2017, l’Islande en 50 albums et 10 EPs - Pt. 2/3 (30 à 11)

50 albums et 10 EPs, il n’en fallait pas moins pour résumer l’année musicale islandaise (à une exception près). Nous sommes d’ailleurs toujours étonnés de constater le nombre d’albums (tant en variété qu’en qualité) que produit cette île de 330 000 habitants (soit l’équivalent du département de la Charente ou de la ville de Nice) ! Si certains disques sont déjà passés dans nos colonnes, ce top va permettre, on l’espère, de dresser un panorama plus large, quoique non exhaustif, de ce qui est sorti dans cette contrée du nord en 2017.

- Première partie : 50 à 31




30. Úlfur Úlfur - Hefnið Okkar




Bon, les allergiques à l’auto-tune, même s’il reste très maitrisé ici, et au rap passeront leur chemin, les autres profiteront du troisième album d’un des groupes plébiscités de la scène hip-hop locale.




29. Biggi Hilmars - Dark Horse




Pour son troisième album solo, Biggi Hilmars poursuit dans la voie qui le caractérise : une chamber pop cinématique à la fois belle et torturée. Porté essentiellement par un accompagnement au piano et sublimé par des arrangements de cordes et/ou de cuivres, son chant se marie à la perfection avec la voix de María Kjartans, que nous avions déjà rencontrée sur All We Can Be.




28. Páll Ragnar Pálsson - Nostalgia




Musicien complet (il est connu pour être le guitariste de Maus) et compositeur accompli (il a notamment collaboré avec Daníel Bjarnason), Páll Ragnar Pálsson a livré cette année son premier album. Résolument expérimental dans l’utilisation des instruments à cordes, Nostalgia demande à se laisser apprivoiser afin de laisser éclater son visage poétique.




27. Almyrkvi - Umbra




A l’instar de ses cousins scandinaves, l’Islande est une grande pourvoyeuse de groupe de black metal et Almyrkvi n’en est qu’une nouvelle démonstration. Sur ce premier album, le duo fait déjà preuve d’une grande maîtrise et ajoute un côté indus à ses compositions ne faisant qu’accroître une tension fort palpable.




26. Legend - Midnight Champion




L’électro-rock de Legend prend parfois des allures de voyage interstellaire avec cet usage du synthé qui permet au synth-rock de revenir sur le devant de la scène. Adrift n’aurait d’ailleurs probablement pas été renié par Suede - pas plus que par Angelo Badalamenti compte-tenu des sonorités très Twin Peaks de ce titre. Le groupe sait aussi devenir plus aggressif en s’approchant parfois de metal (Scars).




25. Lord Pusswhip - Lord Pusswhip Is Dead




On le disait en première partie de ce top, la scène rap est particulièrement fournie. Avec Lord Pusswhip, on découvre un abstract hip-hop cinématique et expérimental au flow débonnaire.




24. Singapore Sling - Kill Kill Kill (Songs About Nothing)




Le rock psychédélique de Singapore Sling nous entraîne dans des ambiances horrifiques et glauques sur ce Kill Kill Kill (Songs About Nothing) avec un chant venu d’outre-tombe. Du western d’épouvante (Fuck Everything) aux caves gothiques (Surrounding By Cunts), ce voyage sous acide ne laisse pas indifférent et s’inscrit indélébilement dans nos mémoires, la faute à un clavier suraigu venu se glisser subrepticement entre nos oreilles.




23. Katla. - Móðurástin




Móðurástin (ou amour maternel) est le premier album de Katla. constitué de l’ex-batteur de Sólstafir, Guðmundur Óli Pálmason, et du multi-instrumentiste Einar Thorberg Guðmundsson. Comme le nom l’indique - Katla étant un redoutable et redouté volcan islandais - le duo propose un metal atmosphérique explosif où les nappes sonique se cumulent tandis que les mélodies s’affirment au travers du chant puissant. Il sait également s’apaiser, faisant alors planer une ambiance mortuaire (Kul).




22. Skrattar - Skrattar Og Djöfullinn Sjálfur




Darkwave, synth-pop, post-punk ou goth, l’univers de Skrattar oscille entre tous ces courants, qui, à l’instar de quelques autres, ont le vent en poupe - pas seulement en Islande. Toutefois, si effectivement il est question de revival, le trio ne se contente pas de faire de la redite et propose un son brillant.




21. Stafrænn Hákon - Hausi




"Ici, pas de montées en puissances par juxtaposition de strates saturées. Non, ici, la délicatesse est le maître-mot. Les envolées se font en douceur et les nappes soniques, bien que présentes, restent discrètes pour se fondre à l’ensemble (Hulsa). Alors bien sûr, nous ne sommes pas exempts d’échappées incandescentes comme l’illustrent par exemple Duft qui alterne mélodies vaporeuses de la harpe et rythmes effrénés, ou encore Gesta, épilogue somptueux et enivrant d’un album finalement pas si facile d’accès, les premières écoutes pouvant peut-être lasser les oreilles moins habituées."


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20. Nordic Affect - Raindamage




Nordic Affect est un ensemble contemporain composé de cinq instrumentistes, unies autours de leur attrait commun pour la musique expérimentale. Sur ce Raindamage, elles interprètent différentes pièces composées pour l’occasion par Hlynur Aðils Vilmarsson, Úlfur Hansson et Valgeir Sigurðsson - que nous retrouveront plus loin pour les deux derniers cités. Bien que de compositeurs différents, l’ensemble reste parfaitement homogène et permet une immersion complète dans cette exploration dissonante.




