2010 au coin du feu (de camp)

En 2010, pour le pire ou le meilleur, la musique est devenue "gratuite". D’un côté, Deezer ou Spotify et leur streaming légal donnant l’illusion de rémunérer les artistes à l’écoute et changeant les habitudes des mélomanes à coup de publicités tout sauf indé : au mieux un moyen de découvrir les albums dans des conditions pas franchement idéales pour ne pas dire exécrables, mais plus vraisemblablement le dernier rempart franchi vers une consommation fast-food de la musique au diapason des offres globales que proposeront bientôt les FAI. Ainsi d’Orange ou SFR courtisant avec une insistance grandissante ces nouveaux médias qui ont tout à perdre dans l’histoire et en premier lieu leur penchant vers un catalogue indé qu’on imagine mal résister à une optimisation des profits.

De l’autre côté heureusement, il y a toujours Bandcamp, qui prend 15% sur les ventes digitales (ramenés à 10 à partir de 5000 $ récoltés) et 10% sur les ventes physiques contre la possibilité offerte aux artistes de partager leurs œuvres en toute liberté (écoute totale ou partielle, libre téléchargement, prix fixé ou choisi, diversité des offres et des supports). Un modèle qui doit parfois plier pour résister (cf. le crédit de téléchargements gratuits désormais limité à 200 par mois à moins d’y mettre le prix... concept quelque peu paradoxal) et dont on était en droit de douter de la viabilité jusqu’au 20 juillet dernier qui vit la chanteuse des Dresden Dolls, alors fraîchement libérée de son contrat avec Roadrunner Records (et depuis peu mariée à l’auteur Neil Gaiman pour la petite histoire), écouler en 3 minutes pour 15 000 $ de musique et de merchandising à l’occasion de la mise en ligne de son EP Amanda Palmer Performs The Popular Hits Of Radiohead On Her Magical Ukulele. Au demeurant une déception artistique pour beaucoup, mais qui allait dépasser les 4000 exemplaires vendus avant la fin de la journée, faisant de l’Américaine le porte-drapeau rêvé de la plateforme. A titre de comparaison, précisons que pour son album Who Killed Amanda Palmer ? - et sur deux ans - Roadrunner, pourtant une filiale de Warner, ne lui avait pas ramené autant d’argent.

Alors évidemment, une chanteuse culte reprenant un groupe mythique à l’issue d’une confrontation musicien/label qui venait de défrayer la chronique, l’exemple n’est pas vraiment généralisable. Mais le fait est qu’avec Bandcamp l’auditeur est en contact direct avec l’artiste et sait où va l’argent, deux bonnes raisons pour ne pas se limiter à l’écoute gratuite en cas d’affinité. Et deux bonnes raisons accessoirement pour vous proposer ce bilan tout à fait subjectif qui n’a rien d’un classement exhaustif mais a pour avantage de se consulter en musique sans avoir à verser même indirectement le moindre centime à Universal, Sony, EMI ou Warner : les 33 meilleurs disques de 2010, albums, EPs ou autres, en écoute intégrale sur Bandcamp, tout simplement.


1 - 11


Oval - O

"Un double album de deux heures pour 70 titres au son très homogène et où l’on ne s’ennuie pourtant pas une seconde, ne serait-ce que par la diversité des impressions, atmosphères et sentiments évoqués par ces captivantes miniatures. Limpides ou alambiqués, méditatifs ou fulgurants, mélodiques ou intrigants d’instabilité souterraine, épurés ou sous-tendus d’infrabasses et autres vibrations fugaces, les 20 morceaux du premier CD parfois rythmés par une véritable batterie en liberté rivalisent de virtuosité glitchy avec les "ringtones" du second, plus expéditifs et minimalistes mais tout aussi fascinants et insaisissables, comme une série d’instantanés synthétiques programmés avec la spontanéité d’une impro acoustique."

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Et plus si affinités :

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Autechre - Oversteps


Methuselah - A Great Leap In The Dark

Avant d’enchaîner avec les errances mystiques d’un Invocation plus acoustique et minimaliste, le mystérieux duo de Colombus, Ohio dont les membres Adam Wetterhan (Sun Thief, Shadowclast) et Luke Knight (Apollo, We Were Ravens) nous sont aussi peu connus que leurs projets respectifs inauguraient leur collaboration avec ce monument drone ambient proprement écrasant, dont les nappes ténébreuses et autres drones transcendantaux sous-tendus de pulsations post-industrielles rappelleront aux amateurs les abysses déjà explorées par Tim Hecker, Aidan Baker ou Dead Letters Spell Out Dead Words.

Et plus si affinités :

- Également en écoute : Methuselah - Invocation

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Oren Ambarchi, Jim O’Rourke & Keiji Haino - Tima Formosa


Frank Riggio - Symmetric Human Door

"Aucun français n’aura cette année tutoyé les cimes d’aussi près que Frank Riggio avec Symmetric Human Door. Symétrique, organique, opaque et capable de se refermer sur lui-même comme de s’ouvrir à tous les possibles, finalement rien de mieux que le titre de ce troisième opus pour décrire la musique du Toulousain, héritier direct du soundscaping au scalpel d’Amon Tobin, des abstractions virtuoses de DJ Shadow et de la sensibilité cinématique et impressionniste de Funky Porcini. Le tout en très, très noir, mais sans que l’atmosphère aux arrangements métissés, bien que particulièrement dense et travaillée, ne nuise jamais à l’efficacité d’un beatmaking lorgnant par moments sur le jazz ou l’IDM."

