Avec ses titres ésotériques et ses longues progressions tourmentées tout en cuivres anxiogènes et cordes lancinantes, ce nouvel opus du collectif néerlandais emmené par Jason Kohnen et Gideon Kiers, nettement moins abstrait et plus organique que son prédécesseur, ressemble à s’y méprendre à la BO de l’exorcisme d’un esprit insidieux et retors dans la Russie profonde.

Et si ce projet parallèle orienté vers l’improvisation des membres de The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble n’avait jamais aussi bien porté son qualificatif de "doomjazz", que les allergiques aux expérimentations austères ou déconstruites ne boudent par leur plaisir : à la croisée d’ Anthropomorphic pour le format et de Succubus pour l’atmosphère cinématique, les vocalises torturées de Charlotte Cegarra et les lentes montées en puissance rythmique de ses deux premiers jams dans la lignée de Faustine ou A Place For Fantasies, Egor est taillé pour emmener dans son sillage les amateurs de post-rock gothique autant que les férus de free jazz opiacé ou de drone fantomatique, qui goûteront quant à eux la fébrilité chaotique et le spleen tâtonnant des deux titres suivants.