Recommandée par Will Samson qui participe sur Katie’s Blue Cat aux choeurs de ce premier EP enregistré à Berlin en compagnie d’un certain Florian Frenzel, Elise Mélinand nous convie au fil de ces 5 titres à un Voyage acoustique tout de poésie et de délicatesse, direction l’enfance de l’art dans une frêle embarcation musicale faite essentiellement d’arpèges de guitare et d’arrangements feutrés servant d’écrin à sa voix fragile et acidulée de petite file grandie trop vite.

Dès l’ouverture, titre de chanson à l’appui ou presque, on pense à CocoRosie dont resurgit heureusement la spontanéité plutôt que le maniérisme, et d’autant plus sûrement sur André avec l’appui d’une rythmique hip-hop minimaliste et assourdie au diapason des incursions spoken word d’Elise. Mais si Joanna Newsom n’est pas bien loin non plus, avec un accordéon lancinant, un trombone subtilement lyrique ou de virevoltants arrangements flûtés à la place de la harpe chère à l’Américaine, la Française - qui s’illustrait déjà au violoncelle sur scène au sein du Little Prism Ensemble de Christina Vantzou et en garde des traces sur le titre final In My Room aux fines traînes dramatiques - brille surtout par sa capacité à exprimer beaucoup avec très peu, à l’image d’une Ólöf Arnalds.

Quant à cette voix si particulière, dont les intonations rappelleront à certains la mélancolie douce-amère d’Emilie Simon sur le même André, unique titre chanté en français, elle nous vaut un autre rapprochement en terres islandaises et avec une autre fratrie cette fois, celle des jumelles Valtýsdóttir : ces fascinantes femmes-enfants qui habitèrent un temps les songes analogiques de múm et avec lesquelles notre Berlinoise d’adoption partage une troublante sensibilité sans âge à l’image d’une cover dont on ne saurait dire si elle évoque l’automne ou le printemps, à mi-chemin de l’éternelle candeur des explorateurs en pop de chambre et de la sagesse précoce des rêveurs solitaires.