Le streaming du jour #940 : Melt-Banana - ’Fetch’

Toujours aussi fous, les Japonais de Melt-Banana revenaient le mois dernier avec un huitième album calibré, fuselé tel un suppo métallique, porté par une production aiguisée. Retour sur un Ovni punk que les votes du FIR n’avaient pas hissé jusqu’au Top Albums du mois d’octobre, seuil fatidique à partir duquel la postérité d’une œuvre passe d’anecdotique à historique...

6 ans que Agata Ichirou et Onuki Yasoku ne s’étaient pas retrouvés pour créer. Très touchés par la catastrophe de Fukushima en 2011, plus rien ne voulait sortir de leurs esprits déjà irradiés. Puis, la rage aidant, l’inspiration est peu à peu revenue, et ce Fetch hargneux et jouissif s’est conçu. Aussi speed qu’à l’habitude, la noise-punk des Japonais est ici à la fois ludique et cosmique, concise et construite, brillante et explosive, et, pour une fois, l’album comporte un nombre de morceaux raisonnable...




Le duo a une histoire compliquée avec ses batteurs. Il y a eu des allers et venues, des jours avec, des jours sans... Maintenant, il ne s’embarrasse plus de ce musicien encombrant et jamais suffisamment compétent pour jouer à la vitesse désirée. Les parties de batterie sont programmées. Ainsi que les basses. Pratique pour tourner ! Les puristes hurlent sans doute déjà à la mort de l’art. Mais c’est pas si mal. C’est ce qui donne cet aspect lisse, digital, robotique à l’ensemble de l’album. Avec la sonorité parfois 8-bits de la guitare et ses triolets stridents, la musique de Melt-Banana se fait plus tech-core que jamais. La programmation est aussi ce qui rend possible la rapidité d’« exécution » de breaks tels que ceux de Lie Lied Lies, humainement héroïques.

Un album qui se clôt sur une bluette disco surprenante qui vaut le détour, au moins pour la blague. Titre qui resterait anodin s’il ne manifestait, par un excès ironique, le (léger) tournant pop du duo.


Streaming du jour - 21.11.2013 par Le Crapaud
... et plus si affinités ...
Melt Banana sur IRM