Le streaming du jour #320 : Frank Riggio - ’Psychexcess I : Presentism’

On dit que chez les Riggio, ces messieurs viennent de Mars et ces dames de Venus. Alors que la chevelure dressée du bout de chou sur la pochette semble donner corps à tout un univers imaginaire en plein big-bang, le papa aux manettes en traduit toute l’impure perfection au gré des beats mutants, distordus, saturés et des percussions en liberté, plus graciles ou parfois tribales, accompagnant de nappes stellaires en traînes d’arrangements lancinants la fascinante expansion de cet infini foisonnement organique. Un véritable sortilège d’envoûtement, aux puissants effluves d’irréalité et pourtant si familier, tangible même à l’écoute de ce quatrième opus du Toulousain, le premier chez Hymen Records.

Fort de son incursion dans l’épure et la pure abstraction avec l’EP Distosolista, seconde moitié de ce fameux diptyque emboîté dont on vous vantait la virtuosité l’an dernier dans nos pages, le beatmaker d’origine sicilienne que l’on n’ose même plus comparer à son mentor Amon Tobin tant il semble désormais avoir deux trains d’avance - et à ce(s) train(s)-là imaginez un peu à quoi ressemblera son Foley Room une fois parvenu au stade du sixième opus - introduit sa trilogie Psychexcess dédiée à l’affranchissement des contraintes de l’esprit et à l’acceptation de l’inconnu en réinventant son approche de l’électro cinématique, rien de moins. Véritable galaxie en expansion, Presentism prend le contrepied du maximaliste Symmetric Human Door toujours en libre téléchargement via Bandcamp pour se nourrir du vide sidéral autant que des étoiles elles-mêmes.

Ces sons que l’on entend sont-ils électroniques, analogiques, acoustiques... naturels ? Génétiquement modifiés ? Là où l’on pouvait encore discerner, il n’y a pas si longtemps, l’influence du jazz et du trip-hop tant dans les humeurs des instruments à vent que dans certains passages plus feutrés aux rythmiques downtempo, Presentism, plus que jamais axé sur l’atmosphère et la texture, nous laisse entrevoir la possibilité d’un jazz toujours à inventer. Un soundscaping non plus synthétique mais végétal, une musique dont les circonvolutions épouseraient la croissance des tissus en accéléré et la respiration des mitochondries en pleine production d’énergie, où la pénétration du rostre d’un puceron dans le phloème d’une tige de rosier revêtirait la dimension épique d’une invasion extra-terrestre filmée par Paul Verhoeven. Mais tout ça vu d’un trou noir par le télescope Hubble devenue la dernière intelligence artificielle post-humaine, dans une ultime et vertigineuse tentative de vision en plongée pour comprendre le sens de la vie avant d’être aspiré dans le vortex d’antimatière... ou quelque chose comme ça.

On n’en dira pas plus, il vous appartient désormais de vous frayer un chemin dans le labyrinthe de Presentism, de libérer votre inconscient pour en découvrir les mystères, au risque le cas échéant de n’y trouver que le reflet de vos angoisses les plus profondément enfouies :


Streaming du jour - 02.03.2012 par RabbitInYourHeadlights
... et plus si affinités ...
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