Ce mois-ci Aidan Baker fait rimer chefs-d’œuvre avec ovnis en inventant le shoegaze metal aquatique et le drone sludge impressionniste, rien que ça !

On le disait lors de notre dernier point sur l’actu toujours en mouvement du stakhanoviste canadien désormais basé à Berlin, la tendance pour Aidan Baker est à la sublimation des guitares et des fûts de l’état solide à l’état gazeux, comme joués à 10 mètres sous le niveau de l’océan dans le cas de Flipper dont seules les cymbales scintillantes et les cordes mélancoliques et lancinantes assurées par Peter Broderick et Angela Chan de A-Sun Amissa et Glissando semblent affleurer à la surface tandis que les riffs se débattent dans l’opacité des courants sous-marins, symbolisés par les basses sourdes de Leah Buckareff aux allures de drones grondants :

Soit un petit chef-d’œuvre entre pesanteur et flottement dont les bénéfices des 500 exemplaires vinyles et autres téléchargements iront à la protection des cétacés via l’excellent label écolo Oaken Palace Records.

Quant aux deux morceaux fleuves du premier album d’Adoran, ça se passe du côté de ConSouling Sounds en compagnie de Dorian Williamson (Northumbria) et de sa basse doomesque, Aidan Baker se "contentant" de tenir la batterie pour près d’une heure de jams sludge ultra-minimalistes et non moins saisissants qui semblent lutter contre la gravité sous un ciel électrique et plombé, tirant vainement sur leurs chaînes de metal en quête de liberté et c’est justement la fatalité de sa retenue qui fait tout le prix de ce prometteur éponyme :