Certains artistes font parfois le choix de s’imposer des contraintes pour se renouveler. Le 17 mars dernier, Émilie Simon n’a pas été à l’initiative d’une telle démarche. Alors que sa tournée la conduisait jusqu’en Chine, à Wuhan, elle a pourtant été amenée à réinventer son show en un temps extrêmement limité.

Et pour cause. Suite à des conditions météorologiques catastrophiques, l’avion de Charles Colas, manager de la Montpelliéraine, est resté bloqué à 400 km de Wuhan. Or, ce dernier voyageait avec tous les ordinateurs et moniteurs nécessaires à la tenue du spectacle.

Deux heures avant le début du concert, l’artiste et ses musiciens déterminent donc en cinq minutes une setlist alternative. Celle-ci n’est d’ailleurs pas sans comporter quelques surprises. "J’avais trouvé une flûte traditionnelle la veille, j’ai donc appris à en jouer, nous avons mis en place 10 nouvelles versions des morceaux, tout cela 2 heures avant le concert." explique ainsi l’Héraultaise.

Telle une collégienne qui aurait abusé d’internet au détriment de son investissement scolaire, Émilie Simon a donc été privée d’ordinateur. Si cette sanction n’est pas toujours efficace lorsque les parents y ont recours, cet éloignement des machines est probablement la meilleure chose qui pouvait arriver à l’artiste.

Lors du concert de Wuhan,c’est avec plaisir que l’on retrouve une majorité de titres issus des premiers opus - les plus réussis - de la française. On recense ainsi trois morceaux de l’éponyme initial paru en 2003, deux réussites du sommet Végétal, ainsi que deux titres du récent Mue. On se surprend d’ailleurs à être enthousiaste sur Paris J’Ai Pris Perpète, intrinsèquement intéressant dès lors que lui est épargnée sa sur-production.

Si Émilie Simon n’a rien perdu de ses talents d’interprète - on pense ici aux ambiances du live À l’Olympia de 2007 -, on en viendrait presque à se demander si elle n’aurait pas gardé intactes ses qualités de songwriter. Dans cette hypothèse, seule l’hyper-production de ses trois derniers albums expliquerait notre désamour soudain.

Quoi qu’il en soit, il ne nous reste plus qu’à croire aux bienfaits de la sérendipité et à l’impact possible de cet "accident" sur la direction choisie par Émilie Simon pour ses prochains travaux.

En espérant que les bulletins scolaires de cette élève douée soient de nouveau plus conformes à ses aptitudes...

La setlist :
To The Dancers In The Rain / Des Larmes / Opium / Desert / Paris J’Ai Pris Perpète / Fleur De Saison / Chanson De Toile