On parlait récemment de la difficulté d’exceller encore dans le post-rock en empruntant les chemins balisés par des pointures telles que Mogwai ou GY !BE, une question qui ne se pose pas vraiment du côté des Lillois Overlow tant Sunny Side, premier EP en libre écoute de ce combo emmené par le compositeur et guitariste Benjamin Collier affiche des préoccupations tout aussi évocatrices mais autrement plus défricheuses.
Ainsi, la figure tutélaire ici serait plutôt Tortoise, un goût immodéré pour la liberté du jazz, les atmosphères feutrées, les contrepieds mélodiques et les rythmiques mathématiques auquel viennent se prêter la virtuosité discrète du batteur Charles Duystchaever et la mélancolie toute en finesse de Jérémie Ternoy au Fender Rhodes. Pas franchement le genre de comparaison dont on aurait tendance à craindre la portée réductrice et pourtant il suffira d’entendre les scratches et samples abstraits de Lad, la prose poétique et opaque d’un Isola dont le rock d’abord aride et déconstruit se mue peu à peu en groove cosmique et maximaliste, ou le flow hip-hop déversé avec autant d’élégance que de précision sur les guitares aux accords spleenétiques de Buttercup pour réaliser à quel point la musique d’Overlow ne tient dans aucune case, pas même les plus naturellement éclatées au point de voir le groupe lui-même en jouer, avançant avec malice le qualificatif d’infra-hip-no-blues.
Autant dire que l’aventure ne fait commencer, d’ailleurs sorti des réseaux de distribution traditionnels (Amazon, iTunes) pour la version digitale, il faudra fouiner un brin pour se procurer l’objet puisqu’à moins de contacter directement le groupe (contact@overlow.org) ou de passer pas loin du tout jeune magasin lillois Minor Place Records (44 bis rue du plat), seuls les Parisiens de Souffle Continu proposent à l’heure actuelle le CD par correspondance.
Gageons toutefois que le bouche-à-oreille et quelques raids scéniques bien sentis - à commencer par celui du 17 février à l’Antre 2 (Lille toujours) où l’on devrait retrouver les projections du VJ et quatrième membre du groupe Erwan Defachelles - sauront faire monter le buzz avant qu’un premier long format ne vienne pointer le bout de son nez.
