Si beaucoup l’avait secrètement rêvé en producteur hip-hop du temps des premiers Portishead, qui aurait imaginé retrouver cette année l’Anglais Geoff Barrow - parti fureter entretemps du côté du krautrock avec Third, son trio BEAK> ou encore la production du premier album remarqué d’Anika - aux manettes d’un collectif de rappeurs du label californien Stones Throw ?
Dans le rôle habituellement réservé à Madlib, c’est pourtant bien sous le pseudonyme de Fuzzface que le metteur en son refait surface avec Quakers (en référence au tremblement de terre = "earthquake" de la pochette et non pas à la société religieuse du même nom), associé à l’ingénieur du son de Portishead Stuart Matthews aka 7-Stu-7 et au DJ australien Katalyst pour livrer en pâture pas moins de 41 instrus aux interventions en liberté d’une trentaine d’invités de tous horizons (les inconnus côtoyant des célébrités telles que Booty Brown de The Pharcyde, Prince Po, Aloe Blacc ou Dead Prez) sur un album éponyme prévu pour le 27 mars.
Deux titres ont déjà filtré, Fitta Happier dont le gimmick rend bel et bien hommage à Radiohead mais plutôt via la ligne de basse de The National Anthem revue et corrigée façon marching band que par le biais du fameux interlude d’ OK Computer (même si l’on y entend aussi un bout d’Optimistic), Guilty Simpson et MED se partageant le micro :
... et War Drums qui porte bien son nom, toujours avec Guilty Simpson mais accompagné cette fois de Phat Kat, ancien compère de Jay Dee au sein de 1st Down :
Soit une entrée en matière aussi efficace que minimaliste, parfaitement raccord avec l’univers de Stones Throw au risque de décevoir les fans de Portishead qui s’attendaient peut-être à davantage de mélancolie. Quant à Barrow, son année musicale ne devrait pas être de tout repos puisqu’on nous annonce, outre le prochain Portishead qui en serait semble-t-il à la phase du studio, un deuxième opus de BEAK> ainsi que les débuts discographiques d’un nouveau projet, Drokk, en collaboration avec le compositeur Ben Salisbury (croisé aux choeurs sur Third ) et inspiré par l’univers du comics Judge Dredd (!) dans une veine synthétique oppressante à la John Carpenter.
Extraits (plutôt prometteur) ci-dessous via la sampler du label du Bristolien, Invada Records :