Si ce streaming affublé du double 13 semblait tout adapté à l’univers volontiers anxiogène et lugubre de ce side project de Matthew James Bower aka Wizards Tell Lies, c’était sans compter sur la versatilité du Britannique qui s’est mis dans l’idée, poussé au challenge par le label électro londonien Sector 12/12, de rendre hommage à la drum’n’bass des 90s et à l’IDM estampillée Warp de la grande époque.

En dépit de l’intention de départ, c’est surtout cette dernière qui revit au gré des circonvolutions mentales de l’auteur de The Failed Silence, premier disque à avoir laissé entrevoir chez ce musicien plutôt coutumier de l’expérimentation analogique sci-fi ou des triturages de guitare drone/post/kraut-rock un goût pour l’abstraction approfondi par les incursions électro/ambient de l’excellent EP Terror From Space de l’an dernier, et qui lorgne ici sur les rythmiques déstructurées et les mélodies angoissées d’Autechre avec une petite touche cinématographique évoquant l’esthétique des belles heures du label Tympanik, les errances stellaires faussement chaotiques d’Access To Arasaka en tête (Auton Visitation).

Pour autant, et tout en faisant preuve d’une certaine tendresse pour les sonorités old school des synthés caractéristiques de l’IDM des débuts ainsi qu’à ces mêmes emprunts dub ou chillout (Mutation Adjust) qui faisaient fureur dans le genre lorsque intelligent dance music rimait encore avec bidouillage de rêveurs, Matt Bower ne sacrifie pas son talent pour les atmosphères fantasmagoriques, comme en témoignent les nappes synthétiques au second plan du ténébreux Time Coiled Paradox ou les distorsions enfumées d’un Outbound Europa clair-obscur aux accents de candeur proches de Plaid. Comme quoi on peut être ludique voire même aborder un certain degré de légèreté sans sacrifier à l’hédonisme bas du front de rigueur en ce moment.

En libre téléchargement ici.