Sugar Sugar s’appuie sur son titre éponyme et inaugural pour attirer l’auditeur dans ses filets. Des filets sucrés, collants, qui, s’y l’on s’approche d’un peu trop près, nous agrippent tels une toile d’araignée. La demoiselle aux huit pattes en question se nomme Juliette et est incontestablement la reine des lieux. Les moucherons que nous sommes seront probablement nombreux à se laisser prendre au piège de ce tube irrésistible au potentiel radiophonique certain. Et nous serons probablement autant de bienheureux à découvrir par la suite un univers de charme plus posé, aux multiples facettes, et emmené à chaque instant par une voix d’une beauté rare. En effet, le chant de Juliette Paquereau n’est pas sans rappeler celui de Inara George, et comme celui de l’américaine a déjà fait des ravages au sein de notre équipe, que ce soit sur son album All Rise ou avec The Bird and the Bee, il est fort à parier que notre petite française bénéficie des meilleurs atouts pour ameuter les foules.
Un talent naturel qui constitue de bonnes fondations à un album dont le ciment est apporté par les riches contributions de Rémy Galichet et Julien Perraudeau. Car Sugar Sugar c’est aussi l’agréable découverte d’arrangements variés, nés de la polyvalence des deux musiciens, où cordes, cuivres et claviers sont judicieusement distribués pour façonner cette pop classieuse et déclinée sous de nombreux accents (jazz, folk, etc…). Le moins que l’on puisse dire est que l’invitation à la rêverie est permanente et que les instrumentalisations choisies épousent parfaitement les tableaux dressés et nous embarquent outre-Manche dans des atmosphères aux parfums parfois vieux de quelques dizaines d’années mais joliment remis au goût du jour.

Avec cet album, on se sentirait presque embarqué au théâtre, à observer une pièce dont le premier acte enjoué évoque, juste le temps de You don’t have to cry, les écossais de Belle & Sebastian. Un brassage de costumes et décors nous seraient alors dévoilés, alternant les ambiances plus mélancoliques, parfois romantiques, exotiques (Merry Dance et sa rythmique latine) ou même dignes d’un polar ( Kate Weal, Johnny Call & Mr Rose). Et enfin le rideau se refermerait sur Farewell qui vient vous arracher les une ou deux larmes que vous n’auriez pas encore versées à l’écoute de Ana May. Grâce à un refrain bouleversant au même titre que celui de Fools in Love extrait du All Rise justement cité précédemment, le trio nous offre un final somptueux sur quelques boucles vocales angéliques.

Vous en arriverez peut-être à penser qu’un tel descriptif élogieux peut perdre de sa crédibilité ou laisser transparaître un parti pris un peu trop personnel quand on parle d’une petite formation française dont les moyens sont de toute évidence bien plus modestes que ceux des grosses cylindrées. Alors soit ! Vous voici au défi de venir contrebalancer ce tableau dressé sous réserve de ne pas venir porter plainte pour cause d’incitation à l’envoûtement avec préméditation.

« Andy si tu plonges je te suis, Andy dis moi oui ! »

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