900 streamings du jour pour nous, 20 ans de carrière pour les Anglais, c’est la journée des chiffres ronds et la musique de Stuart Staples sur cet album-étape reprenant 10 titres déjà connus des Tindersticks et de leur leader en solo retrouve également une certaine sensualité aux formes épurées au contact des mythiques studios d’Abbey Road.

Ça n’est d’ailleurs pas un hasard si Across Six Leap Years laisse totalement de côté les trois dernières sorties du groupe publiées par Constellation. Aucun incursion free ici, pas plus que d’errances psyché ou de jams hypnotiques malgré la tension certaine que véhicule Say Goodbye To The City via le crescendo de la section rythmique et les élans des cuivres. Au contraire et à cette seule exception près, la part belle est faite en effet à la dimension soul de Simple Pleasure (If You’re Looking For A Way Out, I Know That Loving) ainsi qu’au romantisme lancinant du cultissime Second Album (du délicat She’s Gone à l’inégalé A Night In en passant par le noctambule Sleepy Song) et au spleen feutré de Lucky Dog Recordings 03–04 (Friday Night et Marseilles Sunshine en ouverture), première escapade solo d’un Staples de nouveau tout miel et bourbon sur fond d’arrangements magnifiés dans un esprit très "less is more".

Résultat, du tout bon et que le désormais trio de Nottingham se mue en formation de chambre pour clore le disque sur la quiétude du méconnu What Are You Fighting For ?, single rare autant qu’élégant sorti en 7" il y a 5 ans dans la foulée de The Hungry Saw, ou offre au fabuleux Dying Slowly, sommet du dispensable Can Our Love..., un écrin poignant et pur comme du velours aux vibratos de cordes et cuivres mariachi évoquant le Love d’Alone Again Or, on se dit que décidément, l’ivresse aurait bien tort de ne pas se soucier du flacon.