давай лапу #4

Non, Indie Rock Mag n’a pas été investi par des hackeurs en chapkas, par contre vous savez désormais comment s’écrit "tape m’en 5" dans la langue de Dostoïevski, et que du bonus, vous aurez au terme de ce billet cinq bons groupes russes à citer dans les soirées mondaines voire davantage si affinités, entre deux vodkatinis on vous assure que ça le fait.


1. arMuta

On démarre en plein dans l’actu avec ce beatmaker de Saint-Pétersbourg signé sur le label Raumklang de l’excellent Dirk Geiger, et dont le troisième opus Sebilacotha pourrait bien compenser à lui seul le vide discographique du mois prochain. Dekla et Neqh respectivement de 2003 et 2004 donnent le ton sur myspace, bien qu’issu en tant que DJ d’une scène industrielle hardcore, Künstler Artyom Kramarev a passé le plus clair de la décennie écoulée à développer un univers très warpien fait de breakbeats subtilement instables, de nappes ambient plus ou moins délétères, de délicates percussions aériennes et autres échos de voix étouffées, et dont la pureté convoque aussi bien les Selected Ambient Works d’Aphex Twin que le Music Has The Right For Children de Boards Of Canada. Une révélation.


2. Pinkshinyultrablast

Retour sur 2009 ensuite avec trois artistes découverts à l’époque sur le FIR et dont nous n’avions jamais vraiment eu l’occasion de vous parler ici. Pour démarrer la série, on reste sur Saint-Pétersbourg avec Pinkshinyultrablast au travail sur un premier album mais toujours pas signé malgré l’excellence de leur premier EP Happy Songs For Happy Zombies édité à 120 exemplaires par Odd Box Records. A voir donc sur le site du label pour une éventuelle disponibilité tardive, d’autant que l’efficacité de ce shoegaze dense et abrasif au chant éthéré et lointain a bien davantage à voir avec les mètres-étalons du genre (MBV ou Ride notamment) qu’avec toute cette resucée nu-gaze aseptisée et démesurément sucrée qui s’est imposée ces deux dernières années auprès des Pitchfork et consorts. Fans de krautrock et de groupes au métissage plus électronique tels que Stereolab ou Broadcast, on imagine déjà un avenir passionnant à ce quatuor par ailleurs preneur de toute proposition de concert en dehors d’un pays où le public semble-t-il peine encore à suivre.


3. Uniquetunes

Saint-Pétersbourg toujours, une ville décidément en pleine effervescence musicale où sévit également le combo Uniquetunes (photo), qui nous proposait l’an dernier avec 8 autant d’instrus maximalistes fusionnant jazz psyché, rock épique, guitares aériennes, groove 70’s et nappes électroniques. Un album au son résolument moderne qui a su tirer le meilleur de ses influences diverses et variées (de l’abstract hip-hop à l’électro 8-bit en passant par la drum’n’bass ou même la house), s’ouvrant parfois à de subtils arrangements de cordes spleenétiques comme sur Paper Shoes qui se contente aussi très bien d’une clarinette solo comme ci-dessous en live :


4. Sister Loolomie

Du côté de Moscou cette fois, on pouvait difficilement passer plus longtemps sous silence ce projet parallèle d’un certain Sergey aka [S] - moitié du duo drone ambient Exit In Grey - découvert via le CDr Signals et ses nappes de modulations analogiques faites de guitare électroniquement modifiée, de nappes de claviers et autres field recordings savamment triturés. Limité à 250 copies, mettre la main dessus un an après risque là encore de poser problème mais le label Zhelezobeton semblant toujours le présenter dans son catalogue on vous encourage à entrer en contact ou le cas échéant à user de tout autre moyen justifiable par la finalité de poser l’oreille sur ce formidable disque de drone ambient tour à à tour méditatif ou angoissé :


5. Tree, Bosier

Un superbe EP instrumental aux confins de l’abstract jazz et d’une électronica teintée d’acoustique, en voilà une belle porte d’entrée sur le netlabel russe Mimonot et sa véritable mine de jeunes pousses issues du vivier de l’ex URSS, qui ont pour point commun d’avoir généreusement choisi la libre circulation de leur musique. On notera en vrac, côté post-rock cette fois, le one man band The Best Pessimist de l’ukrainien Sergey Lunev dont toute la disco autoproduite est également offerte au téléchargement via bandcamp, les russes de Simple Is Good qui portent bien leur nom voire les biélorusses de Without T. avec leur single Trap, puis dans un style plus britpop les excellents Kites, guitares acérées et timbre à la Billy Corgan, ou enfin Nevguen puisqu’il fallait bien un peu d’électro-pop aérienne chantée en russe. Mais rien finalement qui arrive à la cheville de ce duo instruments/machines particulièrement prometteur, à découvrir sans plus tarder tout comme le reste via le site officiel ou le bandcamp du label.


Et puisque ce sont eux qui m’ont indirectement permis via le chouette groupe pop/post-punk The 4Colours également russe de découvrir ce netlabel à l’activité débordante, je me permettrai de faire une entorse à la règle pour citer le combo indonésien Protocol Afro, qui nous vient de Jakarta et dont le premier single Radio est encore tout chaud :

Une bonne alternative à Bloc Party, l’énergie sans le kitsch en somme pour un univers qui aurait finalement tout autant à voir avec New Order ou même Phoenix.

News - 21.11.2010 par RabbitInYourHeadlights
 


Sister Loolomie - Light And Cold