Gracieux. Certains disques n’ont peut-être pas besoin de plus d’un mot pour être résumés et, si tel était le cas, celui-ci semblerait le plus adapté pour décrire Bei.

En effet, cet album proposé par Christoph Berg et Henning Schmiedt est de ceux qui nous emmènent directement vers la félicité. A défaut d’un quelconque caractère divin, il émane toutefois de Bei une forme inqualifiable de spiritualité.

La transcendance et la hauteur semblent accompagner en permanence les onze pistes de cet ensemble résolument néoclassique s’appuyant essentiellement sur le piano et le violon, instruments de prédilection de chacun des artistes.

Si les accords mineurs au piano sont omniprésent, les cordes peuvent au choix renforcer le sentiment de nostalgie ambiant (Ritornell) ou apporter de la nuance en créant des ruptures (Räderwerk). Le violon peut même, de manière très succincte, faire croire à un début de cavalcade (Bis Über Beide Ohren !) immédiatement freinée dans un mouvement d’auto-censure.

L’écoute réciproque des artistes constitue probablement le secret de la réussite de Bei, un disque dont le seul écueil constitue parfois le trop grand respect pour l’héritage classique (Bis Über Beide Ohren ! ou Geduld) et de fait, l’incapacité à lâcher totalement les chevaux. Mais la grâce, le dénuement et l’apaisement provoqués compensent habilement l’absence de ce soupçon de folie.