2011 au peigne fin

Le mois de décembre atteint, ce n’est plus de dinde ou de chocolat dont on friserait l’indigestion, mais de tops annuels. C’est devenu depuis quelques années un rituel. Aussi, à l’idée de pondre le mien, je n’ai pas résisté à la curiosité de revenir sur celui que j’avais réalisé l’an passé. Sans conteste, 2010 était un bien joli cru musical dont on puisera encore les richesses dans quelques décennies. Et quid de 2011 ? Si de nombreux albums attendus (TV On The Radio, M83, The Go ! Team ou Orka) m’ont finalement déçu, les trésors – pas forcément cachés – pullulent néanmoins. A découvrir à la première personne du singulier.


Top des singles


Il ne s’agit ici pas réellement des morceaux que j’ai préférés cette année. Seulement de ceux figurant dans un album qui n’a pas réussi à s’immiscer dans mon top 20 de l’année. Qu’il soit resté aux portes de ce top, ou loin derrière...

1. TV On The Radio - Will Do

2. The Decemberists - This Is Why We Fight

3. arMuta - neqh

4. Emilie Simon - Mon Chevalier

5. Death In Vegas - Medication

6. Fujiya And Miyagi - Sixteen Shades Of Black And Blue

7. Karl-Alex Steffen - La Force

8. The Go ! Team - T.O.R.N.A.D.O.

9. Zone Libre vs. Casey & B.James - Quartiers Destructeurs

10. Erland & The Carnival - So Tired In The Morning


Top des EPs


1. Marnitude – s/t



Sparklehorse, Talk Talk ou Bill Callahan sont autant de références qui viennent à l’esprit lorsqu’on écoute l’EP de Marnitude mettant fin à sept ans de hiatus discographique. Noire, l’atmosphère générale oscille entre des passages mélancoliques et d’autres envahis d’une fougue toute aussi froide. L’ensemble s’enchaîne à merveille et s’écoute gratuitement sur BandCamp. Le seul EP qui ait réellement retenu mon attention cette année.

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Top Albums


20. Institut – Ils Étaient Tombés Amoureux Instantanément



Arnaud Dumatin, ancien membre d’Emma, se hisse avec ce nouveau projet à la hauteur d’un Florent Marchet. De la pochette au concept, en passant par la voix du chanteur et l’esprit, le rapprochement entre le Rio Baril de ce dernier et Ils Étaient Tombés Amoureux Instantanément est assez évident, sans qu’on ne puisse jamais pour autant soupçonner un quelconque plagiat. Au rayon des similitudes, Dominique A est une autre inspiration certaine (Les Falaises). Charmantes références.

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19. Korallreven – An Album By Korallreven



Pour le deuxième exercice consécutif, Daniel Tjäder participe à l’un des albums qui auront retenu mon attention. A la tête de Korallreven au côté de Marcus Joons, on retrouvait déjà le suédois chez The Radio Dept. l’an passé. L’état d’esprit de ces deux collectifs est d’ailleurs proche. Une musique ambitieuse mais gaie, presque dansante par moment. La patte scandinave est clairement perceptible pour notre plus grand plaisir.

18. Selah Sue – s/t



Alors oui, ce choix risque de m’attirer quelques railleries. Qu’importe. Fan de la première heure, j’ai découvert Selah Sue par hasard, sur scène, puis aimé son premier EP Black Part Love. Dès lors, j’attendais de pied ferme le premier album de la Belge en même temps que je le redoutais, craignant le succès qui était en train d’accompagner sa trajectoire. Et passée ma déception initiale vis-à-vis de cet album – le lifting subi par quelques morceaux comme Fyah Fyah ou Explanations, présents sur l’EP, m’a d’abord repoussé, faute d’habitude, avant que je ne succombe à leur charme – l’adhésion est totale.

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17. Aeroc – R+B= ?



