On n’oublie pas Emilíana

Pour peu que vous ayez jeté un oeil aux têtes de gondole de l’un ou l’autre distributeur de biens culturels ces derniers temps, vous aurez sans doute remarqué la sortie toujours chez Rough Trade d’un nouvel album d’Emilíana Torrini. Car l’Islandaise, même un peu oubliée par la presse en cette rentrée chargée, n’en jouit pas moins dans nos contrées de son petit succès, justifié côté indé par son superbe cinquième opus - le troisième distribué hors du pays des elfes - Fisherman’s Woman paru en 2004, et même côté grand public depuis fin 2002 et son apparition en tant que vocaliste sur la bande originale des Deux Tours, le second volet du Seigneur des Anneaux dont elle interprétait le générique de fin.

Emotionnellement plus léger que son prédécesseur diront certains, joliment décomplexé répondront les autres après avoir goûté à la folie douce du tubesque et inattendu Jungle Drum, à la lourde atmosphère blues-rock de Gun, à la folktronica crépitante et hypnotique de Dead Duck ou aux incursions ska (!) du single éponyme ou du plus sombre Heard It All Before, Me And Armini (voir le tracklisting), sixième livraison disponible un peu partout depuis le 8 septembre, n’en oublie pas pour autant de ménager son lot de pépites au charme pop-folk un brin désuet dont la chanteuse a su conserver le secret, du lumineux Big Jumps au mélancolique Birds soutenu par une basse gainsbourienne du plus bel effet, en passant par Ha Ha, agité sous la surface par quelques réminiscences psychotiques dues sans doute à la production de Dan Carey toujours présent aux manettes, ou encore le nostalgique Beggar’s Prayer, élevé jusqu’aux cieux par la grâce de superbes coeurs éthérés. Pas si léger malgré tout cet album, vous l’aurez compris, et tout à fait indispensable, comme vous pourrez le constater en allant y jeter une oreille sur Deezer.

News - 18.09.2008 par RabbitInYourHeadlights