Le streaming du jour #1475 en exclu : øjeRum - ’When Birds Fly, The Eyes Of Heaven Can Rest’
Trois jours avant sa sortie en vinyle (et cassette limitée déjà sold out) chez Aurora Borealis, le Danois Paw Grabowski nous offre la primeur de son nouvel opus, soit deux longs titres en suspension pour 30 minutes d’ambient épurée et abstraite, dont les harmonies d’abord spirituelles et éthérées puis plus perturbantes et entêtantes apportent quiétude et félicité avant de nous confronter à l’infinie pureté claustrophobique du néant.
On ne l’avait découvert qu’en novembre dernier avec le beau væv sorti chez Eilean, recueil de miniatures ambient-folk volontiers fantasmagoriques aux cordes - de guitare préparée, sonnant presque comme une harpe ou un clavecin - baroques et nostalgiques. Depuis, The Blossoming of the Nothingness Trees, lancinante litanie de 42 minutes toute en cordes frottées sur fond d’écho funeste, avait confirmé cette belle impression de langueur spirituelle ultra-minimaliste, nous envoyant fouiner parmi la vingtaine de sorties égrenées par le musicien ces trois dernières années sur des labels majoritairement méconnus, et pour la plupart illustrées par ses propres artworks de nature profondément mystique (Reversed Cathedral en étant l’exemple le plus évident), une facette de son art indissociable de sa musique et à découvrir sur son site officiel.
A l’image de ces collages plus ambivalents qu’il n’y paraît, où le recueillement le dispute à un certain mal-être (cf. les linceuls cristallins de la série The Blossoming of the Nothingness Trees, Spejlinger dont est extrait l’artwork de l’album qui nous occupe ici et où les paysages semblent tout à la fois communier avec l’homme et le phagocyter, ou encore ces figures ouvertement tourmentées par les méandres de l’ego), tout n’est pas que douceur chez øjeRum, comme en témoigne ici une seconde partie dont les fréquences d’emblée inconfortables voire même incommodantes demandent un temps d’adaptation pour mieux nous envelopper, une fois accoutumés, d’une sensation de vertige devant tant de blancheur désincarnée.
Quant à la première piste de 17 minutes aux chœurs de monastère à ciel ouvert (et sur laquelle l’excellent Andrew Chalk a discrètement mis la main à la console), elle s’avère parfaitement raccord avec cette pochette céleste et pastorale, échelle entre la nature et les cieux :
A noter que l’album a été mastérisé directement en vinyle au studio londonien The Carvery, la version digitale n’est donc pas à proprement parler mastérisée, avis aux audiophiles qui apprécieront sans doute d’autant plus l’expérience sur sillons.
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