The Revival Hour - Scorpio Little Devil

Pas facile d’appréhender un tel album, ni plus ni moins que "bon", lorsque ses deux auteurs sont peut-être bien responsables des deux plus grands sommets de psychédélisme qu’ait connus la décennie passée...

1. Control
2. Hold Back
3. Pyre
4. Riverbody
5. Copper House
6. I’ve Eyed The Beast
7. Clean
8. City Yolk
9. Run Away
10. Hound

date de sortie : 28-01-2013 Label : Antiphon Recordings

Folk, fantomatique et habité pour le New-Yorkais DM Stith, compagnon de tournée de Sufjan Stevens et pensionnaire du label Asthmatic Kitty auquel on doit le fabuleux Heavy Ghost et quelques EPs du même acabit, et qui irradie de son timbre plaintif et haut perché baigné d’effets narcotiques les chansons nébuleuses de ce Scorpio Little Devil multi-facettes. Pop, épique et kaléidoscopique pour JM Lapham, quart texan des Earlies dont le tout aussi fameux premier album avait touché du doigt en 2004 un zénith de lyrisme mutant jamais plus atteint par personne depuis.

Aventureux et vibrant dans les deux cas, deux adjectifs qui font également bon ménage lorsqu’on en vient à aborder le projet commun des deux Américains, et pourtant, il manque quelque chose pour que cette nouvelle émulsion nous fasse le même effet : un peu plus de clarté dans la luxuriance (cf. These Were The Earlies  ?) pour ces divagations psychotropes frôlant bien souvent le trop-plein, un peu plus de cohérence dans le foisonnement (cf. Heavy Ghost  ?) pour que la progression d’ensemble parvienne à transcender la simple collection de chansons.


Car si l’on eut préféré, quitte à retrouver sur ce premier LP la mixture 60’s un brin lynchienne de l’EP Clusterchord sorti en novembre dernier, la présence de l’élégiaque et sismique Altercall à celle du poussif Pyre aux arrangements de saxo datés, le potentiel est là dès l’introductif Control dont la folktronica aux harmonies vocales proches de Björk est bien vite mise sur une orbite plus kraut à coups de beats incandescents et de claviers cosmiques. Sans doute le meilleur titre de l’album, qui aura d’abord un peu de mal à maintenir le niveau avec la darksoul orchestrale à tendance pompeuse de Hold Back ou le mielleux Riverbody, ballade qui marque les limites du romantisme vocal de Stith avec ses intonations de castrat et ses chorus d’hymne caritatif.


Mais lorsque les choeurs gothiques du troublant I’ve Eyed The Beast se frottent aux manipulations analogiques du duo, que les pulsations électroniques de Clean viennent à nouveau flirter avec les radiations ionisantes de quelque corps céleste, que les cordes délicieusement surannées de City Yolk nous enivrent entre deux trémolos solaires ou que les cuivres rétro très Earlies de Hounds sortent du brouillard au diapason des vocalises soudainement plus assurées de Stith, on se prend à rêver de ce qu’aurait pu donner cette rencontre avec un concept fort, une vraie ligne directrice et un producteur chevronné pour canaliser ces 10 idées à la minute - le mixage de Richard Swift n’aidant pas vraiment à trouver son chemin dans cette purée poix souvent fascinante mais parfois épuisante, brouillon et décousue (la palme à l’agaçant Run Away).

Chroniques - 06.02.2013 par RabbitInYourHeadlights
 


2013 au peigne fin : Pop not dead - 33 disques "pop" à la sauce IRM

En dépit d’une nette prédominance des musiques instrumentales de type ambient/expérimental dans mes écoutes de l’année, ce cru 2013 m’aura réconcilié avec le format pop, pléthore de beaux disques aussi singuliers qu’attachants pour lesquels ne s’applique aucun des bêtes adages que les blasés du cirque pitchforkien nous assènent chaque année : "le rock est (...)



Le streaming du jour #861 : The Revival Hour - 'The Wipeouts EP'

Inégaux sur album en dépit d’une paire de pépites psyché tenant amplement les promesses que laissaient présager leurs carrières respectives, l’association des talents du Texan JM Lapham (ex Earlies) et du New-Yorkais DM Stith semble enfin atteindre son point d’équilibre sur The Wipeouts, collection de versions alternatives et de nouveaux morceaux (...)