Blur - Think Tank
Retour sur ce superbe Think Tank à l’heure où l’idée d’un split des anglais revient à l’ordre du jour...
1. Ambulance
2. Out of Time
3. Crazy Beat
4. Good Song
5. On the Way to the Club
6. Brothers and Sisters
7. Caravan
8. We’ve Got a File on You
9. Moroccan Peoples Revolutionary Bowls Club
10. Sweet Song
11. Jets
12. Gene by Gene
13. Battery in Your Leg
Think Tank . A ce jour le dernier album de Blur. On le sait déjà avant que ne sorte cet album, Blur a changé. Depuis 1997 en fait. Depuis ce fameux album éponyme. Puis 13 enfonça le clou 2 ans plus tard. Lassé des errements brit-pop. Avide de conquérir un public nouveau. Plus ténébreux. Blur s’est assagi en quelque sorte. Laissant la concurrence brit-pop loin derrière. Alors forcément. Forcément, l’abandon des tubes à la Boys & Girls ne plaît pas à tout le monde. Graham Coxon exprime dès le début de l’enregistrement de 13 des doutes. Il craint que la direction prise par le navire Blur ne soit pas celle qu’il désire. Les séances de Think Tank -commencées en 2001- sont encore plus hachées et houleuses que celles de son prédécesseur. Coxon part voguer en solitaire. Définitivement. Albarn veut prolonger le chemin construit par Blur et 13 . Entre temps, le bonhomme a mené des projets parallèles. Mali Music tout d’abord. Puis Gorillaz. Son inattendu carton. Albarn souhaite intégrer dans Blur ce qu’il a tiré de ses nouvelles expériences. En 2003 sort donc Think Tank.
Le premier titre met dans l’ambiance. Ambulance. Titre sinueux. Moins facile encore que les dernières réalisations du combo. Le son est crasseux. Un saxophone qui se balade. Une puissante basse. Oui. Blur a définitivement changé. Out of Time. Le premier single. Une claque. Le titre est comme son titre l’indique hors du temps. Dans tout les sens du terme. Une délicate mélancolie rétro s’en échappe. Le chant de Albarn est sublime, transcendé. Le refrain offre un regard lucide sur la société d’aujourd’hui. “And you’ve been so busy lately/That you havent found the time/To open up your mind/And watch the world spinning gently out of time”. Un chef d’œuvre. Puis la blague. Crazy Beat. Une plaisanterie comme seul Albarn sait en faire. Qui de suite nous fait descendre du fragile nuage dressé par ce début d’album. Honnêtement, un titre affreux. Un voix de canard funkoïde. En plus d’être horriblement mauvais ce titre est complètement décalé par rapport au reste de l’album. Albarn qui nous regarde depuis le nuage sur lequel il est resté perché en rigole encore. Mais tout cela est vite rattrapé. Good Song. Encore un titre à la beauté fatale. On ne reste pas en ligne droite sur les titres de Think Tank . Toujours un virage placé qui nous oblige à rester attentif. Comme une route de montagne. Jamais le pilote automatique n’est déclenché. Jamais. Les paroles de ce titre confirment ce que Out of Time laissait entrevoir. Ce titre est peut être plus optimiste. Tv’s Dead/And there ain’t no war in my head. Miroir inversé de notre société ? Albarn nous laisse en tout cas pour la première fois un disque presque politique. Critique en tout cas. Sur la société contemporaine. Ses abus. Ce qu’elle est devenue. De bout en bout cet album sent la défaite. A plein nez. On the Way to the Club. Les influences de Gorillaz se font plus claires sur ce titre. Tortueux. Laissant apparaître ses influences dub. La partie chantée, bien que courte est poignante. A donner des frissons. Vient ensuite Brothers & Sisters. Sa rythmique hypnotique. Toujours l’électro-pop de Gorillaz. We’re all drug takers nous scande Albarn. On se sent oppressé. Presque enfermé. Un moyen de transmettre la résignation de son auteur ? Un nouveau changement de décor. Caravan. Un titre rêveur. Un calme somptueux. Le son est voluptueux et luxuriant. Une fuite.
Puis Albarn nous refait le même coup fumeux. Une nouvelle plaisanterie. On tombe de notre refuge en coton timidement construit. Un faux hymne punk. We’ve got a file on You. Ils jouent avec nos nerfs. Sauf que cette fois le groupe a compris. Les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures. En 1 minutes et 30 secondes, la plaisanterie de mauvais goût prend fin.
Maintenant le reste de l’album ne sera qu’un chemin long et exiguë à l’intérieur de l’esprit de Albarn. Car sur 13 il devait encore composer avec Coxon. Mais ce dernier parti il se retrouve seul maitre à bord. Dirige sa barque comme bon lui semble. Moroccan People Revolutionnary Bowls Club poursuit le disque. La chanson est au moins aussi barrée que le titre. Le morceau rempli de sons bizarres nous donne une idée du trajet que Albarn a parcouru depuis les premiers albums de Blur. “On ne devient pas musicien, dit-il c’est un but inaccessible mais le voyage est passionnant”. Oui un voyage. C’est peut-être ce que nous propose Blur dans cet album. Dépaysant. La douceur des ballades de Think Tank est incomparable. Sweet Song est dans cette veine. Toujours ces textes pessimistes. Glaciaux et réalistes. “All our lives on TV/ You Switch off and try to sleep/ People get so Lonely”. Calme et classieuse Sweet Song accompagnera vos pluvieux après-midi de Janvier et vos étoilées nuits d’été. Albarn continue de nous hisser au sommet avec le très jazzy Jets. Son unique vers tournant en rond - “Jets are commets at Sunset” - on se laisse bercer. Puis au milieu de la chanson sorti de nulle part...un solo de saxophone. Le sourire au coin des lèvres. Rien n’était moins attendu que ça. Ils ont gagné. Gene by Gene quand à lui nous prépare à l’assaut final. Battery in your Leg. “This is a Ballad for the Good Times” nous chante Albarn dans un son pour une fois clair.
On arrive au sommet. Au bout du voyage. A l’heure où l’ombre menaçante du split plane une nouvelle fois sur Blur on peut considérer Think Tank comme l’œuvre de musiciens accomplis. L’œuvre d’un Damon Albarn faisant la somme de ses influences avant de donner un nouvel élan à sa carrière. Mélancolique puis tour à tour oppressant et poignant, parfois même inquiétant, Think Tank est le reflet de la société vu par Albarn. Cela pourrait bien être aussi la parfaite bande-son de ce début de 3e millénaire. “Le voyage est passionnant.” Albarn est grand.
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