Cory Hanson - The Unborn Capitalist From Limbo
Après avoir mis entre parenthèses ses pérégrinations avec Wand, Cory Hanson s’offre une escapade en solitaire dont nous nous délectons. Il faut dire que les héritiers de Nick Drake sont nombreux ces temps-ci, de Gareth Dickson à Raoul Vignal dont on attend impatiemment le prochain album signé chez Talitres, et que le Californien s’inscrit dans la même veine avec autant de réussite que ses deux contemporains.
1. The Unborn Capitalist From Limbo
2. Replica
3. Garden of Delight
4. Violent Moon
5. Ordinary People
6. Evening Glass
7. Flu Moon
8. Arrival
Nick Drake donc, mais aussi d’autres artistes majeurs qui influencent le propos de Cory Hanson sur cet opus. Ce dernier plante son regard dans son pays natal où il pioche dans le meilleur de songwriters tourmentés pour dérouler un propos qui ne respire jamais le remodelage ni même la redite, bien que l’hommage soit appuyé dès le The Unborn Capitalist From Limbo initial, court et percutant qui détermine d’emblée le cadre dans lequel évoluera l’album et dont la guitare en bois transcendante et les cordes survoltées évoquent effectivement Nick Drake.
Un spectre qui plane à plusieurs reprises au cours du disque, y compris sur un Violent Moon plus dépouillé rappelant la période Five Leaves Left pour cette voix céleste claire dont les incantations s’éternisent en soufflements. Cette manière de chanter peut également faire penser à un artiste plus contemporain de Cory Hanson en la personne de Sufjan Stevens, surtout lorsqu’elle est appuyée par des chœurs empathiques discrets (Replica et Evening Glass).
Enfin, en dehors d’une courte réminiscence du Velvet Undeground sur la ballade Ordinary People oppressante dès les premières apparitions de cordes funèbres, c’est au Beck de Sea Change que l’on pense pour cette façon d’arranger ces cordes en les sublimant de telle manière que la charge émotionnelle est décuplée (Replica ou Ordinary People) voire cérémonielle (Garden of Delight).
Mais l’apaisement hanté - l’usage d’oxymores est nécessaire s’agissant de ce disque - laisse aussi la place à des émotions plus radicales, à l’instar d’un Flu Moon sur lequel on sent émerger un filet de révolte dans le chant aussi bien que dans l’instrumentation. Les percussions discrètes se font néanmoins ici plus rapides que les rares autres fois où elles sont présentes sur The Unborn Capitalist From Limbo et préparent habilement le terrain pour Arrival, morceau d’adieu en puissance sur lequel, guitare en avant et cordes douloureuses mais jamais plaintives, le membre de Wand énonce notamment "You’ll never see my face again".
Espérons que cette assertion reste purement théorique et que Cory Hanson nous offre rapidement un successeur aussi léché à The Unborn Capitalist From Limbo.
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