Top albums - janvier 2017

En hiatus depuis mars 2015, l’historique top albums d’IRM renaît de ses cendres dans une formule améliorée blablabla... La vérité c’est qu’on avait eu la flemme un moment mais c’est bien connu, plus on en fait et plus on a envie d’en faire (notre lauréat de janvier en sait quelque chose...), et il faut croire que le projet Twin Peaks que vous suivez, on l’espère, chaque semaine dans nos pages nous a remis le pied à l’étrier.

Au programme donc, comme avant mais pas tout à fait, le meilleur des sorties du mois écoulé avec une nouveauté : un album qui divise la rédaction. Et des rubriques EPs, beat tapes et choix des rédacteurs qui se voudront plus régulières si on arrive à se motiver. Rendez-vous donc le mois prochain pour voir ce que ça donne, et d’ici là, faites-vous plaisir avec cette sélection éclectique à souhait !


Nos albums du mois






1. Aidan Baker w/ Claire Brentnall - Delirious Things


"Si le chant volontiers évanescent et divagant de Claire faisait déjà naturellement penser à Liz Fraser sur le récent Mirror Breathing, entendre ses vocalises doublées d’harmonies en écho, à la fois douces et lyriques, presque en état d’ébriété et légèrement acidulées s’entrelacer avec les nappes gazéifiées de synthé Casio et de guitares d’Aidan ravira forcément les nostalgiques des Cocteau Twins. L’influence du groupe mythique de Robin Guthrie et Simon Raymonde se mêle étonnamment à celle de Massive Attack dès le morceau titre avec ses percus syncopées façon Blue Lines et sa discrète ligne de basse un brin trip-hop, référence évidente sur Dead Languages - dont la dramaturgie pulsée et l’atmosphère fantomatique évoque Group Four sur Mezzanine qu’on aurait passé au filtre des textures liquéfiées de Nadja - ou en mode plus abstrait sur le beau final Shivering."


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(Rabbit)





2. Max Richter - Three Worlds : Music From Woolf Works


Inspiré de trois nouvelles de Virginia Woolf qui scindent l’album en trois partie distinctes, Three Worlds voit d’abord le pianiste et compositeur germano-britannique renouer avec les sommets de néo-classique affligé aux orchestrations crève-cœur bien connus des admirateurs de ses fabuleux trois premiers opus (The Blue Notebooks en tête) comme ceux de l’indépassable série télé The Leftovers dont il signe la bande originale, sur la suite Mrs Dalloway, la plus réussie, que dominent la dramaturgie déchirante de War Anthem et le lyrisme en mineur du mélancolique In The Garden :




Mais entre l’ouverture narrée par feu l’écrivain elle-même et le final de plus de 20 minutes d’un Tuesday fidèle à la nature expérimentale du roman The Waves dont Gillian Anderson (de X-Files et The Fall, si si) récite un morceau choisi, l’auteur de Sleep n’en laisse pas pour autant de côté la dimension élégiaque et minimaliste de ce dernier, sur ce Tuesday donc au même genre de chœurs d’opéra éthérés dont le crescendo terrassant met 8 ou 9 minutes à s’extirper de son spleen languissant, tandis qu’en milieu de disque, l’étonnante série Orlando ose les arpeggiators kosmische et autres modulations électro hachurées des arrangements pour rendre hommage au roman du même nom, résolument moderne, dont le personnage principal vit plusieurs siècles en changeant de sexe durant son sommeil. DInfra à Disconnected, on connaissait le goût de Richter pour les pulsations électroniques impressionnistes, mais pour la première fois ici, le résultat entrecoupé de pièces pour cordes assez intenses et dramatiques telles que Transformation ou The Tyranny Of Symmetry et de méditations ambient (Morphology) est pleinement réussi.


