Actif depuis bientôt cinq ans, MoYaN n’en est plus à son coup d’essai alors que sort son troisième EP Hypnic Fall. Le groupe strasbourgeois, dont le nom se réfère à « celui qui ne parle pas », développe à juste titre cinq nouveaux titres quasiment instrumentaux post-rock et post-metal.

Sous ces étiquettes généralistes, le quatuor explore ses propres résonances, créant des identités propres à chacune de ses créations. MoYaN introduit ainsi Hypnic Fall avec douceur, évoquant le trip-hop de Massive Attack dans une longue invocation maîtrisée (Memories of a Spacesuit). Le groupe voyage ensuite dans les mégalopoles asiatiques, guidé par une voix électronique et mystérieuse (Flatearther). Malgré ses changements d’atmosphères, la formation ne s’éloigne jamais de son propos. Ses rythmiques dures et scandées avec justesse portent efficacement des harmonies de guitares parées de multiples effets inspirés du rock progressif. Le psychédélisme fait cependant place à la torpeur quand ces derniers mutent en distorsions granuleuses (Spacescrapers). Quel que soit le visage arboré, MoYaN démontre une belle retenue dans son interprétation. La bande évite des écarts noise hasardeux, pourtant habituels à son registre, malgré une conclusion torturée (Chthonien).

Avec Hypnic Fall, MoYaN diffuse son aura nébuleux avec éminence et témérité.