Plastikman, c’est fantastique

Actif depuis une bonne vingtaine d’années dans la nébuleuse des musiques électroniques, co-fondateur du label Plus8 avec John Acquaviva puis de M_nus en solo, DJ et producteur se cachant derrière une multitude de pseudonymes (F.U.S.E., Concept 1, Forcept 1, Circuit Breaker, Robotman, Chrome, Spark, Xenon, R.H.X., Jack Master, Richard Michaels ou encore UP !) , c’est avec le plus fameux d’entre eux que Richie Hawtin refait surface ces jours-ci.

C’est que sous l’alias Plastikman, le Canadien a sorti cinq albums (et une multitude d’E.P.) proprement ahurissants, arpentant les versants les plus abstraits de la techno originelle, celle de Detroit. Parmi eux, on compte au moins un chef-d’œuvre absolu dont on n’est pas sûr d’avoir complètement fait le tour encore aujourd’hui. Consumed, paru en 1998. Un truc à accrocher au Panthéon de la musique minimaliste où avec quelques notes très lentement alternées, des basses lointaines, d’infimes variations de fréquences et un beat cardiaque tout aussi mid-tempo qu’increvable, Plastikman traçait les méandres froids d’une musique exigeante à la profondeur insondable, aux reliefs en apparence proches de l’électroencéphalogramme plat mais, paradoxalement, très loin d’être soporifique. Une vigueur comme contenue, une architecture sonore sombre et sobre mais incisive, presque clinique. Fascinant ! Et inégalé ! Les autres albums et E.P. ne sont évidemment pas en reste, en témoignent les monumentaux Artifakts (BC) (conçu avant Consumed - d’où le (BC) en ajout du titre pour Before Consumed - mais sorti six mois après, la même année avec une pochette blanche, immaculée, qui tranchait avec le noir intense de celle de Consumed) ou Closer (en 2003), tout aussi mystiques et minimalistes.

Bref, un génie.

Or, sans réelles nouvelles depuis 2003, Richie Hawtin s’est enfin décidé à ressusciter son alter-ego cette année, d’abord en live via sa participation à bon nombre de festivals (c’est d’ailleurs au cours de ce périple qu’il s’est fait subtiliser son matériel dans une chambre d’hôtel parisienne) mais aussi dans les bacs.
Le 13 août, M_nus proposera ainsi aux plus pressés un best-of subtilement intitulé Kompilation figurant, en soixante petites minutes à peine, huit titres incontournables dans la discographie pléthorique du Canadien. Mais cette compilation ne saurait suffire à faire le tour de la musique austère mais magnétique de Plastikman et d’ailleurs, avouons-le, elle fait tout de même pâle figure devant ce que le label annonce pour l’automne : un monstrueux coffret de 14 CD et DVD regroupant l’intégralité de ses enregistrements ainsi que des inédits, du matériel remixé, retravaillé, un livret que l’on imagine dense, etc.
Une rétrospective exhaustive en édition limitée au nombre d’inscrits. On ne connaît pas encore le prix de la bête, en revanche on peut d’ores et déjà s’inscrire sur le site dédié pour recevoir quelques informations supplémentaires et pré-commander cet Arkives 1993-2010 qui s’annonce d’emblée passionnant.

Autant prendre au plus vite la résolution de navrer son banquier en automne, donc.


Une vidéo de Disconnected, morceau issu de l’album Closer qui, en trois petites minutes, permet de se familiariser avec la musique de Plastikman.

News - 29.07.2010 par leoluce