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Et plus si affinités :

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : L’Oniraunote - Les Chimères Exquises


Two Left Ears - Lazy Trace

"Entre électronica glitchy, hip-hop instrumental syncopé, IDM malmenée et réminiscences jazzy ou néo-classiques, le premier album de Two Left Ears joue ouvertement sur le terrain des Depth Affect et autre Prefuse 73 mais revendique sa différence du côté de la production - empilant boucles de bruits d’objets et nappes de grouillements organiques - comme des arrangements, des violons plus ou moins mélancoliques, rêveurs ou inquiétants aux digressions décadrées des bois ou des claviers sans oublier bien sûr cette contrebasse qui sous-tend nombre de morceaux de son groove old school. Le bidouilleur en chef Mathieu Adamski et ses compagnons instrumentistes rivalisent d’inventivité et de virtuosité faussement bancale pour livrer avec Lazy Trace un OVNI des plus passionnants."

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Et plus si affinités :

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Take - Only Mountain


Valgeir Sigurðsson - Draumalandið

A l’image du récent The Invisibles signé par son compère Ben Frost, le deuxième album de Valgeir Sigurðsson prend la forme d’une BO, en l’occurrence pour le documentaire islandais du même nom ("Dreamland" en anglais) sur la dilapidation des ressources naturelles du pays mais avec une toute autre ambition. Outre Frost aux programmations électroniques orageuses sur trois morceaux, on y retrouve ainsi la fine fleur des habitués de leur label Bedroom Community, de Nico Mulhy au piano minimaliste et claviers divers à Hildur Guðnadóttir au violoncelle solo en passant par Sam Amidon - lui-même auteur cette année du beau I See The Sign également en écoute via Bandcamp - au banjo et au chant sur le titre introductif, principaux artisans d’un univers fort en contrastes : tour à tour lyrique et impressionniste, tempétueux et serein, évoquant tantôt les grands espaces de la nature islandaise, tantôt les fêlures intimes de ses habitants avec des arrangements de cordes troublants qui rappelleront aux cinéphiles le Howard Shore de la grande époque pour Cronenberg.

Et plus si affinités :

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Jan Bang - ... And Poppies From Kandahar


Melodica Deathship - Doom Your Cities, Doom Your Towns

Avec pareil titre et des invités tels que Steve Von Till (Neurosis, Harvestman) et James Plotkin (Khanate, Scorn), le duo de Dublin vu en première partie d’Anti-Pop Consortium se devait forcément de tenir ses promesses de doom hip-hop. Mais pour autant pas de véritable chape de plomb noisy à la Dälek ici, l’influence première demeurant ce folklore irlandais qu’Exile Eye et DJ Mek, membres du collectif Narcorpses, revisitent à leur sauce menaçante et hantée dans la lignée de Company Flow ou El-P, beats pesants, nappes dark-ambient, arrangements spectraux et flow d’outre-tombe au programme. Un disque puissant et vénéneux.

Et plus si affinités :

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : The Blood Of Heroes - s/t


Sarah Kirkland Snider (w/ Shara Worden & Signal) - Penelope

"La compositrice new-yorkaise adapte pour ce premier album une œuvre musicale commissionnée pour une pièce de théâtre lyrique mettant en scène le retour après 20 ans d’absence d’un blessé de guerre amnésique auprès de sa femme, qui l’aidera à retrouver ses souvenirs et à se libérer de son trauma en lui faisant la lecture de l’Odyssée d’Homère. Une œuvre ambitieuse dont le romantisme vocal aux émotions tout en retenue oppose une dimension profondément intime aux envolées épiques de l’ensemble Signal, lequel appuie ses orchestrations dramatiques aux arrangements troublants sur une assise presque post-rock et teintée d’électronique impressionniste, ce tourbillon intérieur de sentiments ambivalents trouvant écho dans une geste chamber-folk paradoxalement homérique."

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Et plus si affinités :

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : The Magic Theatre - London Town


Aidan Baker - Broken & Remade

Généreuse idée qu’a eue Aidan Baker ces derniers jours de mettre à disposition via Bandcamp la part de sa discographie pléthorique autodistribuée par son propre label maison Broken Spine Productions. L’occasion pour le fan moyen de rattraper son retard du côté Nadja de la force avec pas moins de quatre albums notables ces derniers mois dont deux belles collaborations avec Troum et OvO, et si manque en solo son chef-d’oeuvre de l’année, le mystique et tourmenté Liminoid/Lifeforms, on ne perd pas grand chose au change avec cette surprise du chef : un véritable OVNI free noise, post-rock, post-jazz, post-shoegaze, post-un-peu-tout en fait, composé à partir de samples instrumentaux d’à peine quelques secondes. Point de chape de plomb doomesque ou de drones méditatifs ici mais un édifice aussi instable que monolithique, un espace d’expérimentation inédit, ouvert à tous les possibles mais pas forcément à toutes les oreilles, et il faudra en effet en avoir une paire bien accrochées pour survivre à la claustrophobie de ce labyrinthe glitch/noise au groove abstrait dont les chemins souvent se ressemblent sans que l’on sache pourtant jamais où ils s’apprêtent à nous mener.

Et plus si affinités :

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Serena-Maneesh - No 2 : Abyss In B Minor


36 - Tape Series : Blue

A l’image du polonais Pleq ou du hollandais Machinefabriek butinant d’un label à l’autre et multipliant les collaborations, 36 fait partie de ces artisans de l’ambient dont l’envie et l’inspiration ne s’embarrassent d’aucune considération égocentrique. Nulle question pour eux de se faire désirer, ou de faire monter le buzz à l’image d’un Burial disparu de la circulation depuis 2006 après moult annonces de projets excitants. 36, pourtant, est tout aussi autiste et mystérieux mais plutôt que son propre mythe, c’est une oeuvre colossale et généreuse que s’emploie à édifier cet héritier des Brian Eno, Stars Of The Lid ou Tim Hecker. Au point que du fondamental et fantomatique Hollow à l’ample et cinématique Memories In Widescreen en passant par le plus sombre et sci-fi Red, c’est sur un album de remixes édité à... 36 exemplaires que culminait cette année le soundscaping de l’Anglais Dennis Huddleston, projection monolithique d’une infinité de sensations sous l’apparence austère d’un océan pourtant grouillant de vie.

