Tempête de neige sous un crâne décharné

Une interview tombée du ciel, un détour hasardeux par myspace, puis bandcamp, il en faut parfois bien peu pour se prendre la claque de l’année. Car non content d’avoir livré en mai dernier pour le plus grand bonheur des initiés un monument de tension malaisante à la frontière d’un breakcore brutal, d’un free noise schizophrène et d’une ambient crépusculaire et pesante avec son premier album Filth Columnist - sur le label Ohm Resistance d’un certain Submerged qui a une fois encore mis la main à la patte, lui qui avait justement révélé Imaginary Forces via le mix du second CD de Violence As First Nature en 2008 - que voilà Anthoney J. Hart nous prenant à revers dans la foulée avec un second opus autoproduit en libre téléchargement, lequel s’aventure non plus dans les dédales malsains d’Alec Empire (période The Destroyer ), The Third Eye Foundation ou KTL mais bien dans ceux, plus minimaux et technoïdes de Plastikman voire, encore plus froids et abstraits, de Monolake. Logique, remarquez, de passer aussitôt à autre chose lorsqu’on vient de laisser au coin d’une ruelle sinistre le cadavre fraîchement piétiné d’une drum’n’bass qui n’avait pourtant rien demandé à personne.

Cette fois ça s’appelle We d’après le roman d’anticipation du même nom signé Yevgeny Zamyatin et paradoxalement c’est encore fumant, 1er août peut-on lire sur le bandcamp du Londonien où toute une flopée d’enregistrements estampillés 2010 attendent également l’occasion de s’acheminer vers nos tympans sans défense en réponse à un simple clic. On notera la cohérence d’un artwork particulièrement lugubre, tour à tour organique, urbain ou futuriste : la musique d’Imaginary Forces est un peu tout ça à la fois mais à partir de là ça devient surtout du bruit blanc, et côté EPs on comprend mieux à l’écoute des drones grouillants d’ Homonids ou de la déferlante grésillante de 05 - en passant par cette neige parasite qui vient ensevelir les riffs clairsemés d’une relecture plus dispensable du Dead Man de Neil Young - pourquoi le bonhomme se réclame de Yellow Swans ou Sunn O))) plutôt que d’Amon Tobin ou Goldie.

C’est qu’on s’approcherait même dangereusement du drone doom avec Yellow Sunshine, album ou EP on ne saurait vous dire si ce n’est qu’il s’agit là de la première oeuvre majeure du lot, parue en janvier dernier et à peine déséquilibrée par le tsunami bruitiste du dérangeant Ulysses. Et on ne vous parle même pas de Live Electronics, près de 80 minutes d’improvisation dépouillée, au programme crépitements, friture et oscillations synthétiques façon e-drug sur un lit d’infra-basses monocordes. Vous l’aurez sans doute lu entre les lignes, toutes les oreilles ne trouveront pas leur bonheur dans ces eaux glauques où se reflètent, déformés mais presque tangibles, les cauchemars éveillés d’Imaginary Forces... mais on en imagine déjà certaines saigner de plaisir à la seule idée de ce qui les attend.

News - 18.08.2010 par RabbitInYourHeadlights
 


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