On ne va pas se mentir, je ne suis pas le plus grand fan d’ambient au sein de la famille IndieRockMag. Parfois, un album du genre réussit néanmoins à se hisser parmi mes préférences de l’année. C’était le cas avec le Carbon Based Lifeforms l’an passé – leur opus de cette année me plaît déjà moins –, c’est au tour d’Aeroc et ses mélodies planantes, à la limite parfois du trip-hop, de s’y coller. Une vraie bonne surprise…

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16. Landscape – s/t



Un des premiers albums à m’avoir frappé cette année. Dès la première écoute – et c’est assez rare pour être souligné – j’ai été conquis. Le charme a finalement traversé l’année sans s’étioler. Jolie performance. Rappelant tantôt Syd Matters ou Mogwai, la production de Guillaume de Chirac est impeccable. Une véritable incitation à contempler les étoiles…

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15. Wugazi – 13 Chambers



Wugazi, c’est l’idée d’un collectif nommé Doomtree. En gros, il s’agit d’un mash-up mêlant le rap du Wu-Tang Clan aux instrus de Fugazi. Mouais, je n’ai jamais été séduit par ces mash-up. Du moins, jamais au-delà d’un single sympathique. Pour couronner le tout, j’apprécie vaguement quelques morceaux du Wu-Tang Clan sans vouer un culte au collectif, et je ne serais même pas capable de citer le nom d’un seul morceau de Fugazi. Pourquoi diable ai-je écouté cet album ? Aucune idée, mais c’est, quoi qu’il arrive, le seul album de cette veine – un hip-hop agressif – que j’ai apprécié cette année. Cela ne peut pas être un hasard si cet album qui avait tout pour me déplaire n’a cessé de revenir sur ma platine.

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14. Miossec – Chansons Ordinaires



Moins immédiat que le précédent Finistériens, chef-d’œuvre de la discographie du breton, j’ai d’abord eu du mal à aimer ce nouvel opus dans sa globalité. Et puis, comme cela arrive finalement souvent avec Miossec, on garde quelques ritournelles en tête (Chanson Protestataire) qui nous font réécouter l’ensemble, avant de se rendre compte que chaque morceau est une réussite. Ensuite, on admet que, si le (léger) manque de cohérence est finalement le seul cafouillage que l’on peut déceler, cela n’a guère d’importance tant la qualité de chacune de ces chansons permet à l’ensemble de fonctionner. Si Miossec a arrêté de boire, il n’a pas laissé son inspiration au bistrot, loin s’en faut.

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13. Sin Fang – Summer Echoes



Après un très bon Clangour, Sin Fang Bous a tronqué la dernière partie de son pseudonyme pour devenir Sin Fang. Voici sans doute le changement le plus notable entre cette dernière livraison et ce Summer Echoes, finalement dans la veine de son prédécesseur bien que j’aie mis un temps certain pour l’apprécier à sa juste valeur. Joyeux et exigeant, l’album comblera les fans de la première heure mais plus généralement tous les amateurs de musique islandaise…

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12. Del Cielo – Sur Des Braises



Intense et classieux. Voilà comment je résumerais en deux mots ce nouvel album de Del Cielo. Après le charmant Sous Les Cendres il y a deux ans, le duo rennais a affirmé sa personnalité musicale relativement atypique. On aura beau jeu de préciser que l’habile instrumentation très rock puise forcément son inspiration du côté de Noir Désir ou Diabologum, il restera cette voix et ce phrasé, celui de Liz Bastard, à l’extrême opposée de ce à quoi on s’attend pour accompagner cette musique. Et lorsque Dominique A s’invite en duo sur Casoretto, la magie n’est plus très loin…

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11. Björk - Biophilia



On le sait pourtant bien. Jamais Björk ne se décidera à pondre un mauvais album. Et si Volta signifiait, à mon sens, la première baisse de régime de son irréprochable discographie, Biophilia marque le retour aux affaires sérieuses pour la chanteuse. Expérimental, comme toujours avec l’Islandaise, certains morceaux (Crystalline, Mutual Core) sont d’une évidence telle qu’ils m’ont emporté dès la première écoute, ce qui fut rarement le cas dans ma lecture de la discographie de la chanteuse.

