Interview : Kruger

A l’occasion de la sortie de leur 5e album, Adam And Steve, Renaud (chant) et Blaise (basse) de Kruger acceptent de nous en dire plus sur leur univers et reviennent sur 13 ans de carrière.


IRM : Merci à vous de nous accorder un peu de temps pour répondre à quelques questions.
Renaud, je me prénomme Renaud également, fuego, twingo, clio … toi aussi t’en as chié à l’école quand t’étais gamin ? C’est de là que te vient toute cette rage ?

Renaud : Oui, je compatis totalement. Mais je m’en suis sorti – sans même trop m’énerver (à l’époque). La rage dans Kruger ça a plus à voir avec une occasion de faire du sport sur scène – un concert, c’est un peu entre la partie de squash et la thérapie de groupe…

IRM : Pouvez vous revenir en quelques mots sur la formation de Kruger ?

Renaud : C’était il y a très longtemps (2001). Depuis on a fait plein de choses chouettes, il faut vraiment qu’on se goupille un bon article Wikipedia, à force, pour botter en touche sur cette question qui est tellement rébarbative, hein, dis ?

IRM : En privilégiant la qualité à la quantité (une moyenne d’un album tous les 3 ans) vous avez hérité d’une réputation de perfectionnistes. Cela peut être très compliqué de travailler avec et entre personnes obsédées du détail, du coup comment se passe le processus créatif et comment gérez-vous les éventuelles tensions ?

Blaise : La lenteur est plutôt liée aux diverses activités que nous avons dans la vie de tous les jours ! Toutefois, sans que ça soit une obsession, nous cherchons toujours à faire au mieux et effectivement ça prend facilement du temps. Nous nous sommes retirés une semaine en "camp de composition", à la campagne, cet hiver, où nous avons pu forger une grande partie dAdam And Steve . Dans ce genre de contexte, on est très productifs !

IRM : Ce qui frappe dans la musique de Kruger, c’est la variété des approches, l’alternance des dynamiques. D’où vient-elle cette variété ? Chacun apporte ce qu’il veut ou tout se construit-il en commun ?

Blaise : On travail sur des idées de bases qu’apporte l’un ou l’autre. Ensuite, l’ensemble du processus de composition est une affaire collective, et c’est probablement ce qui apporte cette variété.

Renaud : C’est toujours extrêmement hasardeux la forme finale qu’ont les morceaux - les quatre autres (les musiciens, moi je suis seulement chanteur) composent en y allant au bruit, on écrème ensuite les idées, et on garde ce qui nous plaît.

IRM : Adam Et Steve, une pomme pour visuel, ça y est, c’est votre crise mystique ?

Renaud : On est tellement pas mystiques, si tu savais… ! Non au départ c’était une blague, et comme on adore les blagues, on en a fait le titre de l’album. Ensuite, Raul (notre guitariste, graphiste de son état) nous a pondu cette affaire en rouge et blanc avec une pomme qui a une sorte d’anus. C’est toujours un régal d’être à mille lieues des standards de cette scène, en plus… !





IRM : Vos textes sont souvent teintés d’humour plutôt "2nd degré" voire de sarcasme. C’est important l’humour pour vous ?

Renaud : Oui – autant on est terriblement sérieux quand il s’agit d’écrire de la musique et de l’enregistrer, autant on essaie de désamorcer tout le cirque qu’il y a autour… On peut faire une musique intense et dark sans pour autant faire les rockers torturés, je crois – et écrire les textes, c’est tellement peu important (il me semble) que j’essaie de me poiler en les écrivant, du coup il y a effectivement pas mal d’idioties !

IRM : Vous avez utilisé la technique du crowdfunding pour sortir Adam And Steve. Comment vous est venue cette idée ? Pourquoi y avoir recours maintenant seulement ? Est-ce plus difficile de sortir un album aujourd’hui qu’il y a trois ou quatre ans ?

Renaud : On a la chance d’avoir un chouette label (Listenable) qui est à bloc sur Kruger en perdant des ronds à chaque sortie, donc on est moins à plaindre que d’autres !... Également Pelagic Records qui sortent nos trucs en vinyle – après, c’est sûr que niveau ventes de disques ça devient tellement grotesque le non-argent potentiel qu’il faut trouver d’autres solutions pour pouvoir financer du studio, du mix, du clip, etc… Et surtout, ça nous branchait bien d’établir ce contact direct (ou presque) avec nos fans – c’est cheesy comme tout, mais on éprouve VRAIMENT de la gratitude par rapport à ces gens qui perdent du temps et/ou de l’argent sur Kruger !

IRM : Si vous deviez décrire Adam And Steve en une phrase ?

Blaise : Ça chie !

Renaud : Une bonne synthèse du merdier qu’on a produit ces 13 dernières années … !

IRM : Et si vous deviez résumer Kruger en une phrase ?

Blaise : Ça chie !

Renaud : "Et dire qu’on fait tout ça juste pour le plaisir…"

IRM : Quels sont vos albums du moment ?

Blaise : Terra Tenebrosa The Purging

Renaud : Puts Marie - Masoch, Coilguns - Commuter, Barry White - Best of  !

IRM : Prochain album en 2018 alors ???

Blaise : Ou peut-être en 2081 ?

Renaud : Va quand même falloir qu’on pense à partir en retraite aux Bahamas avec la caisse, et d’attendre que les enchères montent pour une reformation dans dix ans, non ?


Nous voici au terme d’une interview qui permet de pointer trois des moteurs de Kruger : l’humour, la rapidité et les chemises improbables. Quant au reste, tout est dans la musique. Un grand merci à Renaud et Blaise pour avoir pris le temps de répondre à nos questions.


Interviews - 22.10.2014 par leoluce, nono