Le streaming du jour #1476 : Aidan Baker w/ Claire Brentnall - ’Delirious Things’

Claire Brentnall, c’est la chanteuse du duo dark pop Shield Patterns, également entendue l’an dernier mais à la clarinette cette fois sur l’album The Roman d’Æmaeth, projet drone ambient sombre et mystique d’Owen Pegg (parfois guitariste pour A-Sun Amissa). Tout cela se passant chez Gizeh Records, label mancunien de Richard Knox (autre moitié de Shield Patterns et leader des mêmes A-Sun Amissa) qu’Aidan Baker avait choisi en 2013 pour sortir Already Drowning, recueil de collaborations avec des chanteuses telles que Carla Bozulich (Evangelista), Jessica Bailiff ou Liz Hysen (Picastro), ça n’était forcément qu’une question de temps pour retrouver le Canadien sur un projet avec l’Anglaise au timbre éthéré.

Et bien leur en a pris car si le chant volontiers évanescent et divagant de Claire faisait déjà naturellement penser à Liz Fraser sur le récent Mirror Breathing, entendre ses vocalises doublées d’harmonies en écho, à la fois douces et lyriques, presque en état d’ébriété et légèrement acidulées s’entrelacer avec les nappes gazéifiées de synthé Casio et de guitares d’Aidan ravira forcément les nostalgiques des Cocteau Twins comme ceux d’une certaine codwave/dream-pop aventureuse et hypnotique qui préfigurait le shoegaze (cf. Wingless et ses allures de jam entre The Durutti Column et Kate Bush) sans pour autant donner l’impression d’une redite malvenue.

Car si Delirious Things est effectivement très pop au regard des divers projets du touche-à-tout de Toronto, l’influence du groupe mythique de Robin Guthrie et Simon Raymonde ou des liturgies rêveuses d’autres groupes 4AD de l’époque (This Mortal Coil ou His Name Is Alive en tête) se mêle étonnamment à celle de Massive Attack dès le morceau titre avec ses percus syncopées façon Blue Lines et sa discrète ligne de basse un brin trip-hop, référence évidente sur Dead Languages - dont la dramaturgie pulsée et l’atmosphère fantomatique évoque Group Four sur Mezzanine qu’on aurait passé au filtre des textures liquéfiées de Nadja - ou en mode plus abstrait sur le beau final Shivering.

Et si l’inégal Already Drowning manquait légèrement d’unité, plus que la présence d’une seule voix ici c’est justement la cohérence de ces sonorités vaporeuses désormais typiques du Canadien et la construction même du disque avec ses interludes ambient oniriques et mélancoliques qui assure à Delirious Things sa belle homogénéité, lui donnant par ailleurs une ampleur qui dépasse la simple collection de chansons et qui caractérise les univers cinématographiques et subconscients qu’Aidan Baker explore en marge des codes du music business depuis maintenant 17 années d’une discographie captivante.


Streaming du jour - 29.01.2017 par RabbitInYourHeadlights
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