On a toujours nourri - comme pas mal de monde sous nos horizons semble-t-il - une certaine sympathie pour Nada Surf, moins finalement pour le tube Popular (déjà à rebours à l’époque, avec son spoken word harangueur et plein d’ironie, de leurs pop songs électriques aux mélodies vocales lyriques et immédiates) que pour le superbe Let Go, sommet discographique dont les ballades douces-amères n’ont jamais plus été égalées par la suite par Matthew Caws et sa bande en termes d’épure, de clarté et de mélancolie ; pour la sympathie affichée de ces derniers, et peut-être plus encore, entre nous, pour nous avoir fait découvrir en première partie de leur tournée française de The Weight Is A Gift en 2006 la précieuse Inara George.

Alors, que dire de ce 10e opus en presque 30 ans des désormais sexagénaires ou pas loin, si ce n’est qu’ils ont définitivement laissés loin derrière leurs anciens cousins Weezer, en chute libre depuis la deuxième moitié des années 2000 ? Eh bien que c’est toujours agréable à l’oreille et peu original (malgré les petits éclairs d’arrangements 60s de The One You Want ou les semblants de tourbillons shoegaze des guitares sur plusieurs titres comme par exemple In Front of Me Now), dans un registre électrique aux élans romantiques de grands ados dans l’âme qui refuseraient de vieillir (mais n’est-ce pas là une partie de l’essence du rock, et à plus forte raison de la power pop ?), que les mélodies transpirent toujours la sincérité même si ça dégouline un brin ici et là (avec Los​​ing notamment, leurs ballades ne sont plus tout à fait ce qu’elles furent), que les voix doublées font toujours leur petit effet... et que coller un instantané désarmant en entame de disque est toujours une idée à double tranchant (ici Second Skin donc, que rien ne viendra vraiment tutoyer par la suite).

Pas trop d’intérêt à vrai dire pour les morceaux les plus rentre-dedans du disque, Intel and Dreams en tête, auxquels on préfèrera les slow burners New Propeller et Floater, en particulier ce dernier avec de beaux restes du Nada Surf rêveur circa 2002. Un cru décent mais sans vraies étincelles en somme.