Pierre Lapointe, un mutant trop humain ?

Trop chansonnier peut-être pour se faire une place dans le coeur des amateurs de rock indé, et sûrement trop porté su l’hybridation musicale pour s’attirer les faveurs du public de variété, Pierre Lapointe est du genre invendable de ce côté-ci de l’Atlantique. Pas étonnant dès lors que son nouvel album Sentiments Humains nous soit parvenu 5 mois après sa sortie au Québec, à l’instar du précédent La forêt des mal-aimés dont nous disions le plus grand bien il y a trois ans.

C’est pourtant dans une production scénique à la limite de la comédie musicale que l’album trouve racine, un spectacle éphémère intitulé Mutantès (en référence aux fameux Mutants sur le retour dont nous vous parlions pas plus tard qu’hier ?) et monté dans le cadre des Francofolies de Montréal en 2008 où le chanteur semble avoir connu un beau succès. Que manquait-il alors pour qu’il en soit de même chez nous ? Quelques superlatifs, des comparaisons flatteuses avec Biolay, Gainsbourg, Morricone ?... ou pourquoi pas tout simplement 40 000 dollars canadiens offerts en guise de bourse de la part de la radio XM Satellite pour venir développer sa carrière en Europe.

Un projet qui vient justement de débuter par un mois de résidence à la Boule Noire avec cinq musiciens, soit un concert chaque soir jusqu’au 17 octobre inclus pour un public parisien qui jusqu’ici semble être au rendez-vous. Et d’avouer à RFI Musique : "Contrairement au show futuriste Mutantès, que j’ai présenté huit soirs au Québec, rien n’est ici planifié. Je veux donner aux gens des moments uniques, pas un concert plastique et sans vie."

Quant à l’univers développé sur ce troisième opus, il oscille toujours entre poésie morbide aux mots parfois très crus et lyrisme désespéré sur 12 titres précédés par un premier single où Pierre Lapointe semble faire sa propre élégie funèbre, le temps d’une ballade country-folk aux arrangements vibrants bientôt soufflée par les déflagrations d’une batterie post-punk :

"Mon but avec Sentiments Humains, c’était de trouver le cri humain, explique-t-il. "Pour m’en approcher, j’ai beaucoup écouté les Doors, Nina Simone, des chants d’esclaves noirs américains des années 1940 et surtout Léo Ferré. Il a une façon de clamer très phallocrate, qui normalement ne m’attire pas du tout mais là, j’avais besoin que son intensité m’inspire. Il est à mon avis bien plus hardcore que beaucoup de groupes punk d’aujourd’hui !"

Alors, Pierre Lapointe, un punk dans l’âme tout de cuir vêtu ? A vérifier sur CD via le label Wagram, ou sur Deezer qui propose d’écouter l’album dans son intégralité.

News - 28.09.2009 par RabbitInYourHeadlights
 


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