En 2010, déjà, Masayoshi Fujita et Jan Jelinek s’associaient pour composer un Bird, Lake, Objects salué dans nos colonnes. Un EP - Do You Know Otahiti ? paru en 2013 - plus tard, les compères unissent à nouveau leurs efforts à l’occasion d’un disque onirique et naturaliste fondamentalement passionnant.

Écouter Schaum est tout sauf un effort, c’est une évidence. Pourtant, cet album est loin d’avoir été composé pour flatter les paires d’écoutilles les moins farouches. Schaum se mérite, en même temps qu’il se délivre volontiers à l’auditeur averti. Là réside l’essentiel du paradoxe de cette musique ambitieuse.

Ambitieuse, donc, et lorgnant sur un registre ambient. Ce terme tend de plus en plus à devenir un mot-valise, mais le duo parvient à lui redonner tout son sens. Ici, pas de percussion, seules restent les nappes oniriques mélangeant habilement les compositions du vibraphoniste nippon et quelques field recordings. Ajoutons à cela les digestions légèrement électroniques du Berlinois, et les productions se voient affublées d’une dimension tantôt granuleuse, tantôt vaporeuse, mais toujours propice au rêve.

Un rêve oscillant entre virtuel et réel puisque, si l’évocation de la nature est présente - les field recordings n’y sont assurément pas pour rien - c’est en planant tel un oiseau que l’on s’imagine slalomer entre les arbres. En somme, Schaum assure l’équivalent d’une prise d’acides à peu de frais.