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Et plus si affinités :

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Pleq & Segue - The Seed


Spain - Blue Moods Of Spain : A History, Pt. 1 (1993)

"Le premier volet d’une série de compilations au contenu 100% inédit retraçant l’histoire de Spain de ses débuts en 1993 jusqu’à sa mise en sommeil provisoire en 2001. L’occasion de constater à quel point la folk neurasthénique de Spain, dans son line-up historique ou non, demeure sans équivalent à l’heure actuelle, d’autant qu’avec ces morceaux livrés à l’état brut c’est une facette du groupe plus minimaliste que jamais qui se révèle à nous : des complaintes d’outre-tombe à la reverb’ fantomatique qui doivent finalement moins au jazz et au gospel dont l’influence allait se révéler prépondérante sur The Blue Moods Of Spain qu’aux premières amours punk et DIY d’un Josh Haden plus majestueux que jamais dans ce linceul de dépouillement spleenétique."

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Et plus si affinités :

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Tindersticks - Falling Down A Mountain


The Sight Below - It All Falls Apart

Pas franchement avare en sorties de qualité sous son véritable patronyme, Rafael Anton Irisarri nous proposait ainsi ces dernières semaines via Bandcamp live (en forme d’album) et démos (en guise d’EP) documentant son parcours déjà remarquable d’impressionniste du drone ambient. Culminant cette année avec un deuxième opus The North Blend logiquement paru chez Room40 dont les vagues de drones brumeux surplombées de nappes de claviers aux mélodies irréelles convoquaient Stars Of The Lid et Angelo Badalamenti dans un lent ballet métaphysique, mais aussi sur l’EP Reverie dont les méditations spleenétiques ouvertes aux accords impressionnistes d’un piano nostalgique traçaient un pont entre Debussy et Machinefabriek avec au passage une superbe reprise d’Arvo Pärt, c’est pourtant en tant que The Sight Below et avec un coup de pouce de l’anglais Simon Scott batteur de feu Slowdive ici à la guitare et aux machines que le talent de l’Américain nous aura le plus impressionnés en 2010. Réminiscent du son de la grande époque de Flying Saucer Attack aux confins d’un drone ambient imposant et d’un shoegaze abstrait, cette symphonie pour drones éthérés, bruit blanc, beats assourdis et arrangements étouffés, deuxième opus d’un projet déjà adoubé par Thom Yorke ravira par ailleurs les amateurs les moins dogmatiques de Joy Division avec une reprise aussi cotonneuse qu’élégante de New Dawn Fades, interprétée par Jesy Fortino aka Tiny Vipers.

Et plus si affinités :

- Également en écoute : Rafael Anton Irisarri - The North Bend / Reverie EP / Live

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Yellow Swans - Going Places


12 - 22


Noveller - Beneath The Basin EP

Fascinante cette année sur disque - Desert Fires, chroniqué ici et désormais en écoute intégrale sur Bandcamp tout comme son premier opus plus abrasif et tourmenté de l’an dernier, Red Rainbows - aussi bien qu’en concert en première partie d’Aidan Baker, Sarah Lipstate remettait il y a peu le couvert au côté d’unFact pour un split album partagé à égale durée entre ses denses méditations guitaristiques - terminant sur le final inhabituellement épique du génial Bleached Beach - et les drones spatiaux de l’ancien bassiste de The Jesus Lizard. Un Bleached Valentine également disponible via Bandcamp mais auquel on a préféré ce fabuleux EP limité offert à l’écoute après épuisement des stocks, tant il marque une nouvelle évolution dans le style musical de la New-Yorkaise qui confronte ici ses drones de guitare à effets plus tâtonnants et angoissés qu’à l’accoutumée aux errances atonales d’arpèges cristallins sur Before Sainthood ou à des grouillements cosmiques sur Riot, faisant même la part belle aux accords nostalgiques d’un piano préparé avec Paris Sketch. Captivant et particulièrement prometteur pour la suite.

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Et plus si affinités :

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Masayoshi Fujita & Jan Jelinek - Bird, Lake, Objects


Eluvium - Static Nocturne

Tout juste revenu de l’expérience vocale du superbe Similes qui voyait en début d’année le drone ambient de ses débuts se frotter à une dream-pop aux arrangements délicats emballée par de subtiles percussions électroniques symbolisant la fuite du temps, c’est à un véritable retour aux sources que nous convie Matthew Cooper avec cette première sortie sur son nouveau label Watership Sounds : une piste unique pour 50 minutes purement instrumentales de drone mélodique et autres accords de piano méditatifs sur fond de bruit blanc à la densité fluctuante, évoquant aussi bien le ressac des vagues que les marées lunaires. Soit un nouveau chef-d’oeuvre pour cet enfant illégitime et pourtant difficile à renier d’Erik Satie et de Brian Eno.

Et plus si affinités :

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Yui Onodera & Celer - Generic City


Template - Third Hindsight EP (2009)

On se permettra une légère entorse à la règle pour cette première réalisation du projet solo de Gregory Hoepffner (Painting By Numbers, Dawnshape, Radius System) mais force est d’avouer qu’à moins de connaître le Parisien en personne il eu été bien difficile de se procurer l’objet en 2009. Heureusement, il y a Bandcamp pour réhabiliter ce petit chef-d’oeuvre à dominance instrumentale où des beats à la croisée du math-rock et d’une IDM post-industrielle se jouent des vagues de drones et autres nappes cosmiques dans un ballet épique dignes des meilleures compositions de Justin Broadrick. Tout simplement le meilleur EP de ces deux dernières années.

