Toy Fight - Anagram Dances

Avant de se démultiplier en pluie d’étoiles répondant aux doux noms de (Please) Don’t Blame Mexico ou The Limes et qui on l’espère ne fileront pas de sitôt, le collectif Toy Fight, alors encore un groupe, enregistrait Anagram Dances et s’apprêtait sans le savoir à nous faire rêver à un match France-Angleterre équitable sur le terrain de la pop bricolée, bariolée et barrée.

1. Where The Avalanches Are
2. The Hidden Second
3. Minute Song
4. Bob
5. Tiffany
6. A Drum Drum Boy
7. Your Headaches, My Duchess
8. Scientists Having A Good Time
9. Golden Make-Up
10. Witnesses Are Now Confettis
11. Victim’s Hairdo
12. The Soldier

date de sortie : 18-10-2006 Label : Autoproduction

On avait répéré ces trois talentueux mélodistes, arrangeurs et bidouilleurs il y a quelques mois via myspace, leur prêtant un avenir radieux sur la seule foi de The Hidden Second, quelque part entre pop et new wave, avec sa longue intro au piano pas loin de Joe Hisaishi. On pensait alors aux Magnetic Fields, à New Order, à XTC voire même aux Flaming Lips, autant de références revendiquées parmi tant d’autres. On se disait tiens, pour une fois qu’un groupe ne cherche pas à cacher son amour pour la musique des autres. Et puis on découvrait Victim’s Hairdo, sa pop entraînante, le pas-de-deux nostalgique d’un couple de voix s’enroulant et se déroulant au rythme d’un air de piano-bar. On était déjà conquis.

Aujourd’hui, même si l’avenir radieux n’est pas tout à fait tel qu’on l’imaginait, l’hypothétique poursuite de l’aventure Toy Fight en tant que groupe demeurant en suspens, il semble bel et bien pointer le bout de son nez, notamment au travers des projets parallèles cités plus haut. Et pour le reste, on avait vu juste. Tout entier partagé entre new wave et pop champêtre (une ambiguité parfaitement résumée par A Drum Drum Boy, avec son intro digne d’une chanson du Get Ready de New Order et son final plus acoustique), entre environnement urbain et propension au rêve, entre l’évidence mélodique d’un Belle & Sebastian et de discrètes expérimentations à la Pascal Comelade, Anagram Dances nous ferait presque parler du Village Green Preservation Society parisien de ce début de siècle.

Tour à tour nostalgiques (Tiffany, avec sa voix féminine et son piano venus du fond d’un songe), mélancoliques (Scientists Having A Good Time et sa pop-folk doucement lyrique à la hauteur d’un Badly Drawn Boy), radieuses (Minute Song, ses percus candides et sa guitare aussi lumineuse que celles du dernier The Coral, ou encore Bob, qui rappelle Camera Obscura et sa pop sous influence 60’s), doucement hantées (Your Headaches, My Duchess et le jazzy Witnesses Are Now Confettis, instrumentaux en forme d’échappées solo de Maxime Chamoux, aujourd’hui chef de file des enthousiasmants (Please) Don’t Blame Mexico) ou même les quatre à la fois (le splendide Golden Make-Up, tout en ruptures, sommet de richesse et d’inventivité sur rythme latin), les chansons de l’album parviennent à refléter les univers personnels de David, Maxime et Sébastien, tout en les fusionnant à la perfection.

Une perfection que ne recherche surtout pas Toy Fight, et c’est ça qui est beau : du morceau d’ouverture Where The Avalanches Are, sa mélodie douce-amère et ses couches de guitares superposées de toute beauté, jusqu’au final apaisé sur The Soldier (à rapprocher du Mornington Crescent de clôture du dernier... Belle & Sebastian, encore eux), le son est quelque peu laissé en friche, et le bricolage souvent apparent. D’ailleurs, ces deux morceaux sont précédés de voix et de bruits d’enregistrement, "oubliés" là en guise de profession de foi : nul besoin d’une production léchée pour faire une belle chanson. Voilà bien un credo auquel on ne peut qu’adhérer à l’écoute d’ Anagram Dances .


Pour découvrir Toy Fight ou commander Anagram Dances , rendez-vous sur le site officiel du groupe. Vous pourrez notamment y apprécier les inédits The Plot, No Garden One Dragon et Crystal Bass Terror, également en écoute sur myspace de même que trois morceaux de l’album.

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