Alexandre Navarro est désormais un habitué de nos colonnes, et particulièrement de cette rubrique. Il faut dire qu’en plus d’être prolifique, le Français fait partie de ces artistes qui n’hésitent pas à partager librement leurs créations, rendant celles-ci particulièrement accessibles. Sur la forme, en tout cas.

Sans se replonger dans l’éternel débat autour de la gratuité de la musique, Alexandre Navarro a depuis de nombreuses années pris le parti de diffuser sans contrepartie ses compositions et ce aussi bien pour le meilleur - sans cette démarche, comment aurions-nous eu accès à son univers ? - et pour le pire puisque SEM Label, dont il était le co-fondateur, a dû fermer ses portes il y a déjà plus de deux ans, faute de fonds.

Depuis, le Parisien a poursuivi ses expérimentations musicales entre DisqAN, label éphémère dont il fut le créateur, Dronarivm et diverses autoproductions. Routes appartient à cette dernière catégorie de compositions. A base de textures organiques et granuleuses, Alexandre Navarro témoigne d’un attrait peut-être plus marqué que jamais pour les paradoxes : onirisme délétère, isolement urbain ou minimalisme mélodique se succèdent ainsi au cours des douze titres qui figurent sur cet album.

Parmi ceux-ci, nous retiendrons particulièrement Le Temps Du Rêve, petite petite perle située au cœur de l’opus, dont les nappes synthétiques génèrent l’un de ces délectables malaises dark-ambient auxquels le Français nous a habitués. Toujours aussi passionnant, le nouveau chapitre de la discographie du Français tend à rendre celle-ci plus indispensable que jamais.