Et plus si affinités :

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Pale Sketcher - Jesu : Pale Sketches Demixed


Hidden Fortress - All That Is

Entre l’irish hip-hop oppressant de Melodica Deathship, l’horrorcore cinématique des Français Mister Modo & Ugly Mac Beer, l’album d’Awol One & Ecid ou dans un autre esprit les trois EPs en libre téléchargement de l’Américain Pretty Lights héritier du RJD2 des débuts, les orphelins du label Def Jux des El-P et Cannibal Ox ont retrouvé cette année le chemin du bercail. Pas vraiment du genre "Home Sweet Home" soit dit en passant mais pour peu de cultiver un goût malsain pour les breakbeats acérés, les rythmiques lourdes, nappes inquiétantes et autres couplets menaçants d’un hip-hop apocalyptique et glaçant, on se sent forcément comme chez soi du côté de Vancouver avec le rappeur nofutureface au service et son compère DJ UsdNeedls aux fourneaux. Un premier album impressionnant précédé d’un EP du même acabit et furetant du côté des abstractions électroniques comme du hip-hop japonais avec la participation du prometteur Kaigen déjà croisé cette année sur un split single avec Sole en personne le temps d’un titre produit par Thavius Beck.

Et plus si affinités :

- Également en écoute : Hidden Fortress - Third Eye Cyclops EP

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Mister Modo & Ugly Mac Beer - Remi Domost


2muchachos - Formanta

"On cherchera une ascendance à ce Formanta du côté des grands espaces fouettés par le vent des premiers albums de múm aux émotions prises dans la glace ou des tourbillons intangibles du Seefeel des débuts. Mais en phagocytant timidement les arythmies d’une IDM downtempo, les oscillations propres à l’électro aléatoire, l’hypnotisme d’un krautrock minimaliste, les guitares immatérielles d’un shoegaze en apesanteur ou simplement les sons de la nature environnante, la musique développée par les deux instrumentistes et producteurs russes qui se cachent derrière cet improbable pseudonyme se positionne également dans la continuité des travaux d’ISAN, d’Ulrich Schnauss voire du premier album de Bronnt Industries Kapital dans ses passages les plus cinématiques ou hantés."

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Et plus si affinités :

- Également en écoute : 2muchachos - Prespring EP

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : ISAN - Glow In The Dark Safari Set


Sufjan Stevens - All Delighted People EP

Avant le ratage d’un Age Of Adz dont le succès critique comme public vient malheureusement conforter des ambitions électroniques qui d’ Enjoy Your Rabbit à The BQE n’ont pourtant jamais rien donné de bon chez l’Américain, il y eut par bonheur cet EP gargantuesque pour sauver notre année pop. Un EP où "Sufjan Stevens fait du Sufjan Stevens" argueront les défenseurs de sa nouvelle orientation sci-fi/prog à la production ampoulée, tout ça parce qu’il y a du banjo. Mais soyons honnêtes, si l’on renoue effectivement sur ces morceaux plus anciens avec la veine acoustique au souffle lyrique dans laquelle excelle l’auteur du céleste Illinoise, les arrangements de cet "hommage dramaturgique à l’Apocalypse, à l’ennui existentiel et au Sounds Of Silence de Paul Simon", luxuriants ou plus épurés mais toujours enchanteurs comme à la grande époque empruntent là encore des chemins inattendus, d’arrangements soul en impros dissonantes, évitant même aux quelques digressions électroniques de tomber dans la grandiloquence grâce à un sens du contraste poussé à son paroxysme. Et quoi qu’on en dise, c’est bien Djohariah, du haut de ses 17 minutes de jams épiques et généreux, qui s’imposera comme le morceau le plus inventif et libertaire de l’Américain cette année.

Et plus si affinités :

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Efterklang - Magic Chairs


Talvihorros - Music In Four Movements

Après Rafael Anton Irisarri, voici un autre musicien parti errer dans les limbes chères au compositeur lynchien Angelo Badalamenti avec son premier opus Some Ambulance l’an dernier, petit chef-d’oeuvre d’ambient électro-acoustique enmpruntant aussi bien à la folk qu’à la musique classique contemporaine. Et si Music In Four Movements présente dans la forme des changements notables, resserrant le propos en quatre longues pistes instrumentales à l’évolution progressive et gommant les pulsations synthétiques pour se concentrer sur les nappes de drones et les guitares astrales, on est toujours au fond dans un esprit à la fois introspectif et cinématique avec cette évocation accablée des derniers jours d’un homme décidé à mettre fin à sa vie en disparaissant dans les eaux, inspirée au londonien Ben Chatwin par la lecture du roman The Road durant un long retour en train depuis l’Ecosse.

Et plus si affinités :

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Machinefabriek - Daas


Dino Felipe / Imaginary Forces - Jezzelbub / Radio Republik

Si les ovnis n’ont pas manqué cette année, de Kemialliset Ystävät à Zs en passant par anbb ou le dernier Aidan Baker, aucun n’aura mieux su se jouer des qualificatifs que cet étrange split album initié par Imaginary Forces sur son propre label Sleep Codes. Après le labyrinthe schizphrène du malsain Fifth Columnist chez Ohm Resistance, aux confins d’une drum’n’bass brutale et d’un dark ambient oppressant, Anthoney J. Hart a en effet passé son année à lâcher de petites bombes via Bandcamp, s’essayant à une techno minimale et glaçante ( We, Maen Eglwys ) comme au drone doom ( Yellow Sunshine ) ou à un free noise abstrait ( Leporids ) en passant par de régulières déferlantes de bruit blanc plus ou moins organique ( Homonids ) ou grésillant ( 05 ). Des manipulations psychédéliques à danser sur la tête du sorcier de Miami Dino Felipe qui s’amuse à recomposer en séquences glitchy divers samples de chansons radiophoniques sur Jezzebulb, jusqu’aux murs de drones analogiques érigés par Imaginary Forces sur un Radio Republik hanté par des ondes parasites dont on ne saurait plus trop dire si elles nous parviennent du passé, du présent ou du futur, l’expérience est tout sauf mélodique mais promet une immersion totale à condition bien sûr de ne pas être allergique aux explorations mentales dissonantes et atonales.