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10. Noah And The Whale – Last Night On Earth



Je n’ai pas honte de l’avouer, j’ai découvert Noah And The Whale cette année seulement. Et comme bien souvent, je n’ai pas eu le temps (le courage ?) de m’attaquer aux deux premiers albums de la discographie du groupe. J’ai en effet besoin de m’approprier un album, de l’écouter un nombre incalculable de fois, afin d’en découvrir la majorité des détails, pour réellement l’apprécier. Je préfère en effet la qualité du lien qui m’unit à un album, à la quantité des liens créés. C’est sans doute pour cette raison que je ne découvre que trop tard un bon nombre d’artistes…
S’agissant de Noah And The Whale, il s’agit sans doute de l’une des réjouissances inattendues de l’année de mon côté, à l’instar de The Radio Dept. l’an passé. Mélancolique, doux, rêveur sont autant de mots que j’associe volontiers à cet album tellement bon que je serai forcément déçu en écoutant les autres productions des natifs de Twickenham.

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9. Wires Under Tension – Light Science



Si mon top avait été une course cycliste, ce Light Science aurait été un coureur discret qui aurait profité de la dernière bosse pour décrocher une place d’honneur. Car cet album ne fait pas partie de ceux qui m’ont accompagnés tout au long de l’année. Pas assez accessible pour les soirées succédant à des journées de travail pénibles, je l’ai très vite classé dans les très bons albums que je n’écoute qu’à l’occasion, à l’instar d’une bonne partie des disques de post-rock que j’apprécie.
Mais récemment, à l’heure des révisions, Light Science s’est de nouveau trouvé sur mon chemin, et il a bien fallu que je me rende à l’évidence. Ce n’est pas un très bon album de post-rock, non, cela fait partie de la crème de la crème du genre. Sur mon étagère, la place est toute trouvée pour cet album, il sera à côté de Godspeed You ! Black Emperor dont il partage l’ambition, mais également l’humilité.
En parlant d’humilité, on navigue ici parfois à la limite de la pop (Position And Hold, A List Of Things To Light On Fire). D’une pop ambitieuse. Cette diversité a le mérite d’empêcher toute redite au cours de cet album en même temps qu’elle le prive de faillir à sa tâche faute d’avoir les moyens de ses ambitions. Mais avec Wires Under Tension, peu de chances pour que cela arrive dans l’immédiat…

8. Puzzle Muteson – En Garde



Au risque d’abuser de la métaphore sportive, dans mon année musicale, l’album de Puzzle Muteson ressemble à un avant-centre qui, tel un spectre, ne touche pas un ballon du match, mais claque un retourné dans la lucarne à la dernière minute. Un Pippo Inzaghi, le goût de l’esthétique en plus. Car ce n’est qu’il y a quelques semaines que j’ai découvert cet album en consultant l’excellent top pop de mon collègue Rabbit, via le single A Tightrope Dance, véritable chef-d’œuvre de l’album, qui aurait fière allure aux côtés des plus beaux morceaux de Sufjan Stevens. Dans ma bouche, cela vaut tous les compliments du monde.
Mais sans s’arrêter à ce seul morceau, En Garde navigue d’une manière générale dans des eaux finalement très proches de celles qu’empruntait Sufjan Stevens avant The Age Of Adz. Quelques morceaux (Water Rising) rappellent aussi, davantage au niveau de l’émotion dégagée que de l’instrumentation, le Heartland d’Owen Pallett. En bref, mon dernier coup de cœur à l’heure actuelle. En espérant qu’il dure quelques mois. Mais je ne suis pas trop inquiet à ce sujet…

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7. Low Roar – s/t



Finalement, les Islandais ne sont pas nombreux dans mon top annuel. Qu’importe, le Californien Ryan Karazija s’est réfugié sur l’île volcanique pour composer son premier opus. Et non seulement cela fonctionne, mais les sonorités de Sigur Rós ou Sin Fang ont semble-t-il inspiré Low Roar.
Doux, mélancolique, cet album s’écoute sans effort, ce qui, pour une fois, n’est pas synonyme de manque d’ambition ou de talent. Il suffit juste de se laisser emporter par la magie…

