Hjaltalín - Terminal

Il fallait que ça arrive, on m’avait pourtant prévenu. Devant l’habituelle maigreur de la page décembre de notre agenda CD, j’avais pris mes devants et pratiquement bouclé mon bilan de l’année, non sans une certaine fierté. Syd Matters et leur Brotherocean trônaient alors solidement sur la plus haute marche du podium. Alors certes je brise un peu le suspense, mais je suis avant tout ravi de vous présenter le plus bel album que nous ait offert cette année 2010, et après tout mieux vaut tard que jamais. Voici Hjaltalín et leur incroyable Terminal.

1. Suitcase Man Voir la vidéo Hjaltalín - Suitcase Man (Live)
2. Sweet Impressions
3. Feels Like Sugar
4. Song From Incidental Music
5. Montabone
6. Stay By You
7. Hooked On Chili
8. Sonnet For Matt
9. 7 Years
10. Water Poured In Wine
11. Vanity Music

date de sortie : 14-06-2010 Label : Discograph

J’aurais bien aimé vous soumettre au petit jeu qui consiste à écouter l’œuvre d’une formation et essayer de deviner la nationalité de celle-ci.
Seulement avec un nom comme Hjaltalín, les dés auraient de toute façon été quelque peu pipés. Difficile d’imaginer pourtant que ce surprenant Terminal soit une création islandaise, tant celle-ci se démarque du paysage musical habituel de cet inépuisable vivier de talents. Rêverie, fantaisie et évasion étant les principaux mets locaux, ici il faudra vous attendre à un vaste programme avec une toute autre qualité première : la classe. Une classe qui avait tout pour être américaine et qui renvoie au riche passé musical et cinématographique du pays de l’Oncle Sam.

Après un premier album prometteur, mais à des lieues du travail réalisé cette fois-ci, la bande de Högni Egilsson s’est prise d’une certaine ambition et s’est donné les moyens d’y parvenir. Réunissant quelques-uns des plus talentueux musiciens du milieu orchestral local, c’est armé jusqu’aux dents que Hjaltalín s’est retrouvé en studio pour mettre sur pied ce chef-d’œuvre pluridisciplinaire. Inutile de passer par des exemples, chaque passage de ce deuxième opus étant un moment fort et un perpétuel renouveau. S’ouvrant sur un triptyque détonnant, enchaînant sur une succession de tableaux romantiques avant de fouler les pistes de danse et de se terminer sur un final hollywoodien, Terminal est un parcours fléché aussi insolite que convaincant. Aucune demi-mesure, la troupe en fait des tonnes sans jamais outrepasser les limites pour autant. Neil Hannon, Jens Lekman ou les un peu moins illustres The Magic Theatre ; chacun de ces noms peu connus pour leur retenue nous reviennent tour à tour à l’esprit. Et malgré une base d’inspiration très passéiste, toutes les créations de l’album s’inspirent du savoir-faire de ces artistes plus contemporains pour remettre au goût du jour chacun des volets explorés jusqu’au Vanity Music final que tout réalisateur de comédie romantique tuerait pour se le voir attribuer à son prochain film.

La mue observée et les progrès réalisés depuis Sleepdrunk Seasons sont étonnants, il est difficile de ne pas se dire que derrière les sept membres de la formation islandaise, se cache probablement une tête pensante à l’imagination sans limite et à l’origine de cette belle progression. Est-ce réellement Högni Egilsson et sa voix de crooner capable de supporter les envolées aiguës les plus risquées ? Ou Sigríður Thorlacius sa partenaire vocale aussi à l’aise dans un registre lyrique que dans des embardées disco ? Voire même, sait-on jamais, l’un des claviériste/violoniste/bassoniste/percussionniste de la formation ? Il est encore difficile de répondre à cette question et il est même encore probable que la réussite de cet album soit le fruit de l’entrechoc de plusieurs génies à la fois. Toujours est-il qu’avec une telle démonstration, nous n’avons pas fini d’entendre parler de Hjaltalín et que le disque d’or reçu et les deux awards ("meilleure voix" et "meilleur album pop/rock") obtenus aux victoires de la musique islandaises sont les premiers échos du souci que peuvent se faire Sigur Rós et Björk quant à leur hégémonie sur la terre de glace.

Chroniques - 23.11.2010 par Pol
 


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