 sombre et froid, inspiré par l’univers du roman noir et réminiscent du premier groupe fondé par JohnSteed, les désormais cultes I Love You But I’ve Chosen Bourbonnais. Rien dans ce titre résolument ancré dans la tradition eighties ne prépare l’auditeur au déluge sonore de Reading Magic, shoegaze garanti sans OGM. Retour, non au calme mais à une certaine orthodoxie pop et première apparition de la langue française avec Le Remède et ses paroles crachées avec hargne : "Peu m’importent les noirs désirs de vos sombres héros, qu’ils croupissent dans leur cachot". On n’est pas la (que) pour rigoler. Heureusement, JohnSteed montre qu’il peut aussi alléger l’atmosphère en enchaînant sur Dernier spectacle de marionnettes en ombres chinoises, irrésistible hommage à la pop anglaise des 60s.
Black Angels Over a Black Mountain est un surprenant instrumental chargé de fuzz qui parvient à marier sans effort le garage rock le plus sale et le psychédélisme le plus inventif. Lui succède le titre le plus controversé de JohnSteed, Lien Amazon.fr, dénoncé par les uns comme un grossier coup de pub, salué par d’autre comme une subtile critique du consumérisme musical. À vous de voir, nous on a surtout aimé la ligne de basse sur laquelle plane manifestement l’ombre de Peter Hook. Et si l’on doutait que l’homme au chapeau melon puisse manier le second degré, le célébrissime Amuse-toi bien ici !, qui clôt le disque en apothéose, dissipera toutes les incertitudes. Passée la première impression, celle d’un morceau répétitif et mécanique, on découvrira au fil des écoutes les couches successives qui ont fait de ce titre plus que d’aucun autre le symbole de ce que le fameux critique Sébastien Lapin, dans sa mémorable chronique de l’album (dans laquelle il invoquait successivement Radiohead, Ennio Morricone, Burt Bacharach et son voisin Mahmoud qui joue du djembé), avait baptisé la "JohnSteed’s touch".

---

---

---