2011, derniers regards en arrière : 11 albums noise/post-rock/metal

Un mois pour prendre un peu de recul sur une année rock pas toujours folichonne et en arriver comme souvent à la conclusion que seules les franges les plus atmosphériques et radicales du genre avaient su faire honneur aux guitares en 2011. Noise, post-rock, metal à part égales, un peu de krautrock et de shoegaze aussi dans leurs incarnations les plus incandescentes et singulières, pour finalement parvenir à cette petite sélection rivalisant d’élégance et de puissance d’évocation.


1. Picore - Assyrian Vertigo

A la croisée d’un drone-rock lancinant aux relents indus enfumés et d’une noise tribale évocatrice de civilisations décadentes consumées par leur propre ambition malade, Assyrian Vertigo fait des ambitieux Lyonnais du label Jarrings Effects, attendus au tournant après 5 ans d’absence, les dépositaires d’un monument de tension martiale au souffle proprement inouï, érigé sur les ruines encore fumantes d’un krautrock délétère et d’un jazz opiacé. Un disque-monde qui ne vous laissera pas indemnes.


2. Terra Tenebrosa - The Tunnels

Avec ce premier opus marécageux aux instrus déliquescents, le mystérieux trio de Stockholm échappé des regrettés Breach (dont l’EP Goldbox s’est récemment vu réédité en vinyle chez Apocaplexy) met la barre très haut en terme de doom metal anxiogène. Déjà mentionné dans notre bilan metal, The Tunnels déroule un univers véritablement labyrinthique où la glauquitude de plages ambient inquiétantes le dispute aux passages plus frénétiques et menaçants, tout en tension sourde et gothique. De quoi espérer du meilleur pour la suite, d’ores et déjà en boîte et prévue pour le courant de l’année.


3. Terminal Sound System - Heavy Weather

Trop souvent laissé-pour-compte d’un catalogue Denovali décidément bien fourni en objets épiques non identifiés, ce projet inclassable de l’Australien Skye Klein (Halo, Siilt) est pourtant ce que le post-rock a eu à offrir de plus riche en transversalités depuis bien longtemps, lorgnant sur l’ambient, le dub, le jazz et le post-metal pour proposer avec ce 8ème album en 12 ans une série de jams massifs aux rythmiques implacables et à la production proprement abyssale.


4. Wires Under Tension - Light Science

Sorti en tout début d’année, ce premier essai voyait d’emblée Christopher Tignor et Theo Metz, respectivement multi-instrumentiste et batteur du passionnant combo new-yorkais Slow Six, reprendre les choses là où les Montréalais d’A Silver Mt. Zion les avait laissées en 2003 avec This Is Our-Punk Rock, cultivant au gré de leurs envolées de cordes élégiaques et de cuivres martiaux mâtinés de drones lancinants et de synthés astraux une dramaturgie post-rock aussi subtile que luxuriante.


5. The Oscillation - Veils

Avec son krautrock psychotrope aux nappes ténébreuses lorgnant sur le shogaze fuzzy des Spacemen 3, la musique tribale et la no wave gothique, le Londonien Demian Castellanos épaulé par Tim Holmes de Death In Vegas à la production livre un deuxième album parfait pour danser le twist dans une coulée de magma en fusion. Un compromis idéal entre frontalité et profondeur de champ, à écouter sans modération et très, très fort.





6. Zëro - Hungry Dogs (In The Backyard)

A trop lâcher la bride aux chiens ils finissent par se faire la malle, et ça nos ex Bästard et Narcophony l’ont compris, en roue libre et néanmoins toujours à portée de laisse sur ce troisième opus débordant d’ardeur et d’un plaisir de jeu communicatif mais jamais au détriment d’une atmosphère dont la versatilité, nourrie aux cendres de la kosmische music, du psychédélisme et du blues-rock des origines, travaille au corps d’un bout à l’autre leur post-punk en ébullition.


7. Locrian - The Clearing

En attendant leur collaboration très prometteuse avec les audacieux post-rockeurs de Mamiffer prévue mi-mars chez Profound Lore, les deux instrumentistes chicagoans d’Unlucky Atlas rejoints depuis The Crystal World en 2010 par le batteur Steven Hess (ON, Ural Umbo) continuaient l’an dernier sur la lancée doom-ambient de ce projet aux drones mystiques et morbides avec un disque d’autant plus terrifiant qu’il distille ses effets avec une redoutable parcimonie.


8. GP ! - Elabórat

Deuxième opus du guitariste islandais Guðmundur Pétursson et de sa bande d’instrumentistes rompus aux codes du jazz comme à ceux du post-rock, Elabórat marche sur les traces tortueuses de Tortoise par sa propension à remettre titre après titre ses influences à plat et en réorganiser les éléments avec autant de virtuosité que de versatilité, tour à tour feutré, emphatique, contemplatif ou percutant et tout ça parfois au sein d’un même morceau. Un petit bijou de rock instrumental en liberté.


9. OvO - Cor Cordium

Album là encore déjà chroniqué et commenté dans ces pages en tant qu’indispensable à tout amateur de metal-ambient qui se respecte, le vénéneux Cor Cordium voit le duo italien marcher dans les pas des cauchemars zorniens de Moonchild, les pieds dans l’eau croupie d’une crypte où se corrompent les cadavres en putréfaction d’une secte de sorciers saisie en plein rite satanique. Fébrile et flippant, à l’image des vocalises de goule en rut de Stephania Pedretti.


10. Faust - Something Dirty

Si le Faust de Hans Joachim Irmler semble parfois se chercher des raisons de continuer à exister, la seconde entité homonyme née de la scission de cette formation mythique du krautrock des 70’s, emmenée quant à elle par Jean-Hervé Peron et Werner Diermaier n’a rien perdu de son génie défricheur, et apparaît toujours aussi brillante et anarchique sur ce bien-nommé Something Dirty alternant comptines toxiques, fulgurances déconstruites et sommets de psychédélisme électriques et revêches.


11. Screen Vinyl Image - Strange Behavior

On aura mis quelques semaines pour aller repêcher cet outsider sorti en toute fin d’année mais le jeu en valait la chandelle, les murs de son élevés à coups de guitares abrasives et de boîtes à rythmes froidement fiévreuses par notre paire virginienne à la ville comme à la scène ayant encore gagné en densité et en précision depuis leur incandescent Interceptors de 2009, jusqu’à rendre enfin au shoegaze synthétique du début des années 90 sa flamboyance perdue.





11 albums commentés seulement, mais il ne sera pas dit pour autant que j’aurai fait mon rabat-joie, la preuve avec cette deuxième salve d’indispensable tous abordés à un moment ou à un autre dans nos pages l’an dernier :

12. K-Branding - Alliance
13. ERAAS - ERAAS
14. Blueneck - Repetitions
15. Náttfari - Töf
16. Thunder Grey Pilgrim - ᛁᚫᛟ
17. Ramesses - Possessed By The Rise Of Magik
18. Fire ! w/ Jim O’Rourke - Unreleased ?
19. Shield Your Eyes - Volume 4
20. Radius System - Architects Of Yesterday
21. Tombs - Path Of Totality
22. Mamiffer - Mare Decendrii