;background-color:#">The Necks - Vertigo

2015 - Northern-Spy Records

Sortie le : 30 octobre 2015

Vertige de la mue

Trésor le mieux gardé de la sphère improv d’Australie, The Necks officient depuis un quart de siècle à la croisée du jazz d’avant-garde et de l’ambient, flirtant en formation instrumentale classique avec les harmonies transcendantales du drone et la dynamique hypnotique des pionniers de l’électronique ou du krautrock. Nouveau chef-d’œuvre aux progressions atmosphériques ardues et libérées de tout carcan, Vertigo porte bien son nom, vortex de sensations insaisissables qui nous emporte de méditations angoissées en imposantes visions d’éternité.

Après avoir joué dans les 90s sur la transe d’une ossature rythmique aux airs de fil d’Ariane alternant au gré des albums tension sourde ( Silent Night ), dub psyché ( Aquatic ), urgence ( Hanging Gardens ) et groove décontracté ( Sex ), le pianiste Chris Abrahams (qui officie désormais en solo du côté du label australien Room40), le bassiste Lloyd Swanton et le batteur/percussionniste/guitariste Tony Buck s’étaient mis à flirter avec l’ambient impressionniste au tournant des années 2000 ( Aether ) pour finalement lâcher la bride à un élan plus libertaire sur leurs dernières sorties. Il y a deux ans, le passionnant Open mêlait ainsi sur une plage unique de près de 70 minutes passages méditatifs, roulements de percussions annonciateurs d’un déchaînement des éléments qui ne viendra jamais vraiment et cascades pianistiques luxuriantes, confirmant un goût de plus en plus marqué pour le hors-piste au-delà des frontières des genres et des schémas classiques de développement qui les rapprochent notamment des Scandinaves Supersilent et ont su inspirer dernièrement quelques bien jolies vocations, citons notamment leur compatriotes encore plus secrets du sextette melbournais Motion.

Vertigo, à paraître le mois prochain sur le même label Northern Spy, continue sur cette lancée en plus free et atonal, citant plutôt qu’Hitchcock les plages de piano déglingué et de percussions désarticulées de Morricone pour les BO des premiers giallos d’Argento. Tour à tour anxieux, inquiétant ou presque solennel, décrire ces trois-quarts d’heure de progressions et de ruptures aussi vertigineuses qu’hallucinées tiendrait davantage du spoiler que de l’incitation. On se contentera donc de vous vanter la dimension particulièrement cinématographique de ce 18e opus, qui prend son temps pour dérouler à mesure des collisions de textures et de tonalités son allégorie d’un monde intérieur où pénombre et lumière se disputent, tantôt sur fond de modulations cosmiques, de bruit statique doomesque ou d’orgues en ascension, les contradictions de notre humanité en mutation.


( RabbitInYourHeadlights )

- 11.09.2015 par RabbitInYourHeadlights
 


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