Pologne, terre de paradoxes, où la rudesse de l’idiome local le dispute au romantisme tout en intériorité de ses habitants. Si de paradoxe il est question ici, il est strictement temporel tant ce Cybernetyczne Igraszki semble avoir été publié à l’aube des années 80. Synthés Bontempi, beats minimalistes, captations sonores de l’"Alphaville" de Godard : le "duo du district le plus cosmique de Niebuszewo" (ainsi que le présente le label Syf Records) offre une bouffée de nostalgie bienvenue par les temps qui courent. Cela étant dit, Cybernetyczne Igraszki n’aurait pas grand intérêt s’il n’était porté par de très bonnes compositions. On mentionnera tout particulièrement BRUKSELA PARYŻ, le morceau éponyme et, surtout, le tonitruant SŁONECZNE WOJNY, l’un des sommets de l’album. On pense à Kraftwerk, bien sûr, mais aussi aux compils Synthétiseurs, les plus grands thèmes des années 90 (avec le sticker "Vu à la TV") et parfois encore, dans ses meilleurs moments, au Jemek Jemowit des débuts (une sacré référence). Brenda i Funky s’autorise quelques envolées kosmiche (SŁONECZNE WOJNY, donc, ou l’instrumental PLATEAU qui aurait pu servir de pré-générique à n’importe quel épisode de "Buck Rogers") ou romantiques avec la ballade TRANSGALAKTYCZNY CASANOVA que l’on jurerait sortie de la compil Elektro Pioniri  parue il y a deux ans chez Cœur Sur Toi. Cerise sur le gâteau, cet excellent Cybernetyczne Igraszki est disponible à prix libre dans son édition digitale. Les puristes, eux, se l’offriront dans son édition cassette et l’écouteront, le volume poussé au maximum, pied au plancher dans la Skoda familiale. Dépaysement garanti.