19. Árstíðir Lífsins - Heljarkviða




Il est vrai qu’avec ses deux titres, Heljarkviða ressemble davantage à un EP, mais avec près de 40 minutes de musique, il est plus long que certains albums de ce classement où il a, dés lors, sa place. Black metal aux accents folk et néo-classiques, Árstíðir Lífsins alterne entre déflagrations soniques et apaisement mélodieux. Un album entre rage et poésie, en somme.




18. Heidatrubador - Artist Celery




Heidatrubador est une artiste kaléidoscopique s’il en est ! Cette année, elle a sorti deux albums et un EP (le jour de Noël) et rien ne permet d’identifier un quelconque lien de parenté entre eux. Entre Fast, aux accent folk et americana, 24.12, l’EP électro-bruitiste et Artist Celery et son rock lo-fi, c’est ce dernier qui a le plus retenu notre attention. S’il apparaît parfois décousu, cet album propose une ambiance rock, sans fioritures, comme il n’est plus si fréquent d’en rencontrer.




17. Mosi Frændi - Óbreytt Ástand




Formé en 1985, le sextuor a été particulièrement actif sur la deuxième moitié des années 80 en sortant trois albums. Il aura fallu attendre près de 20 ans pour les retrouver en 2009 et ensuite en 2017. Sur Óbreytt Ástand, Mosi Frændi est resté fidèle à ses racines punk, reprenant même l’hymne Ó Reykjavík, n’hésitant pas à y incorporer clarinette et trombone. Le combo est également complètement déjanté et bordélique pour finalement produire un album totalement jouissif.




16. Skelkur Í Bringu - Þrífðu Þetta Hland




Bon, soyons honnête, quand on écoute les premières notes de ce disque, on se demande bien où l’on a pu tomber. Non, en fait, pour être vraiment honnête, on se pose cette question tout au long de cet album sans queue ni tête, à chaque réécoute, et c’est pareil en concert. Pourtant on y revient ! On n’en dira pas plus sinon que le trio est composé de Siggi Sax, Pétur Beikon et Steinunn Eldfaug (aussi connue pour son travail sous le pseudo dj. flugvél og geimskip). Pour le reste, le mieux c’est d’aller écouter.




15. Ösp Eldjárn - Tales Of A Poplar Tree




"Ce conte mélancolique s’ouvre sur un piano-cordes-voix sobre et diablement efficace. Simple d’apparence, Ástarnetið sait aller à l’essentiel et nous permet de découvrir tout le lyrisme de la voix, si reconnaissable, d’Ösp. Cette voix qui est dès lors l’élément principal de ce disque. Une voix qui, à elle seule, est capable de nous plonger au cœur d’un univers à la fois chaleureux et tourmenté. Alors, bien sûr, certaines références apparaissent de manière assez évidente, telle que la profondeur de Joan Baez comme sur Tree Without A Root ou Advice, ou encore les envolées glaciales d’Ölof Arnalds (Bak Við Fossinn) mais Ösp Eldjárn est parvenue à se créer une identité vocale propre qui sied à merveille à ce songwritting onirique, tantôt en islandais, tantôt en anglais."


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14. GlerAkur - The Mountains Are Beautiful Now




GlerAkur est la dernière sensation post-rock islandaise... et lorsqu’on met post-rock et islandais côte à côte on pourrait s’attendre à une pale copie. Il n’en est rien ici et Elvar Geir Sævarsson propose une musique instrumentale cinématique aux allures parfois dark ambient où les guitares électriques s’enchevêtrent pour mieux exploser et où des chœurs spectraux deviennent les âmes perdues de cet album.




13. Valgeir Sigurðsson - Dissonance




"Que de chemin parcouru en effet par le producteur islandais entre l’électronica de son Ekvílibríum initial où mélodie et chant (via les invités Bonnie ’Prince’ Billy, Greg James Walker ou la divine Dawn McCarthy de Faun Fables) occupaient encore une place prépondérante, et les 22 minutes de crescendo massif et incandescent du morceau-titre - et pièce maîtresse - ouvrant ce Dissonance, tourbillon de lignes de viole de gambe frottée, frappée, malmenée, brûlée au chalumeau qui sait, dont les harmonies tourmentées et autres drones orageux au second plan pulvérisent tout sur leur passage, à commencer par nos tympans sidérés par tant d’intensité."


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12. Víkingur Ólafsson - Philip Glass : Piano Works




En 2017, le pianiste islandais a rendu un bel hommage à Philip Glass (avec qui il a justement collaboré sur ce disque) en reprenant des études et Opening, extrait de Glassworks. Souvent en soliste, parfois accompagné du Siggi String Quartet, Víkingur Ólafsson allie maîtrise technique, délicatesse, sensibilité et tout ce qui forme la virtuosité. Son interprétation magistrale sublime - si cela est possible - une œuvre intemporelle et majestueuse.




11. Bára Gísladóttir - Mass For Some




Sur cet album d’avant-garde, Bára Gísladóttir, armée de sa contrebasse, explore les profondeurs de son instrument de prédilection. Parfois rageur, toujours cathartique - Mass For Some fut enregistré dans la maison de son grand-père disparu -, ce disque nous plonge dans des abysses insoupçonnées où même la voix de Bára, au timbre pourtant si pur, vient ajouter à la terreur.


Articles - 24.01.2018 par spydermonkey