Rencontre avec OfeliaDorme

Après un EP en 2009, les Italiens d’OfeliaDorme ont donné, cette année, naissance à leur premier album All Harm Ends Here. Perdu entre un rock raffiné et une pop épurée et lancinante, ce premier opus a tout pour plaire aux amoureux du genre. Rencontre avec Francesca Bono, la chanteuse de la formation originaire de Bologne, qui nous parle de son groupe et du rock indé en Italie.

IRM : Peux-tu présenter OfeliaDorme en quelques mots ?

Francesca : OfeliaDorme est un "damn good band from a highly complicated country" ! Blague à part, quelqu’un a qualifié notre groupe de noise-pop, quelqu’un d’autre d’indie-psych-folk... Ce qui est sûr, c’est que l’idée de départ était de donner vie à une musique internationale, ouverte à de nombreuses influences et jouée en grande partie à l’instinct, sur des pulsions primaires.
Nous sommes quatre membres, nous jouons de nombreux instruments (ou du moins nous essayons...). Nous avons deux disques à notre actif (un EP de 6 titres sorti en 2009, Sometimes It’s Better To Wait, et un album sorti en 2011, All Harm Ends Here ) et nous avons participé à diverses compilations, en Italie et à l’étranger. Nous avons été jusqu’à présent un DIY band et comme vont les choses, nous voulons continuer à faire de la musique tout en maintenant la liberté et l’esthétique qui nous distinguent dans la musique indépendante.

Comment vous-êtes vous rencontrés et quand avez-vous commencé à faire de la musique ensemble ?

Nous nous connaissons tous plus ou moins depuis 2006. OfeliaDorme est né en 2007 comme projet parallèle, puis c’est devenu notre projet principal. Michele et moi jouions déjà ensemble depuis deux ans dans un autre groupe, Tato et Gianluca avaient eux aussi d’autres projets musicaux. Mais ça a été le coup de foudre immédiatement et nous nous sommes aussitôt consacrés à notre nouvelle créature !

Quelle est l’origine du nom du groupe ?

Le nom est inspiré d’un poème de Rimbaud et évidemment de l’Ophélie shakespearienne. D’une façon romantique, nous espérons qu’Ophélie n’est pas morte mais seulement endormie !


Quelles sont vos influences musicales et extra-musicales ?

Nos influences musicales sont nombreuses et diverses. Il est difficile de toutes les énumérer mais pour citer quelques noms : The Velvet
Underground, Sonic Youth, Smog, Radiohead, PJ Harvey, Joy Division,
Wire, Jason Molina, Karate, Nick Cave, Low, The Beatles, The Smiths, Pixies, Philip Glass, Scout Niblett
et tant d’autres. Les influences extra-musicales sont également très importantes, dans le cinéma et la littérature en particulier : l’esthétique des films de Cassavetes et de Lynch, le cinéma italien et français, les nouvelles de Carver et de Foster Wallace, etc.

Pourquoi avoir choisi de chanter en anglais plutôt qu’en italien ?

Cela n’a pas été un choix à proprement parler. Je m’explique : J’ai toujours écrit mes chansons en anglais jusqu’ici, jamais en italien. J’ai toujours voulu voyager et toucher le plus de personnes possible, et donc, automatiquement, j’ai toujours utilisé une autre langue. Bien que c’est difficile et historiquement décourageant, pour un groupe dont ce n’est pas la langue maternelle, de se faire une place dans le paysage musical, l’anglais nous donne potentiellement l’éventualité de nous faire connaître partout. Il n’est pas dit que cela arrivera, mais la possibilité existe. En fait, jusque là nous avons toujours été satisfaits comme cela et par ailleurs, l’anglais s’adapte bien à ma façon d’écrire et de chanter.

En France, nous ne connaissons que très peu de groupes indie-rock italiens, comment expliquer, selon toi, qu’il est si difficile pour eux de se faire connaitre hors de vos frontières ?

Les Italiens non plus ne connaissent pas tellement de groupes français indépendants. Je pense qu’il s’agit d’un problème de distribution, de politique discographique de nos (ou du moins de notre) pays, de communication... Il faudra du temps, mais peu à peu, les choses sont en train de bouger. Il y a d’excellents groupes en Europe, et il y en a vraiment beaucoup en Italie, tout le monde devrait venir y faire un tour !

Avec des groupes comme le vôtre, mais aussi Banjo Or Freakout, Porcelain Raft, Mushy ou encore His Clancyness, peut-on parler de l’émergence d’une "scène italienne indie rock" ?

Ce ne sont que quelques noms, d’excellents par ailleurs, mais il y en a tellement d’autres. La scène est très fructueuse actuellement. Un grand nombre de groupes animent la "scène italienne indie rock". Il y aurait beaucoup à exporter comme le font les pays scandinaves, nous espérons que ce ne soit pas un feu de paille...

Pour finir, quels sont les disques que vous écoutez en ce moment ?

La dernière fois que je suis allée chez Gianluca, il écoutait de la musique lyrique et du blues. Pour ma part, je suis de nouveau dans une période où j’écoute énormément le Velvet Underground et Syd Barrett, et récemment, on m’a fait découvrir Betty Devis (du funk des années 70, une voix folle). Nous venons d’offrir à Michele, pour son anniversaire, des vieux vinyles des Talking Heads et de Joy Division. Quant à Tato, c’est un omnivore musical !


Merci à Francesca pour avoir répondu à cet entretien et à tous les membres du groupe OfeliaDorme pour leur disponibilité.


OfeliaDorme sur la toile :
http://www.ofeliadorme.it
http://www.myspace.com/ofeliadorme
http://www.facebook.com/pages/OfeliaDorme/215414378844
http://twitter.com/ofeliadorme
http://www.youtube.com/ofeliadormeband
http://soundcloud.com/ofeliadorme

All Harm Ends Here en écoute.


Interviews - 24.08.2011 par Milito


News // 20 février 2012
OfeliaDorme sort de sa botte

Les Italiens d’OfeliaDorme, avec qui nous nous sommes entretenus l’année dernière, se lancent dans une première mini-tournée européenne. En effet, le quatuor de Bologne prendra, à la fin du mois, la route pour la France puis pour l’Angleterre. Au programme de ce tour, 6 dates dont 5 chez nos amis britanniques. Il ne faudra donc pas manquer la seule (...)