Belle surprise que nous fait l’excellent mais trop rare label canadien Marionette, réputé pour son goût des musiques électro-acoustiques semi-improvisées comme en témoignait notamment en 2021 cette chouette collaboration bien de chez nous, en accueillant ces jours-ci le génial percussionniste et batteur italien Andrea Belfi, une vingtaine de mois après la capiteuse incursion ambient-jazz d’Eternally Frozen.

Associé cette fois au guitariste australien Jules Reidy, adepte comme lui de métissages électroniques dilatant les frontières connues de son instrument de prédilection, l’auteur d’Alveare semble d’abord changer de paradigme à l’entame de ce dessus oben alto up, dont l’intitulé condense les titres des 4 morceaux qui le constituent (le mot "dessus" en 4 langues), avec une ouverture particulièrement feutrée quelque part entre folk scintillante, electronica contemplative et jazz cotonneux. Mais chassez le naturel et il ne faut pas bien longtemps pour le voir revenir au galop, et la batterie, d’abord par à-coups sur un oben libertaire et psyché, puis au gré d’une dynamique fébrile et hypnotique sur alto au diapason des riffs acoustiques hachurés de Reidy et de motifs kosmische semi-aléatoires, a tôt fait de sortir de sa réserve, tutoyant à nouveau les abstractions électroniques que l’on connaît à l’ancien pensionnaire de Room40 et iikki.

Quant à up, sa longue redescente rampante et irradiée de plus d’un quart d’heure semble inventer un blues stellaire aussi primal qu’envoûtant, stimulant aussi bien le cortex reptilien que le siège de nos rêves les plus intrigants. Passionnant, au point probablement de rebattre les cartes de nos futurs classements de fin d’année autour desquels un début de réflexion commence à s’engager dans les couloirs de la rédaction...