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Et plus si affinités :

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Zs - New Slaves


Shearwater - Shearwater Is Enron EP

"10 morceaux nés d’une impro live donnée avec des membres de Wye Oak et Hospital Ships à Albuquerque en avril dernier sous le pseudo Enron, pour un EP parmi les tout meilleurs de cette année 2010 mais qui peut s’avérer tout sauf évident pour les fans de la trilogie entamée avec Palo Santo en 2006 puisque seules subsistent ici de l’univers connu du groupe les méditations acoustiques à la guitare ou au piano. Les hymnes feutrés au lyrisme fiévreux typique de Shearwater laissant place quant à eux à de courtes plages d’expérimentations noisy mêlant boîtes à rythmes schizophrènes, percussions tribales, drones éthérés, vagues d’électricité dissonante ou enchevêtrements maximalistes de marimbas et autres carillons psychédéliques, pour un résultat plus proche en somme du récent projet Blue Water White Death, le chant en moins."

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Et plus si affinités :

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Kemialliset Ystävät - Ullakkopalo


Ecid - 100 Smiles And Runnin’

Quelques mois à peine après avoir assuré la production aussi ténébreuse qu’efficace du menaçant Awol One And Ecid Are... en duo avec le MC californien invité ici sur le final John Wayne, le patron du label Fill In The Breaks confie les manettes à son compère Arsenic, délaissant cet univers de tension urbaine à la Company Flow pour redonner ses lettres de noblesse au hip-hop humaniste et mélancolique du début des années 90 à grand renfort de samples soul ou psyché-pop du tournant des 70’s. Marqué également par la dynamique jazz/funk des BO d’exploitation, 100 Smiles And Runnin’ porte bien son nom, tourné vers l’avenir et pourtant conscient de ce que le passé bon ou mauvais lui a apporté, dans une course effrénée vers le bonheur et la sagesse sous le masque craquelant de l’ironie.

Et plus si affinités :

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Ceschi - The One Man Band Broke Up


Non-Native Speakers - First Words EP

Au regard du premier extrait révélé par les Bruxellois en guise de Prologue à leur prochaine réalisation, difficile de prévoir l’évolution du duo suite à ces premiers enregistrements compilés ici sur trois ans. Qu’adviendra-t-il de cet abstract hip-hop ténébreux mâtiné de dubstep malaisant et d’IDM aux breakbeats malmenés, le côté ambient prendra-t-il le dessus ? Ce qui est certain c’est qu’on ne s’attendra pas à une partie de franche rigolade, sachant qu’il faudrait fureter du côté d’Amon Tobin ou des fleurons du label Tympanik Audio pour trouver une ascendance à ces instrumentaux cinématiques et angoissés.

Et plus si affinités :

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être :

Pretty Lights - Spilling Over Every Side / Glowing In The Darkest Night / Making Up A Changing Mind


23 - 33


Loden - Buggy

Belle année électro du côté de Bruxelles, puisqu’après Non-Native Speakers et à défaut d’avoir l’occasion de m’étendre sur l’IDM épurée et aérienne du talentueux Amorph héritier d’Autechre pérode Amber (cf. l’album Aléas, édité par l’éminent label belge U-Cover dans sa section consacrée aux CDr limités), c’est au tour de l’excellent Loden de confirmer chez Mush avec un deuxième opus tout aussi stratosphérique mais dans la lignée cette fois des beatmakers cosmiques de Los Angeles. Une succession d’instrumentaux courts et syncopés à la façon de Teebs mais d’inspiration plus ouvertement synthétique, on citera donc Shlohmo, les fleurons du label italo-allemand Error Broadcast ou même pourquoi pas le Stéphanois Deschannel pour ces claviers rétro-futuristes à l’abstraction onirique voire Black Moth Super Rainbow pour les incursions psyché vocodées, un bien beau patronnage quoi qu’il en soit.

Et plus si affinités :

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Teebs - Ardour


Epstein y El Conjunto - When Man Is Full He Falls Asleep

Toujours aussi productif en solo malgré ses participations désormais officielles aux Savath & Savalas, Risil et autre Prefuse 73 de son comparse Guillermo Scott Herren auquel on doit justement ce mois-ci sous ce dernier alias une belle série de relectures déconstruites de titres issus du catalogue d’Epstein, Roberto Carlos Lange nous refait le coup d’Helado Negro l’an dernier, se jouant de toute contrainte formelle pour accoucher d’un album en constante mutation. Se nourrissant de beats syncopés et de programmations analogiques, de pulsations psychédéliques et de nappes éthérées, de percussions tribales et de funk cosmique, de réminiscences jazzy et de latin folk métissée, les compos en liberté du Floridien désormais basé à Brooklyn - parmi lesquelles la planante A Lost Animal visitée par School Of Seven Bells et Jaytram batteur de Yeasayer dont les travaux en solo plus proches du glitch-hop valent heureusement bien mieux que ceux de son groupe - défient toute catégorisation, abstractions organiques au groove mouvant dont la douce schizophrénie balançant entre bribes de mélodies répétées en boucles et passages plus chaotiques doit beaucoup à l’ensemble d’instrumentistes (El Conjunto) accompagnant désormais ce musicien décidément insaisissable.

