Le streaming du jour #1709 : Red Space Cyrod - ’Folks & Falls’

Parmi ces artistes que l’on ne se lasse jamais de défendre dans nos colonnes, Cyrod figure en bonne position. Avec bienveillance, tant il est profondément injuste que d’aussi talentueux expérimentateurs restent si confidentiels, mais toujours sans complaisance.
De manière paradoxale, alors même que le Californien Jay Echeverria (Red Space Cadet) assure la composition des parties instrumentales, Folks & Falls se rapproche plus que jamais de l’univers de Cyrod, moitié du duo et préposé aux parties vocales de cet opus.
En effet, si les horizons visités par le Français dans le cadre de son projet en solitaire sont vastes, il convient de se remémorer l’EP Wanna ou Ending Songs qui faisaient des guitares en bois l’élément central des constructions sonores.
Sur Folks & Falls, Red Space Cyrod abandonne les déflagrations électriques et noisy d’un passé récent - The Sleeper était composé six mois plus tôt quand PM date de l’an passé - pour offrir, comme son titre l’indique, un album ancré dans une folk apaisée. Dès The Lesson, le ton est donné avec un hymne sur lequel la flûte à bec est tout autant un élément digressif qu’un soutien indispensable à cette mélodie redoutable.
De nombreuses ballades folk où la guitare acoustique est incontournable apparaissent sur cette sortie, du minimalisme de Demons aux tourments mélancoliques de Waited en passant par les précieuses variations sous tension de The Sea. Mais l’univers de Red Space Cyrod est trop riche pour se contenter de ces solides compositions et des éléments digressifs apparaissent forcément ça et là que ce soit sur le plan musical avec l’aspect ethnique sur Inlassablement ou le chant dépouillé d’Infinity, ou au niveau des textes avec ce La Paix sur lequel Cyrille Poumerie, semblant répondre à son acolyte, répète : "Tu me demandes de chanter en français, je ne sais pas chanter en français" avec une ironie que ne renierait pas Gontard.
Renouant (discrètement) avec ses préoccupations électriques sur Holic pour clore l’aventure avec un The Moment où voix désabusée et six-cordes claire en mode mineur s’entrelacent, Red Space Cyrod s’offre une parenthèse pleine de sérénité, loin d’un The Sleeper sous tension enregistré six mois plus tôt et défendu selon le leitmotiv suivant : "All art is quite useless". En une demi-année, le duo est revenu à la raison. Si les compositions qu’il partage régulièrement sont confidentielles, elles sont profondément utiles et même essentielles pour leurs addictives transgressions.


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