6. PJ Harvey – Let England Shake



Honte à moi, je n’ai jamais réussi à être totalement charmé par un album de PJ Harvey. Alors certes, To Bring You My Love et Stories From The City, Stories From The Sea ont le don, par moment, de m’embarquer dans l’univers de la Britannique. Mais cela ne dure jamais toute la durée de la galette. L’an dernier, au détour d’une discussion, je renonçais même à l’idée d’apprécier un jour un album d’une chanteuse pourtant appréciée par tous mes jumeaux musicaux. Avec regret néanmoins.
Aussi, le fait même que j’écoute ce Let England Shake n’avait rien d’une évidence. Et pourtant, vous vous en doutez, s’il figure à une telle place dans mon top, c’est qu’il fonctionne à merveille. The Glorious Land, The Words That Maketh Murder ou encore Written On The Forehead sonnent à mes yeux comme des évidences à un point tel que je serais capable d’en vouloir à mon prochain s’il arrivait à ne pas être subjugué par l’immédiateté, en même temps que par l’ambition, de ces morceaux, ainsi que de la globalité de cet album dont il faut seulement attendre le dernier titre pour dénicher une légère baisse d’inspiration.
Et dire que la discographie de PJ Harvey doit être pleine de ce type de morceaux que je n’arrive pas à m’approprier…

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5. Man Mantis – Cities Without Houses



A une époque où quelques dizaines de minutes suffisent pour télécharger un album qui n’est pas encore sorti, on s’étonne de constater qu’il est si difficile de trouver des informations sur Man Mantis. Qu’importe, l’objet n’est pas de disserter sur le parcours musical du groupe (on serait alors dans de jolis draps). On notera seulement l’existence de l’EP Sea Ambulance, paru un mois avant l’album et ne présentant que deux inédits par rapport à ce Cities Without Houses dont il est ici question.
J’ai parfois du mal à trouver des comparaisons musicales lorsqu’il s’agit de décrire un album, cette absence de filiation sonore étant d’ailleurs plutôt bon signe la plupart du temps, mais s’agissant de Man Mantis, je ne pense pas faire de publicité mensongère en affirmant qu’il s’agit d’un héritier de RJD2, Pretty Lights ou encore Blockhead. On recommandera notamment Minor Arches And Pains, Teacups Of Our Ashes ou encore Be Just This. Ne surtout pas s’arrêter à ces quelques indicateurs, on a ici affaire à l’une des grosses découvertes musicales de l’année…

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4. Modeselektor – Monkeytown



Extrêmement hétérogène sur son contenu, ce Monkeytown est malgré tout efficace et cohérent. On y passe ainsi de morceaux en forme de clin d’œil à Aphex Twin (Evil Twin et ses bidouillages électroniques) à de l’ambient (German Clap) en passant par du hip hop (Humanized avec Anti-Pop Consortium). Et ce n’est qu’un extrait sélectif des différentes facettes d’un album qui me fait finalement penser – dans l’intention – au Psyence Fiction d’UNKLE.
Alors certes, la présence de Thom Yorke a sans doute initié cette comparaison – on retrouve le leader de Radiohead sur deux morceaux qui figurent parmi les sommets de l’album – mais la qualité des guests (outre Thom Yorke et Anti-Pop Consortium, on rencontre Busdriver, PVT [ex Pivot] ou Apparat) et cette multitude d’influences joue aussi dans ce rapprochement.
Il y a également des similitudes au niveau de la narration et de la construction de l’album qui me font penser à Psyence Fiction. J’ai moins aimé la suite de la discographie d’UNKLE pour progressivement me désintéresser de leurs nouvelles productions, j’espère qu’il n’en ira pas de même pour Modeselektor, formation allemande que j’ai découverte avec cet album…

