The Oscillation - Monographic

Avec ses jams plus cadrés mais tout aussi épiques et incandescents qu’à l’accoutumée, la compil’ d’inédits Beyond the Mirror l’an passé nous confirmait s’il était besoin qu’il y a toujours un gouffre, un puits sans fond, un mur (de son) dont on n’est pas près de voir le sommet entre The Oscillation et n’importe quel autre groupe de rock psyché/shoegaze/néo-kraut en activité (les prétendants norvégiens de Serena-Maneesh ayant passé la première moitié de la décennie en hibernation, de leur propre aveu).

1. Monographic
2. Take Us To The Moon
3. Let It Be The End
4. Truth In Reverse
5. Another Attack
6. Lonely People
7. Alignment Zone
8. Lonely People
9. The End Of Conscious Thought

date de sortie : 11-03-2016 Label : Hands In The Dark

Un abîme qui persistait donc jusque dans les chutes des inégalés Out of Phase (2007), Veils (2011) et From Tomorrow (2013) et va même jusqu’à imprégner le groove no wave fiévreux et opiacé de l’excellent side project BOOZE, à rattraper de toute urgence si vous l’aviez manqué.

Étonnamment pourtant, Monographic impressionne moins de prime abord que la collection de raretés sus-nommée, mettant la pédale douce sur les accès d’ardeur fuzzy à l’exception du bien-nommé Another Attack tout en bourdonnements saturés ou de l’électro-rock sauvage et ténébreux d’un Take Us to the Moon évoquant les Silver Apples ou Suicide des débuts déconstruits par Add N To (X). C’est qu’on avait presque oublié derrière les déchaînements de distos tournoyantes et de fûts hypnotiques de l’opus précédent (auxquels se joignent ici en début de disque des salves de synthés laser psychédéliques à souhait) que le projet mutant de Demian Castellanos est à Can ou aux Spacemen 3 ce qu’Aidan Baker est à Neurosis ou à Khanate : un héritier dont les explorations sont déjà allées beaucoup, beaucoup plus loin que celles de ses aïeux.



Ainsi, des affleurements de grouillis cauchemardés et autres hurlements doomesques du morceau-titre ou de Truth in Reverse, deux titres en apparence classiques pour The Oscillation mais pervertis en profondeur par la noirceur vertigineuse de leurs textures, jusqu’au courant de conscience d’un final drone aussi opaque et magnétique que la conclusion du 2001 de Kubrick (The End of Conscious Thought), Monographic ne cesse d’ouvrir, ici encore, de nouvelles pistes aussi sagaces - et parfois fugaces - qu’intrigantes. Flirtant d’abord avec l’apesanteur aux reverbs droguées de Spiritualized (Let It Be The End), le Britannique s’enfonce ensuite de plus en plus profondément dans les vapeurs atmosphériques de ses errances subconscientes sur une seconde moitié d’album en suspension, à commencer par un Lonely People dont le crescendo space rock sur batterie presque trip-hop se double d’un amoncellement halluciné de bourdons extatiques et d’émanations de pédales à effets avant de s’égarer pour de bon dans le purgatoire évanescent de sa relecture drone façon Windy & Carl du côté obscur (sous les rotors d’une guitare saturée, les idiophones mystiques et scintillants s’y taillent la part du lion).




C’est toutefois sur les 13 minutes du fantasmagorique Alignment Zone que culmine cette incursion ambient devant beaucoup aux premiers travaux solo de Castellanos dans les 90s (cf. l’album-rétrospective The Kyvu Tapes vol. 1 que le fidèle label Hands in the Dark avait édité l’an dernier - assez chamanique dans l’esprit, quasi dénué de rythmiques et faisant la part belle aux sonorités analogiques vintage), à cela près qu’avant de verser dans la cérémonie vaudou toute batterie tribale en avant, c’est dans le marécage cosmique d’un imaginaire lovecraftien que s’aventure le Londonien avec ce bad trip à la croisée du stoner doom et d’un dark ambient lesté de substances psychotropes.

Un véritable climax discographique en somme, qui n’a rien à envier aux abysses les plus flippants de Justin Broadrick ou Ural Umbo et convaincra sans mal, s’il était encore besoin, les aficionados de l’expérimentation tous azimuts de prêter attention à ce projet décidément bien à l’étroit dans le rock à guitares qui l’a vu naître.

Chroniques - 29.08.2016 par RabbitInYourHeadlights
 


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