L’actu d’Alan Moore en 2010, c’est avant tout le troisième volume longuement espéré de La Ligue des Gentlemen Extraordinaires, relecture érudite des mythes d’aventure populaire de l’époque victorienne relancée l’an dernier après plus de 5 ans d’attente, avec un deuxième tome à paraître incessamment et un troisième et dernier prévu pour le printemps 2011.
Mais l’actu d’Alan Moore en 2010 est aussi d’ordre musical, puisqu’un coffret audiovisuel du nom d’ Unearthing verra le jour demain chez Lex Records, en attendant sa suite, Earthing, sur laquelle aucune info n’a encore filtré. Pas question de BD cette fois mais de l’adaptation d’un essai biographique à demi mythifié sur "la vie très étrange" d’un certain Steve Moore, aucun lien si ce n’est celui de père spirituel et collaborateur de jeunesse.
Narrée sur CD et double vinyle par l’écrivain anglais lui-même, cette allégorie d’une certaine vision de l’Amérique captée par les comics sera accompagnée d’une bande-son composée par Doseone (cLOUDDEAD, Subtle, ou encore Themselves entendus tout récemment entre autres invités de marque sur un morceau du nouvel album de Mr. Dibbs) et Andrew Broder (Fog), associés pour l’occasion sous le nom de Crook&Flail, un duo qu’Alan Moore, réputé pour sa misanthropie, n’a encore jamais rencontré en personne.
A leurs côtés, un casting en or comptant notamment dans ses rangs Justin Broadrick (Jesu, Godflesh, Techno Animal... ou plus récemment Greymachine et The Blood Of Heroes), Mike Patton (Faith No More, Fantômas, ou encore Peeping Tom qui lui avait permis de croiser la route du même Doseone), le batteur Zach Hill (Hella, Diamond Watch Wrists, Risil) et le guitariste Stuart Braithwaite, leader des post-rockeux écossais de Mogwai dont on attend par ailleurs pour fin août l’album live Special Move accompagné de son DVD Burning.
Enfin, le portraitiste Mitch Jenkins, renommé pour son travail dans la presse anglaise, la publicité, la musique, les séries télé (de Lost à Prison Break ) ou le grand écran - et notamment sur la campagne promo de l’adaptation ciné de Watchmen qu’Alan Moore avait pourtant reniée comme à son habitude - s’est étroitement impliqué dans ce projet protéiforme pour en signer les visuels, dont une photographie du génie hirsute et un poster, complétant étroitement cette oeuvre peu orthodoxe en pré-commande sur le site du label.
On connaissait surtout le goût de l’auteur des vertigineux From Hell et Promethea pour le rock politiquement engagé des 60’s, le no future punk et l’indie naissant des 80’s, dévoilé avec force citations (de Dylan à Devo en passant par John Cale ou Elvis Costello) au fil des chapitres de Watchmen, déchirante mise en abîme des comics de l’âge d’or aux héros asthéniques et ambigus reprenant du service dans une Amérique crépusculaire et désabusée - autant de thèmes qui lui auront valu d’être la seule BD à figurer au panthéon des 100 meilleurs romans en langue anglaise de 1923 à nos jours selon Time Magazine. Voir le scénariste se frotter aux nappes mélancoliques et un brin inquiétantes de Crook&Flail est donc plus étonnant, mais force est de constater que l’entendre déclamer avec autant passion que d’amertume sur ce premier extrait fait son petit effet :
Pour en découvrir davantage, il faudra se pencher sur le mix de haute volée offert par Doseone et Andrew Broder, petit tour des influences avouées de Crook&Flail pour cette BO qui sera également disponible au sein du coffret en version instrumentale sur un EP séparé, le duo accompagnant même
Alan sur scène pour deux lectures à Londres à la fin du mois de juillet.