(Rabbit)





3. Vas x Ill Clinton - V for Vigoda


C’est comme ça, le truc est sorti le 1er janvier 2017 et ce 1er janvier, on avait déjà trouvé un de nos albums hip-hop de l’année 2017 ! Vous allez nous dire : « Oui, oui, mais il reste quand même 364 jours ! » et nous, on vous répondra : « Ouais, mais V for Vigoda, c’est un peu comme si un nouveau Tical venait de sortir avec Guy Fawkes et Alan Moore en guests ! », ouais, juste ça ! Vas Vigoda en Method Man et Ill Clinton en RZA ! La filiation est bien là : déjà concernant le beatmaking, on savait le gars d’US Natives Records doué (Skywalken III et Juniper EP l’année dernière, wahou !), mais là il n’est pas loin du sommet de son art. Des intrus sombres ou bondissantes, théâtrales ou martiales, riches d’une intensité époustouflante, déjà rien qu’avec ça on pourrait être comblé ! Cerise sur le gâteau, il y a le flow de Vas en clone de Method Man, un flow unique, un peu ragga, très technique, athlétique et lourd en même temps, bourré de gimmicks barrés, le tout servi avec la voix grave et éraillée de l’emcee. Une voix qui s’est assurément teintée à trop tirer sur les sticks, les bangs, les bières et les battles… Un album de rue avec sa dose de crasse mais aussi sa dose de grâce et donc déjà un monument de l’année !




(Spoutnik)



4. Water Music - Starland


"Nous pouvions croire que l’Australien allait mieux. Que nenni. Si le prédécesseur Ships était un album de deuil - celui de sa sœur qui s’était donné la mort quelques semaines auparavant - Starland ne respire pas non plus l’optimisme. Surtout, la qualité de ces versions imaginées comme des démos ne peut qu’épater. La voix de MJ Barker semble toujours plus sur le fil et, au diable tous les clichés, une certaine assurance artistique - à défaut de la maturité constamment ressassée - lui permet d’avancer avec le peu de certitudes qu’un évident manque de confiance en soi permet néanmoins d’accumuler. On retiendra notamment Magician, potentiellement ce que l’artiste a réalisé de plus abouti, parfaite pop song à la construction labyrinthique et au caractère désarmant sans égal. Une sortie majeure de ce courant lo-fi qui voit Water Music s’affirmer comme l’héritier le plus prometteur de Mark Linkous ou Daniel Johnston."


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(Elnorton)



5. Ulrich Schnauss & Jonas Munk - Passage


Quand deux ténors spécialistes de musique étherée et spatiale se rencontrent, on peut craindre de ne pas retrouver leur patte dans un énième disque d’ambient jetable après quelques écoutes. Pour leur deuxième collaboration, Ulrich (Tangerine Dream) et Jonas (Manual) ont mis la barre bien haut en y insérant tous leurs gimmicks facilement identifiables, pour un résultat hors du temps et des modes. On y retrouve les nappes ambient et légères et les guitares cocteautwinesques de Manual, posées sur les claviers spatiaux et les rythmiques entre shoegaze et krautrock d’Ulrich Schnauss, dans de nombreuses combinaisons toujours variées et jamais ennuyeuses. On se souvient qu’il y a vingt ans, Jonas et Ulrich ont fait partie de ceux qui ont exhumé le shoegaze, l’ont secoué, l’ont rhabillé d’electro et l’ont remis sur le devant de la scène. A l’heure où Slowdive, leurs idoles, s’apprêtent à remettre le couvert de fort belle manière, la boucle est bouclée, car ils n’ont plus rien à leur envier.



(Lloyd_cf)



Un album qui divise



- The Flaming Lips - Oczy Mlody


Pour : On entend dire, partout, que ce disque ne vaut pas Yoshimi ou Embryonic. Dans le style respectif de ces deux albums, c’est certain. Mais Wayne et sa troupe n’ont cure de ce que leurs fans attendent.
Ceux qui veulent l’entendre faire de la pop peuvent toujours écouter le fort respectable album qu’il a réalisé pour Miley Cyrus (qu’on retrouve ici pour un duo d’ailleurs).
C’est donc dans un registre plus proche de The Terror, plus claustrophobique et, disons-le tout net, beaucoup moins pop, pas si barré que ça, mais résolument psychédélique, qu’ Oczy Mlody se situe. Et c’est dans ce registre qu’il excelle. Point de grande révolution, point de nouveaux sons à couper le souffle, point de songwriting audacieux mais de belles atmosphères et de belles progressions sur de très très belles chansons. Ce qui suffit largement pour faire un grand disque, à une époque où ces trois caractéristiques manquent cruellement à beaucoup de leurs contemporains.


