Bien que son label 12k soit toujours en activité (on appréciera d’ailleurs la sortie posthume au printemps dernier du charmant Sounds, enregistré en 2003 par la Japonaise Sawako qui nous a quittés cette année et demeuré dans les tiroirs de l’un de ses amis musiciens), c’est à la structure canadienne Nettwerk que Taylor Deupree a confié le soin de défendre son nouvel EP Ash paru ces jours-ci. Comme souvent avec le New-Yorkais auquel on doit la découverture de tant de projets ambient remarquables ces 20 dernières années, l’artwork embué cache une électro-acoustique brumeuse tout en harmonies délicates et feutrées qui met en avant la fragilité des textures, avec l’appui de field recordings organiques évoquant tantôt le fourmillement printanier des insectes près d’un ruisseau (Looming Brittle) ou des pas dans la neige fraîchement tombée (Recaptures Day).

Douces mais parfois fortes en contrastes (cf. Flashfires télescopant pianotages impressionnistes perdus dans le lointain et crépitements au premier plan), les compositions mouvantes de l’Américain saisissent l’impermanence de l’instant, culminant ici sur les foisonnants The Anthology of Fragments et (We Share the) Dust Garden dont les éléments à l’exception du piano sont peu reconnaissables mais n’en participent que mieux d’un microcosme évanescent particulièrement évocateur, dégageant une grâce onirique propice à l’introspection nocturne.