Le label californien n5MD tient décidément une sacrée forme en cette première moitié d’année. Si nous avions déjà évoqué la sortie du Acht de Vittoria Fleet, nous étions passés à côté de celle, un mois plus tôt, du premier album d’Elise Mélinand.

Un oubli qu’il convient donc de réparer tant ce Gray Hoodie confirme les espoirs suscités par l’EP Le Voyage, sorti il y a deux ans et dont nous disions déjà le plus grand bien à l’époque.

Depuis lors, la Parisienne n’a pas effectué sa mue. Ce sont essentiellement les mêmes éléments que l’on retrouve dans la pop hivernale de la multi-instrumentiste, à commencer par cette voix enfantine évoquant peut-être plus encore qu’à l’époque celle des jumelles Gyða et Kristín Anna Valtýsdóttir, et par intermittence seulement celle d’Emilie Simon (Sur L’Océan).

On songe inévitablement à múm tant la parenté vocale s’accompagne de similitudes instrumentales. Un attrait pour le mineur et des crescendos en forme de pulsations rythment Gray Hoodie, cet album froid et doux, à écouter derrière la vitre en contemplant les flocons de neige s’amouracher d’un sol imprégné d’un blanc hivernal.

Autre signature du label n5MD, Ocoeur s’invite sur le sommet que constitue Sur L’Océan, ritournelle au piano évoquant aussi bien Yann Tiersen qu’Arno M. Invitation suprême au voyage (Rue Des Abbesses), ce disque voit la jeune Française s’affirmer comme une pointure lorsqu’il s’agit de combiner sens de l’épure inspiré par le Grand Nord et dédale d’émotions jamais forcées. Parfois, Elise Mélinand parvient même à s’affranchir (légèrement) de ce délicieux univers, en témoigne notamment un Dried Leaves où l’entrelacement de voix mixtes conjugué à un univers adapté sonne comme le croisement improbable mais réussi de Rob Dougan et múm.