Tristesse Contemporaine - s/t

Une décennie. C’est à peu de chose près la durée du break marqué par Mau. Ce dernier s’était fait connaître, au milieu des années 90, au micro d’Earthling où son flow si particulier appuyait avec grâce les compositions du génial Tim Saul.

1. Empty Hearts
2. In The Wake
3. I Didn’t Know Voir la vidéo Tristesse Contemporaine - I Didn’t Know
4. Daytime Nighttime
5. Hell Is Other People
6. Hierarchies
7. 51 Ways To Leave Your Lover
8. America

date de sortie : 12-03-2012 Label : Pschent Music

Décembre 2010, ce dernier lâche une bombe en annonçant la sortie imminente d’ Insomniacs’ Ball, troisième album d’Earthling. Treize ans après, la collaboration aurait pu être un flop, comme c’est malheureusement trop souvent le cas avec les come-back de formations trip-hop. Au contraire. Toujours aussi noir, le son du groupe avait gagné en subtilité ce qu’il perd en énergie.

Un projet isolé ? Possible, s’agissant de T Saul, mais certainement pas du côté du rappeur. Si on attend avec impatience l’album de Motorville, collectif dont il tiendra évidemment le micro, celui qui se fait désormais appeler Maik traîne aussi sa nonchalance aux côtés de Leo Hellden d’AsWeFall (croisé également aux côtés de Jay Jay Johanson) et Narumi (de Telepopmusik), eux aussi citoyens du monde (Mau a plusieurs fois fait part de son agacement à l’idée d’être inclus dans le « son de Bristol ») basés à Paris.

Quid de ce projet ? Tristesse Contemporaine, album éponyme, peut d’abord effrayer avec sa pochette colorée représentant une dame ronde dont le bras gauche relevé pourrait laisser croire qu’elle apostrophe l’auditeur pour lui indiquer de la rejoindre. Comme si elle venait de trouver quelque chose de formidable ? S’il s’agit de la galette qu’elle et le reste de l’artwork emprisonnent, difficile de lui donner tort.


Car le mélange entre les sonorités « eighties » des Cure ou de Talk Talk et les rythmiques, sans oublier le flow, qui puisent davantage leur source dans les années 90, âge d’or du trip-hop, est particulièrement réussi. Que cette définition ne laisse pas croire que Tristesse Contemporaine est un disque rétro, se contentant de marier les composantes de deux époques pour un résultat bancal. Sans aller jusqu’à dire qu’il s’agit d’un disque avant-gardiste, il comporte la profondeur et les ruptures nécessaires pour constituer un exercice inspiré au regard, excusez le jeu de mots facile, de ses contemporains.

Avec autant d’influences, pas étonnant que le disque explore plusieurs univers différents, parfois même au sein d’un même morceau. Hierarchies, par exemple, démarre avec le flow minimaliste de Mau. On croirait presque entendre un vieux Tricky, époque Angels With Dirty Faces ou, pour prendre des références plus récentes, Ghostpoet. Et puis, à l’arrivée du refrain, le morceau bascule. Les chœurs féminins l’entraînent sur un terrain ayant finalement davantage à voir avec un versant dépressif de Zéro 7.

Au petit jeu des influences, difficile de ne pas citer Massive Attack, époque 100th Window pour 51 Ways To Leave Your Lover ou Mezzanine sur Daytime Nighttime. Empty Hearts et In The Wake, les deux premiers titres, constituent un aperçu de ce que devrait être, au vu des premiers extraits, le premier essai de Motorville, avec une basse et une rythmique entêtantes que Maik s’amuse à noircir, de temps à autre, de son flow.

Qu’on se le dise, le trio n’a pas cherché à tromper son monde en se baptisant. On n’écoutera pas Tristesse Contemporaine pour chercher de la légèreté. L’atmosphère est plombée, et si jamais l’auditeur vient à ressentir autre chose, c’est probablement qu’il se sera laissé berner par la grâce de cette musique.

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