Neuf titres et trente et une minutes. Le troisième album de Paus est plutôt du genre concis, mais qui s’en plaindra ? Non pas que l’écoute de ce disque constitue une épreuve, mais elle s’avère néanmoins être un exercice exigeant pour l’auditeur attentionné.

Les contre-pieds sont nombreux et les points de rupture fréquents au sein d’un même morceau. Le math-rock des lisboètes est plutôt du genre anguleux, et ils refusent par la même occasion de tourner en rond. Adieu donc, cette direction plus radicale empruntée sur un Clarão très instrumental. Ici, il faudra compter sur des parties vocales jamais employées par les quatre compères comme une facétie mais toujours avec un supplément d’âme.

Les titres entièrement instrumentaux sont l’exception, à l’instar d’un Olhos De Alma néanmoins abouti et aussi bien capable d’évoquer Tortoise que Robin Foster. Mitra a d’abord été pensé et enregistré comme un album dénué de parties vocales mais au fur et à mesure que le quartet avançait dans la genèse de cet opus, il s’est laissé influencer par certains compères croisés en tournée dont les horizons étaient volontiers plus « groovy » voire même résolument orientés autour du hip hop.

Mitra n’est nullement un copier-coller de quoi que ce soit. Voyons-y plutôt le résultat cohérent d’un patchwork d’influences allant donc du math-rock originel (Mancha Negra) à des sonorités plus tribales (Aquedutos dont certaines parties sonnent très andines). Ou quand le morcellement permet non seulement à l’ensemble de tenir debout, mais plus encore d’obtenir une prestance assurée…