Et plus si affinités :

- Également en écoute : Prefuse 73 ​/​ Jaytram​ / ​Epstein - s/t

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Calika - Embrace


Lucidstatic - TX Side Effects

L’indigestion provoquée par le gargantuesque Symbiont Underground s’aventurant du côté d’une synth-pop technoïde mâtinée d’électro indus au fil d’une multitude de collaborations musicales ou vocales, m’avait rapidement fait mettre de côté ce Lucidstatic au profit de ses compagnons de label Dirk Geiger, Zeller ou Access To Arasaka, tous trois auteurs cette année de monuments d’IDM auxquels on ajoutera dans une moindre mesure les belles réussites d’Undermathic, Tapage & Meander, Famine ou Geomatic pour en terminer avec ce nouvel éloge d’une écurie Tympanik Audio devenue en l’espace de deux ans à peine une absolue référence en la matière. Une mise à niveau s’imposait donc pour l’Américain, paradoxalement accomplie par le biais des chutes du double album sus-cité. Des instrumentaux qui vont droit à l’essentiel, ne conservant de l’aventure que les beats post-industriels schizophrènes et saturés, les nappes synthétiques virales et autres samples de monologues angoissés dans un souci d’abstraction mentale qui confère finalement à l’univers pernicieux de Lucidstatic toute sa puissance d’évocation, avec un petit coup de pouce d’Access To Arasaka en remixeur de luxe.

Et plus si affinités :

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Nebulo - Artefact


Himuro Yoshiteru - Where Does Sound Come From ?

Sixième album déjà pour ce Japonais actif depuis une douzaine année dans une IDM malmenée partageant ses influences jazz et breakcore avec un certain Squarepusher. Tantôt planante ou épileptique, dense ou minimaliste, hédoniste ou délétère voire un peu tout ça à la fois, Where Does Sound Come From ? présente une succession d’instrumentaux mouvants dont les incursions du côté de l’abstract hip-hop ou même du ragga sur une unique piste vocale ne font que rajouter au caractère foisonnant d’un disque irréductible et schizophrène, qui après une poignée de titres assez radicaux en ouverture se fait paradoxalement de plus en plus accessible au fil des morceaux pour approcher dans ses plus beaux moments l’épure d’un Aphex Twin.

Et plus si affinités :

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Drugzilla - Siamese Beashts


Ernest Gonzales - Been Meaning To Tell You

Du côté du label de Daedelus, on donne pas mal dans les syncopes cosmiques, oeuvrant dans l’underground de la Cité des Anges pour l’avenir des musiques électroniques au même titre que des structures telles que Brainfeeder, fondée par Flying Lotus, ou Alpha Pup, sous l’égide d’un certain Daddy Kev curateur des fameuses soirées Low End Theory. Mais chez Friends Of Friends, on esquisse également le futur de la pop, que se soit en massacrant ses idoles préfabriquées un verre de champagne à la main ou en donnant leur chance à des rénovateurs phagocytes tels que Jogger - auteur l’an dernier entre lyrisme candide et spleen malade du fabuleux This Great Pressure, kaléidoscope brassant tout et n’importe quoi de la dream-pop à l’IDM en passant par le hip-hop, la psyché-folk des 60’s ou encore le doom metal - ou cet Ernest Gonzales aux compos ferventes et virtuoses fourrageant aussi bien du côté de l’électro 8-bit et de la techno que des guitares new wave ou des rythmiques décomplexées du folklore brésilien.

Et plus si affinités :

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Zoon Van Snook - (Falling From) The Nutty Tree


Principal Participant - Principles

Surtout connu pour la poptronica de chambre élégamment troussée sous son alias Minotaur Shock mais également remarqué l’an dernier dans nos pages pour les pop songs plus catchy et groovesques de son éphémère projet Bronze Age Fox, le Bristolien David Edwards a décidément plus d’une corde à son arc. En témoigne cette petite merveille de house onirique influencée par l’IDM anglaise ou la techno de Detroit mais toujours porteuse de cette touche personnelle dans les arrangements analogiques, nappes éthérées, percussions aériennes, choeurs célestes ou autres samples soul étouffés qui donnent à l’album même dans ses passages les plus dynamiques une dimension presque introspective. Plus proche en somme de Dntel que de Daft Punk et c’est tant mieux.

Et plus si affinités :

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Morgan Packard - Moment Again Elsewhere


Iris & Arm - Les Courants Forts

En attendant le nouvel album de Psykick Lyrikah qui devrait voir le jour au premier semestre 2011 et comptera notamment les participations d’Iris au micro et de Tepr, ex Abstrackt Keal Agram à la production, il fait bon entendre Arm renouer avec un hip-hop plus frontal sur ce bel album collaboratif qui n’en oublie pas pour autant de soigner ses atmosphères et ses productions, partagées avec une poignée de beatmakers triés sur le volet, de Robert le Magnifique à Cyclo et Pan@Point déjà croisés par les deux rappeurs sur la compilation Soul Sodium en 2006. Et ça commence fort dès Minuit Pile dont les breakbeats électroniques retrouvent justement une part de la virtuosité épileptique et morbide de feu AKA sous l’impulsion d’un certain My Dog Is Gay, seconde moitié du duo morlaisien dont l’influence fondamentale se fait sentir au même titre que celles de James Delleck ou Hi-Tekk entre autres rares fleurons de l’underground du hip-hop français sur les titres les plus synthétiques, d’autres privilégiant une approche instrumentale plus old school voire même soul ou jazzy mais tout aussi élégante (cf. Et Pourtant ou Les Temps Perdus, qui bénéficient de la guitare d’Olivier Mellano) comme terrain d’échanges poétiques de nos deux philosophes du micro aux textes abstraits et aux flows atypiques.