3. Radiohead – The King of Limbs



Quatre ans après le charmant In Rainbows – que j’avais apprécié avant d’en regretter le manque de fantaisie –, la sortie d’un nouvel album du quintette d’Oxford était – comme toujours – un événement. Les rumeurs allaient bon train et prévoyaient, comme à l’époque du dyptique Kid A / Amnesiac, l’imminente sortie d’un petit frère à ce The King Of Limbs. Que nenni, mais qu’importe, cette nouvelle cargaison des Anglais aura beau décevoir une quantité étonnamment conséquente de ses vieux fans – ce qui constitue plutôt en soi un gage de qualité chez Radiohead -, elle a pour principal mérite d’être plus aventureuse que la précédente.
Contrairement à ce que l’on pouvait craindre avec In Rainbows, l’ambition de Radiohead ne s’est pas altérée, et Thom Yorke ne s’est pas résolu à publier quelques compositions sympathiques et efficaces, mais sans surprise. On est certes loin du virage à 180 degrés que constituait Kid A mais finalement, en n’effectuant qu’un léger pas de côté, la troupe d’Oxford évite de s’embourber en même temps qu’elle nous emmène là où on ne l’imaginait pas. En laissant tomber les métaphores, on attendait tellement un énième contre-pied de Radiohead (des rumeurs parlant d’un album métal avaient même circulé) que la seule teinte dubstep sur The King Of Limbs constitue une surprise dans le sens où le virage est moins marqué que prévu, mais aussi un nouveau terrain de jeu à explorer.
On a souvent tendance avec Radiohead à trop s’attarder sur la forme (la façon dont est mis à disposition l’album) en occultant le reste. Inspiré et pétri de détails, The King Of Limbs n’aura aucune difficulté à s’implanter comme une énième réussite du groupe. Et prouvera encore une fois que celui-ci n’est pas prêt à céder aux sirènes commerciales pour se remplir les poches. En dépit des critiques…

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2. Ghostpoet – Peanut Butter Blues & Melancholy Jam



Si le premier album de Ghostpoet m’aura accompagné durant toute cette année, cela ne peut être un hasard. Le petit bijou que nous livre le Britannique tombe à merveille, puisqu’il reprend les choses là où Tricky les avait laissées avant sa récente et nette baisse de régime.
Plus encore que l’ex protégé de Massive Attack, Ghostpoet tire son charisme – et le petit plus qui vient encore bonifier ses compositions noires très inspirées – de la nonchalance de son flow très articulé. Extraire quelques morceaux indispensables relève du calvaire. Les singles Survive It et Cash And Carry Me Home s’imposent comme des évidences, mais au même titre que n’importe quel élément d’un album qui suit une ligne directrice parfaitement cohérente, alternant notamment les passages bruts (Finished I Ain’t ou Garden Path) et ceux plus sereins, presque chantés (Longing For The Night, Gaaasp).
Vingt ans après le Blue Lines de Massive Attack, n’ayons pas peur des mots, Ghostpoet réactualise le trip-hop, à l’heure où ce courant semblait tourner en rond…

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1. Robin Foster – Where Do We Go From Here ?



Après le formidable Life Is Elsewhere il y a déjà trois ans, dire que j’attendais le prochain album de Robin Foster est un bel euphémisme tant j’avais été charmé par la musique du Brestois d’adoption. Et contrairement à bien d’autres galettes m’ayant charmé (allez savoir pourquoi je pense à Rio Baril ), je savais d’ores et déjà qu’il ne s’agissait pas d’un coup de cœur ponctuel dans la discographie de l’artiste, mais d’une véritable adhésion à son orientation artistique.
Avec de telles attentes, le risque d’être déçu est grand. Mais la présence de Dave Pen au chant a poussé l’Anglais à réinventer sa musique. Avec brio. Alors certes, le renouveau n’est pas total, mais ce n’est de toute façon pas ce que l’on espérait. Dans une certaine presse spécialisée, on parlerait d’ « album de la maturité ». Je parlerai plus volontiers d’album abouti, tout simplement. Les quelques longueurs qui pouvaient agacer les réfractaires sur l’album précédent ont été gommées, et le rock planant de Robin Foster s’autorise quelques incursions sur un territoire plus trip-hop (Pick Your God Or Devil).
Comme le résument les titres de chacune des extrémités de l’album (Happy/Sad et Sad/Happy), on oscille en permanence entre des ambiances mélancoliques et d’autres – plus ponctuelles cependant – pleines d’espoir. La moitié des titres sont des instrumentaux, Robin Foster ne se réinvente pas totalement, mais composer pour une figure comme Dave Pen semble lui avoir permis de se bonifier davantage encore. Un chef-d’œuvre.

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