(Lloyd_cf)


Contre : Ah ça c’est sûr que cet Oczy Mlody ne vaut pas un Yoshimi ni un Embryonic  ! Mais autant dire que ce n’est pas ce qu’on leur demandait : un peu de bon goût tout du moins... Ce que semblaient annoncer les deux premiers morceaux, dont un How ? magistral et une volonté manifeste d’exhumer les aspirations psychédéliques. Mais à trop verser dans la surenchère d’effets de voix et d’arrangements kitsch, c’est plutôt du côté de l’ennui au musée que du monument enflammé qu’on se retrouve. Un album mi-figue mi-raisin, et c’est surtout pas très jus de raisin.


(Riton)



Notre EP du mois



- LeVant - UnFinetude


"Les quelques apparitions spectrales de Cristina Padurariu ajoutent à l’esprit apocalyptique de cet EP. En seulement trois titres, le Roumain George D. Stanciulescu mêle IDM et techno en utilisant un éventail extrêmement large de sonorités synthétiques, parfois syncopées mais toujours radicales et sombres. Et si les digressions IDM se centrent autour de souffles bruitistes et de percussions industrielles (Monad), il tord le cou à la monotonie sur un Touch dont les synthés analogiques introductifs semblent être un hommage au versant déstructuré d’Aphex Twin avant d’intégrer des éléments sonores presque balkaniques. Il ne s’agit là que d’une parenthèse avant un retour à des horizons froids et délibérément dystopiques."


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(Elnorton)



Notre beat tape du mois



- SonoTWS - Street Talk


"On l’avait découvert l’an dernier via les très chouettes beat tapes Sentimentos et Flores. En ce mois de janvier, SonoTWS remettait le couvert à coups de vieux samplers Akai et SP-303 et de drum machine SP-12 pour insuffler un peu de chaleur brésilienne, de magie surannée et de mélancolie débonnaire dans nos oreilles congelées. Cette première sortie de la toute jeune structure locale Tired of People consacrée au hip-hop instrumental brésilien, fait ainsi la part belle aux arrangements et samples soul vintage presque féériques d’un côté (Primeiro Encontro, ou le merveilleux Lembranças) et au minimalisme jazz-hip-hop de l’autre (Wha’ppen ?, S-S-S-STYLE tout saxo dehors, Latex et sa contrebasse bien groovesque ou So’ul Dope qui évoque les débuts de Gang Starr) sur des instrus très courts entre 1 et 2 minutes, où le mariage de beats boom bap et de boucles de piano jazz se suffit de plus en plus à lui-même comme sur le virevoltant Olhares, le pensif Alta Performance ou le plus texturé et juste parfait Lateral (Ode to T.W.S.)."


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(Rabbit)



Le choix des rédacteurs



- Elnorton :

1. Water Music - Starland
2. Aidan Baker w/ Claire Brentnall - Delirious Things
3. The Flaming Lips - Oczy Mlody
4. Max Richter - Three Worlds : Music From Woolf Works
5. Ty Segall - Ty Segall

- Lloyd_cf :

1. The Flaming Lips - Oczy Mlody
2. Ulrich Schnauss & Jonas Munk - Passage
3. Sophie Barker - Break the Habit
4. Alison Crutchfield - Tourist in This Town
5. Aidan Baker w/ Claire Brentnall - Delirious Things

- Rabbit :

1. Andrea Belfi - Alveare
2. Vas x Ill Clinton - V for Vigoda
3. Aidan Baker w/ Claire Brentnall - Delirious Things
4. Tenshun & Bonzo - Split Mutilation
5. Ulrich Schnauss & Jonas Munk - Passage

- Riton :

1. Aidan Baker w/ Claire Brentnall - Delirious Things
2. Max Richter - Three Worlds : Music From Woolf Works
3. Vas x Ill Clinton - V for Vigoda
4. LPF12 - Missiles
5. Joan of Arc - He’s Got The Whole This Land Is Your Land In His Hands

- Spoutnik :

1. Vas x Ill Clinton - V for Vigoda
2. bedwetter - volume 1 : flick your tongue against your teeth and describe the present.
3. Pruven - Reach Surroundings
4. Uncommon Nasa – Mink Swimming Pools
5. Elucid - Valley Of Grace

- Spydermonkey :

1. Max Richter - Three Worlds : Music From Woolf Works
2. Water Music - Starland
3. Aidan Baker w/ Claire Brentnall - Delirious Things
4. The Flaming Lips - Oczy Mlody
5. Daniel W J Mackenzie - Every Time Feels Like the Last Time