Et plus si affinités :

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Rocé - L’Être Humain et le Réverbère


Omar Rodríguez-López - Tychozorente

"Le prolifique Omar Rodríguez-López retrouve à la basse, aux programmations et au mixage son compagnon de tournée et DJ de LA Nobody, ainsi que sa compagne Ximena Sariñana Rivera au chant sur les titres les plus frontaux du disque entre deux nappes de chœurs troublants. Mais après le jazz fusion de Sepulcros de Miel ou l’ambient-rock de son projet avec John Frusciante des Red Hot Chili Peppers, le changement est encore une fois de taille pour le guitariste de The Mars Volta qui troque pour de bon son instrument "historique" contre la parfaite panoplie du petit chercheur en électronique, des séquenceurs aux synthés spatiaux en passant par des beats post-industriels et un xylophone dont les errements carillonnants donnent un cachet aérien et spontané à cet étrange purgatoire perdu entre synth-pop grouillante et ambient cosmique."

< lire la suite >

Et plus si affinités :

- Également en écoute : Omar Rodríguez-López - Un Escorpión Perfumado / El Trío de Omar Rodríguez-López - Ciencia de los Inútiles (avis express) / Omar Rodríguez-López w/ Zach Hill - Mantra Hiroshima

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Nina Kinert - Red Leader Dream


Les Marquises - Lost Lost Lost

"32 minutes pour un labyrinthe ça pourrait sembler court et pourtant pas facile de trouver la sortie de ce Lost Lost Lost aux allures de purgatoire. Car si Jean-Sébastien Nouveau (Immune) va à l’essentiel avec le premier opus de son nouveau projet à géométrie variable, c’est en multipliant les dimensions de ces six chansons lancinantes aux fascinantes errances de production qu’il parvient à nous piéger, forcés que nous sommes d’y revenir encore et encore pour tenter d’en percer les mystères au risque de se perdre dans cet océan de spleen abstrait. Un album inclassable, aux confins du krautrock, du jazz, de l’électronique et dont l’univers fantomatique n’est finalement pas sans rappeler celui qu’explorait Matt Elliott au tournant des années 2000."

< 2ème du top de novembre >

Et plus si affinités :

- Lire notre interview.

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : The Third Eye Foundation - The Dark


Herma Puma - Synchromystic

Découvert grâce à la présence au casting vocal de l’un des MC du trio ASM - particulièrement actif ces derniers mois entre leur tournée avec Wax Tailor, leur chouette Platypus Funk très jazz-hop et des participations au premier opus du talentueux duo Berry Weight ainsi qu’au Fantastic Planet de La Fine Equipe dans une veine hybride et métissée proche de Madlib - ce premier opus de Herma Puma donne dans la coolitude kaléidoscopique d’un hip-hop cosmique dans la lignée de Prince Paul, A Tribe Called Quest ou plus récemment Edan. Influencés par le jazz ou le psychédélisme, l’anglais Pimpernel Jones et son compère chicagoan Simple X ont procédé tout comme Berry Weight par échange de fichiers sur la Toile d’un côté à l’autre de l’Alantique, et comme pour Music For Imaginary Movies avec lequel Synchromystic partage un goût affirmé pour les arrangements acoustiques aériens, le résultat très frais n’en porte pas la moindre trace.

Et plus si affinités :

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Crookram - Through Windows


Earthling - Insomniacs’ Ball

Après avoir arpenté le Bristol nocturne au Radar et mordu la poussière en tentant d’inoculer au music business les virus de son érudition distanciée et de sa philosophie morbide sur le glaçant et malaisant Humandust, Earthling revient avec le seul album que T. Saul et Mau pouvaient possiblement composer après 13 ans de hiatus : un album de fantômes conscient d’avoir été vivants, errant entre introspection mélancolique, observation ironique et satisfaction malsaine. "We’re in the sky now", chante ce dernier après que Julee Cruise, spectre des films de la grande époque de David Lynch soit venue visiter l’album de sa voix intangible, et les arrangements sont à l’avenant, virtuoses et métissés comme à l’accoutumée mais dans le même temps plus impressionnistes, mouvants et insaisissables que jamais.

Et plus si affinités :

- Lire notre chronique.

- Pas sur Bandcamp, mais vous aimerez peut-être : Factor - Lawson Graham


Et comme il faut bien passer par le traditionnel classement, voici les albums que je retiendrai en priorité de cette année 2010, un cru pléthorique pour qui s’intéressait à autre chose qu’aux mélodies légères et aux guitares sucrées ou vice-versa (attention les oreilles donc, ce bilan n’a pas été acheté par la pub) :

