Top albums - août 2010
Si l’été ne fut pas de tout repos pour les vacanciers soumis aux caprices du temps, les artistes plébiscités par le Forum Indie Rock en cette fin de saison y ont trouvé une occasion studieuse de transcender leur inspiration, qu’il s’agisse d’ouvrir à leur musique de nouveaux horizons, de faire preuve d’une application plus poussée que jamais ou d’arriver, simplement, à maturité.
1. Menomena - Mines
Mines de crayon ou de charbon, on est dans l’optique d’un effort acharné autant que soigné du côté du trio de Portland qui a su donner une nouvelle dimension à ses chansons épiques et fiévreuses, plus ample qu’à l’accoutumée et définitivement débarrassée des oripeaux maniéristes de sa jeunesse. Plus question ici d’enjoliver ou de manier l’ironie distanciée en jouant les post-modernes blasés, Menomena prend enfin le taureau par les cornes et met tout son cœur et toute son énergie dans ces morceaux habités capables de rivaliser avec le primitivisme soul/rock des plus belles déflagrations de TV On The Radio. Gamins, au football, on appelait ça "mettre une mine".
2. Lost In The Trees - All Alone In An Empty House
La spontanéité d’une folk à fleur de peau et la complexité de la musique orchestrale, on imagine aisément le travail accompli par Ari Picker pour arriver à pareille émulsion en dirigeant sa petite troupe nord-carolinienne composée de musiciens pop et classiques. Augmenté de deux titres et toujours construit autour de ses deux pièces instrumentales plus proches de Bach que de Bon Iver, All Alone In In An Empty House impressionne d’autant plus qu’il n’est peut-être qu’un prélude à la version rallongée de l’EP Time Taunts Me prévue pour l’an prochain, chef-d’œuvre de chamber folk hantée dont le pouvoir d’évocation presque cinématographique devrait se trouver décuplé pour l’occasion.
3. Arcade Fire - The Suburbs
En banlieue beaucoup s’ennuient, certains ne s’y sentent jamais vraiment à leur place mais pour d’autres c’est l’occasion de prendre un nouveau départ. Regardez Arcade Fire, dont on attendait pour le troisième opus une nouvelle collection de ces hymnes flamboyants, inégaux et un peu grandiloquents que beaucoup allaient adorer et quelques-uns détester par anticonformisme primaire. Eh bien voilà que les montréalais nous sortent non seulement un album, un vrai, mais un album pour les autres. Toujours un peu bancal mais risqué, touffu, avec une vraie progression narrative et des temps forts, cohérent malgré ses passages synthétiques inattendus et inégalement réussis. Un album, surtout, bénéficiant pour la première fois de l’apport d’un producteur extérieur, Markus Dravs (croisé au mixage chez Brian Eno, Björk, Emilie Simon ou encore James) dont les nappes foisonnantes, presque ambient, sous-tendent chaque morceau de leur mélancolie fantomatique. Un album, en somme, qui ne plaira pas tout le monde et c’est tant mieux.
3. James Blackshaw - All Is Falling
Parti d’une folk entêtante aux pièces ambitieuses dominées par un jeu de guitare à douze cordes assez virtuose qui lui a rapidement valu d’être comparé à l’écossais Bert Jansch ou à l’américain John Fahey et culminait en 2008 sur Litany Of Echoes, le jeune londonien, pas encore trente ans et déjà sept albums au compteur, laisse éclater avec ce huitième opus son amour pour la musique sérielle des Arvo Pärt ou Alfred Schnittke. Cette fois c’est l’album dans sa progression même qui fait preuve d’ambition, et d’une ouverture mélancolique au piano jusqu’aux modulations d’un final ambient devant beaucoup à Brian Eno, navigue entre un certain minimalisme aride et des entremêlements de lignes instrumentales plus luxuriants à l’image de ce Part 7 d’anthologie ménageant comme souvent ici de belles envolées de violons presque country.
3. Syd Matters - Brotherocean
Des arrangements aquatiques de Robert Wyatt au rock tortueux des derniers Radiohead en passant par la grâce aérienne de Midlake, le combo parisien emmené par Jonathan Morali maîtrise mieux que jamais son sujet sur ce quatrième album aux compositions aussi ambitieuses qu’élégantes. Certains regretteront peut-être la fraîcheur des débuts troquée contre ce supplément d’application et de rigueur, mais face à un tel talent de mélodiste pourquoi bouder son plaisir ?
La belle saison se termine mais pas question de baisser de régime, rendez-vous donc dès la fin de semaine sur le FIR pour élire l’album de la rentrée, un mois de septembre si chargé qu’on n’en voyait plus la fin.
Syd Matters sur IRM - Site Officiel - Myspace
Arcade Fire sur IRM - Site Officiel - Myspace
Menomena sur IRM - Myspace
Lost In The Trees sur IRM
James Blackshaw sur IRM
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