1. Autechre : Oversteps < commentaire >






2. Oval : O < cf. plus haut >






3. Yuka Honda : < Heart Chamber Phantoms >






4. Algernon : Ghost Surveillance < avis express >






5. Kid606 : Songs About Fucking Steve Albini






6. Funki Porcini : On






7. Scorn : Refuse ; Start Fires < chronique >






8. Morgan Packard : Moment Again Elsewhere < avis express >






9. Nebulo : Artefact < avis express >






10. Nest : Retold < avis express >






11. Jan Bang : ...And Poppies From Kandahar
12. Autechre : Move Of Ten < commentaire >
13. The Magic Theatre : London Town < commentaire >
14. Methuselah : A Great Leap In The Dark < cf. plus haut >
15. Dirk Geiger : Autumn Fields < avis express >
16. Teebs : Ardour < commentaire >
17. Zoon Van Snook : (Falling From) The Nutty Tree < article >
18. Alva Noto : For 2 < article >
19. Pan Sonic & Keiji Haino : In The Studio < article >
20. Take : Only Mountain < article >
21. John Zorn : In Search Of The Miraculous < chronique >
22. Noveller : Desert Fires < chronique >
23. anbb : Mimikry < commentaire >
24. Frank Riggio : Symmetric Human Door < cf. plus haut >
25. The Third Eye Foundation : The Dark < commentaire >
26. Fying Lotus : Cosmogramma < article >
27. Tindersticks : Falling Down A Mountain < commentaire >
28. Jaga Jazzist : One-Armed Bandit < avis express >
29. ISAN : Glow In The Dark Safari Set < avis express >
30. Serena-Maneesh : No 2 : Abyss In B Minor
31. Two Left Ears : Lazy Trace < cf. plus haut >
32. BJ Nilsen : The Invisible City
33. Crookram : Through Windows < libre téléchargement >
34. Imaginary Forces : Filth Columnist < article >
35. Minamo + Lawrence English : A Path Less Travelled
36. Lab° : Volume < avis express >
37. Zeller : Turbulences < avis express >
38. Access To Arasaka : Void() ; < chronique >
39. Pjusk : Sval
40. Sylvain Chauveau : Singular Forms (Sometimes Repeated) < avis express >
41. Troum : Mare Idiophonika
42. Nils Frahm & Anne Müller : 7fingers < commentaire >
43. Valgeir Sigurðsson : Draumalandið < cf. plus haut >
44. Aidan Baker : Liminoid/Lifeforms < article >
45. Eluvium : Similes < article >
46. The Album Leaf : A Chorus Of Storytellers < avis express >
47. Chapelier Fou : 613
48. Mulatu Astatke : Mulatu Steps Ahead < avis express >
49. Yellow Swans : Going Places
50. System : B

51. The Blood Of Heroes : The Blood Of Heroes < chronique >
52. Machinefabriek : Daas
53. Baths : Cerulean < commentaire >
54. Loscil : Endless Falls < article >
55. Melodica Deathship : Doom Your Cities, Doom Your Towns < cf. plus haut >
56. Sarah Kirkland Snider (w/ Shara Worden & Signal) : Penelope < cf. plus haut >
57. Senking : Pong
58. Yui Onodera & Celer : Generic City
59. Menomena : Mines < commentaire >
60. Pan Sonic : Gravitoni < article >
61. Chicago Underground Duo : Boca Negra < avis express >
62. Oren Ambarchi, Jim O’Rourke & Keiji Haino : Tima Formosa < commentaire >
63. Aidan Baker : Broken & Remade < cf. plus haut >
64. Kraken : Strop
65. The Sight Below : It All Falls Apart < cf. plus haut >
66. Skyrider : Aux Send Vol. 1 < article >
67. Marcus Fischer : Monocoastal < article >
68. Anklebiter : I Will Wait
69. Calika : Blood Embrace
70. Balmorhea : Constellations < article >
71. L’Oniraunote : Les Chimères Exquises < libre téléchargement >
72. Eluvium : Static Nocturne < cf. plus haut >
73. The Ruby Suns : Fight Softly < avis express >
74. Fenn O’Berg : In Stereo < article >
75. Hidden Fortress : All That Is < cf. plus haut >
76. Taylor Deupree : Shoals < article >
77. Greie Gut Fraktion : Baustelle < commentaire >
78. 36 : Tape Series : Blue < cf. plus haut >
79. Ceschi : The One Man Band Broke Up < article >
80. Rafael Anton Irisarri : The North Bend
81. Rhys Chatham : The Bern Project < chronique >
82. 36 : Memories In Widescreen < article >
83. Methuselah : Invocation
84. Necessary : Voldsløkka < commentaire >
85. The Future Sound Of London : Environments 3 < commentaire >
86. Ratatat : LP4 < article >
87. Sole & Ravi Zupa : The Pyre < article >
88. Saroos : See Me Not < article >
89. 2muchachos : Formanta < cf. plus haut >
90. Working For A Nuclear Free City : Jojo Burger Tempest
91. Slow Six : Tomorrow Becomes You
92. 36 : Hollow < article >
93. John Zorn : Interzone
94. Dunaewsky69 : Detimorya < libre téléchargement >
95. Apparat Organ Quartet : Pólýfónía < article >
96. Shearwater : The Golden Archipelago
97. Kemialliset Ystävät : Ullakkopalo < avis express >
98. Masayoshi Fujita & Jan Jelinek : Bird, Lake, Objects < avis express >
99. Pleq & Segue : The Seed < article >
100. Factor : Lawson Graham < article >


Quelques EPs également à ne surtout pas manquer :

1. Sufjan Stevens : All Delighted People < libre écoute >
2. Pretty Lights : Spilling Over Every Side < libre téléchargement >
3. Shearwater : Shearwater Is Enron < libre écoute >
4. Son Lux : Weapons EP < avis express >
5. Marcus Fischer : Arctic/Antarctic < libre téléchargement >
6. Pretty Lights : Glowing In The Darkest Night < libre téléchargement >
7. Imaginary Forces : Yellow Sunshine < libre écoute >
8. Rafael Anton Irisarri : Reverie < libre écoute >
9. Noveller : Beneath The Basin < libre écoute >
10. Pretty Lights : Making Up A Changing Mind < libre téléchargement >
11. Machinefabriek : Music For Studies
12. Non-Native Speakers : First Words < libre téléchargement >
13. Dunaewsky69 : Endless < libre écoute >
14. Hidden Fortress : Third Eye Cyclops < libre téléchargement >
15. Comfort Fit : Private Primate < libre écoute >
16. Shlohmo : Camping
17. Les Marquises : beko59 < libre téléchargement >
18. Dirty Projectors + Björk : Mount Wittenberg Orca
19. KenLo Craqnuques : Cailloux Germés < libre écoute >
20. Ras_G : El-Alylien Part 1


Trois labels enfin dont les albums offerts au téléchargement ou en libre écoute auront rythmé mon année musicale :

< Error Broadcast (glitch-hop) >
< Resting Bell (drone ambient) >
< Abstrackt Reflections (dark IDM) >

Et pour la suite, c’est sur le Forum Indie Rock que ça se passe.


A visionner également : les 33 meilleurs singles de 2010 en images.


Articles - 31.12.2010 par RabbitInYourHeadlights
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